N’allez surtout pas croire le président des opérations hockey chez les Oilers d’Edmonton, Jeff Jackson, lorsqu’il affirme ne pas avoir consulté Connor McDavid avant de changer d’entraîneur.

Les organisations consultent toujours leur noyau de leaders avant de prendre une décision aussi importante, question de tâter le pouls du vestiaire. À plus forte raison quand votre vedette, qui touche 12,5 millions par année, est l’ancien client d’un agent de joueurs devenu président de l’équipe et que le nouvel entraîneur a dirigé la vedette en question pendant trois ans dans les rangs juniors.

D’ailleurs le directeur général des Oilers, Ken Holland, a fait mal paraître son président sans le vouloir en affirmant le contraire : il avait bel et bien sondé ses leaders avant de trancher…

Le geste de Jackson est noble. Il veut éviter à McDavid l’odieux dans cette histoire. Et la succession d’évènements, dimanche, donne l’impression qu’on se soumet aux quatre volontés d’une vedette. La réalité est plus subtile.

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Connor McDavid

Kris Knoblauch ne sort pas de nulle part non plus. Il a dirigé un club junior pendant sept ans, à Kootenay et Erie, où il a remporté le championnat avec McDavid, œuvré comme entraîneur adjoint des Flyers de Philadelphie durant sept ans et dirigé le club-école des Rangers de New York dans la Ligue américaine lors des quatre dernières saisons.

Et le départ de Jay Woodcroft n’a rien n’une mutinerie injustifiée non plus. L’entraîneur déchu est responsable de son malheur. Il a choisi de transformer le système de jeu défensif des Oilers en imitant le modèle des Bruins de Boston après deux saisons pourtant réussies. Catastrophe. Edmonton se retrouve avec une fiche de 3-9-1 au 31e rang du classement général.

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L’entraîneur déchu Jay Woodcroft

Les Oilers ont l’une des pires défenses de la LNH avec une moyenne de 3,92 buts accordés par rencontre, l’un des pires taux de succès en infériorité numérique à 70 % et en plus. McDavid et l’attaque des Oilers vivent une panne inquiétante. McDavid a un point à ses cinq derniers matchs, du jamais vu, et les Oilers se classent au 26e rang au chapitre offensif.

Des reproches à Ken Holland

Ken Holland n’a pas évité les critiques ces derniers jours. Son inaptitude à trouver un gardien potable vient en tête de liste, suivie de son travail pour bâtir une défense de premier plan.

Le contrat de 25 millions pour cinq ans offert au gardien Jack Campbell n’était pas génial, il faut l’avouer. Campbell a été rétrogradé à la Ligue américaine récemment à la suite de performances médiocres depuis son arrivée en octobre 2023. Le jeune Stuart Skinner connaît un départ difficile après une saison remplie de promesse l’an dernier.

Mais les Oilers ne viennent-ils pas de connaître des saisons de 104 et 100 points malgré l’absence d’un gardien de premier plan ? N’ont-ils pas atteint le carré d’as en 2022 ? N’ont-ils pas remporté un tour éliminatoire le printemps dernier avant de s’incliner en six matchs devant les éventuels gagnants de la Coupe Stanley, les Golden Knights de Vegas ? Ne venaient-ils pas au 17e rang l’an dernier au chapitre des buts accordés ? La défense est-elle aussi mauvaise avec un top 4 constitué de Mattias Ekholm, Darnell Nurse, Evan Bouchard et Cody Ceci ?

Les Oilers sont déjà à huit points de la dernière place donnant accès aux séries. Voyons si Knoblauch, et sa main de fer dans un gant de velours, dit-on de lui, redressera le navire et donnera raison aux patrons des Oilers. Mais il risque de manquer de temps.

*Pour en savoir plus sur Kris Knoblauch et ses années à Erie, ce texte sur NHL.com où l’on cite l’ancien directeur général des Otters, Sherry Bassin.

Le renforcement positif du CH

Juraj Slafkovsky a la chance de compter sur de grands pédagogues à Montréal. Un entraîneur taciturne et moins habile socialement pourrait détruire le moral d’un jeune dont la fiche montre seulement deux points en 15 matchs.

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Juraj Slafkovsky

Martin St-Louis et son personnel préfèrent user de renforcer positif. « C’est quand les entraîneurs me disent : “ tu n’as pas beaucoup de points, mais tu fais les bonnes choses ”. Ça m’aide à se sentir mieux quand il te manque la chose la plus importante, les points. Les entraîneurs essaient de me soutenir et ça aide beaucoup », confiait Slafkovsky après le match de dimanche, dans le texte d’analyse du collègue Guillaume Lefrançois.

Slafkovsky a sans doute aussi reçu du renforcement positif après une première période brouillonne, où il a jonglé quelques fois avec la rondelle en position de marquer, avant de se ressaisir dans les deux périodes suivantes au point d’obtenir une dizaine de tirs en direction du filet, de se retrouver sur la glace dans les derniers instants de la rencontre et d’être choisi la troisième étoile du match. Ce garçon est entre bonnes mains.

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3. L’équipe canadienne de tennis féminin vient de remporter le titre mondial pour la première fois de son histoire, grâce entre autres aux performances de Leylah Annie Fernandez. Katherine Harvey-Pinard a sondé l’un des bâtisseurs de cette puissance, Sylvain Bruneau. Le texte est ici.