Presque quatre semaines de camp d’entraînement, ça peut sembler long pour évaluer 31 joueuses, dont 25 seront retenues.

Or, quand on se rappelle que l’équipe à réunir sera formée de joueuses issues de trois pays, que les professionnelles arrivent de deux ligues différentes et que six athlètes sortent à peine des rangs universitaires, le temps devient soudain un luxe. Et il ne semble plus si abondant.

Kori Cheverie est pleinement consciente du travail qui l’attend au cours des prochaines semaines. L’entraîneuse-chef de l’équipe montréalaise de la Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF) arrive donc préparée presque à l’extrême. Avec des « plans A et B », et probablement d’autres identifiés par les 24 lettres restantes de l’alphabet.

Les listes des équipes de la LPHF ont été réunies à grande vitesse. L’annonce de l’identité des dirigeants des équipes, la signature des joueuses autonomes et le repêchage ont eu lieu dans une fenêtre de trois semaines. Quelques athlètes additionnelles ont été invitées au camp. Et les voilà toutes réunies, depuis mercredi matin, à l’Auditorium de Verdun.

« Il y a certaines joueuses qu’on n’avait jamais vues en personne », a confirmé Kori Cheverie pendant une courte entrevue avec La Presse, en marge d’une conférence de presse à l’occasion du début du camp d’entraînement.

« Plus de temps on a, mieux on peut définir la formation de la manière la plus précise possible, a-t-elle poursuivi. Les joueuses arrivent de niveaux différents, alors il y aura une mise à niveau à faire. »

On jonglera donc entre des séances avec des groupes élargis ou réduits, souvent à haute intensité. Des matchs simulés s’inséreront entre les entraînements. « On veut être le plus créatifs possible, a renchéri Cheverie. On veut que tout soit en place pour connaître du succès. »

L’effet de nouveauté est réel pour toutes les joueuses, sans discrimination. Fraîchement diplômée de l’Université Northeastern, la défenseure Maude Poulin-Labelle s’est dite habitée d’un « bon stress » à l’idée de se mesurer à des joueuses plus âgées qu’elle. « Je ne sais pas trop où je vais me situer dans l’équipe, a-t-elle raconté. J’ai hâte de voir ça. Il va y avoir de la compétition, mais c’est ce qui rend une équipe meilleure. »

« Je n’ai encore jamais vécu ça ! », a abondé Laura Stacey.

À 29 ans, la double médaillée olympique a déjà traversé son lot d’expériences stimulantes au cours de sa carrière. « Je suis survoltée ! », a-t-elle pourtant lancé, mercredi matin, au milieu d’un flot étourdissant de paroles.

« Le casse-tête à assembler n’est pas facile, a-t-elle averti. On pourra prendre notre temps, mais il y a beaucoup à faire. »

Du temps, en somme, il y en a… mais pas tant que ça.

Culture et attaque

Le mot « culture » est très (très, très, très) à la mode dans le milieu sportif.

L’équipe montréalaise de la LPHF n’échappe pas à la tendance. Le terme est omniprésent dans le discours des joueuses et de la direction. Et pour cause. C’est une chose d’évaluer une trentaine de hockeyeuses sur la glace. C’en est une autre de constituer une équipe, soudée, qui passera la saison ensemble.

« On veut créer notre identité », confirme Kori Cheverie.

Laura Stacey, qui a fait de Montréal sa ville d’adoption, se donne la responsabilité d’accueillir ses futures coéquipières et d’installer un mantra qui lui tient à cœur, inspiré de l’équipe nationale, dont elle fait partie.

« Que tu sortes de l’université ou que tu joues depuis des années, peu importe ta provenance ou ta place dans la formation, il faut que tu sois toi-même, résume-t-elle. Tout le monde, dans le vestiaire, sera là pour une raison. Chaque personne doit avoir l’occasion d’être à son meilleur.

« Si je peux apporter quelque chose, c’est ça. Je pense que je peux avoir un impact positif ; c’est ce que je désirais en signant [mon contrat] ici. »

Son impact ira bien sûr plus loin, alors que cette native de l’Ontario sera l’une des attaquantes les plus en vue de l’équipe, voire de la ligue.

D’ailleurs, il n’y a pas de secret du côté de la direction : l’équipe de Montréal sera résolument portée vers l’attaque. Parmi les joueuses présentes au camp d’entraînement, on retrouve trois des cinq meilleures pointeuses de la dernière saison de l’Association des joueuses professionnelles (PWHPA), et trois des neuf meilleures de la défunte PHF.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Marie-Philip Poulin

Même en défense, dont l’escouade sera menée par la vétérane Erin Ambrose, on mise sur des spécialistes de la relance et du soutien offensif.

« On est très à l’aise avec notre effectif en défense, mais marquer des buts, ça ne s’enseigne pas, souligne Kori Cheverie. C’est l’identité qu’on croit avoir. Ça peut bien sûr changer, mais pour l’instant, oui, on pense beaucoup à l’offensive. »

On ajoutera que de compter sur Marie-Philip Poulin comme principale joueuse de concession, ce n’est pas une mauvaise base pour marquer des buts.

Le camp décortiqué

Deux semaines à Montréal

Une fois les tests médicaux et physiques bouclés, toutes les équipes sauteront sur la glace d’ici le week-end et y passeront un peu plus de deux semaines. Chaque club devra réduire sa formation à 27 joueuses d’ici le 29 novembre.

Joueuses autonomes : première « fenêtre »

Du 30 novembre au 2 décembre s’ouvrira la « première fenêtre » pour les joueuses autonomes. Toutes les joueuses victimes du couperet dans leur équipe d’origine pourront offrir leurs services à toutes les autres formations.

Direction Utica

Du 3 au 7 décembre, les six équipes et leurs joueuses se rendront à Utica, dans l’État de New York, afin d’y tenir un « camp d’évaluation ». Celui-ci prendra la forme d’un mini-tournoi au cours duquel tous les clubs disputeront trois matchs hors concours. Montréal affrontera alors ses adversaires de New York, de Boston et du Minnesota.

Deuxième « fenêtre »

Du 8 au 10 décembre s’ouvrira une deuxième « fenêtre » pour les joueuses autonomes. Il s’agira de la dernière chance pour les équipes d’embaucher des joueuses récemment libérées, ou carrément d’en recruter de nouvelles qui n’ont pas été repêchées ou qui n’ont pas participé à un camp d’entraînement. À la suite de cette dernière étape, les équipes devront rendre leur formation finale de 23 joueuses et 2 réservistes. La saison commencera au début du mois de janvier.