Année après année, dans tous les sports d’équipe, à l’aube du camp d’entraînement, on se demande invariablement combien de recrues réussiront à se tailler une place.

Quand une franchise doit être construite de A à Z, la question se pose différemment. Au camp de l’équipe montréalaise de la Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF), par exemple, on retrouve 7 joueuses, sur un total de 31, qui évoluaient dans les rangs universitaires la saison dernière. On peut donc présumer que quelques-unes d’entre elles seront en uniforme lors du match inaugural du 2 janvier prochain. C’est plutôt leur place dans la formation principale qui devient un fort point d’intérêt.

Entre ici en scène Maureen Murphy. À l’entraînement, mardi, sur la glace de l’Auditorium de Verdun, elle évoluait sur le même trio que Marie-Philip Poulin. Ce qui, pouvons-nous avancer sans créer la controverse, n’est pas la pire des affectations.

La petite attaquante américaine de 5 pi 4 po sort d’une carrière remarquable dans la NCAA, divisée entre Providence College et l’Université Northeastern. En 2022-2023, elle a fait partie de la liste des 10 athlètes nommées pour le prix Patty-Kazmaier récompensant la joueuse par excellence du circuit universitaire américain.

En septembre dernier, l’équipe de Montréal en a fait son choix de troisième tour au repêchage de la LPHF, après Erin Ambrose et Kristin O’Neill, toutes deux membres de l’équipe nationale canadienne.

Même si elle n’a pas encore officiellement de contrat en poche, elle est clairement en position de décrocher un poste d’importance de l’attaque de son équipe.

Bien qu’elle soit notamment reconnue pour sa capacité à créer des jeux et à récupérer des rondelles, les attentes à son endroit lui ont été exprimées clairement : marquer des buts. Ce n’est pas une grande surprise quand on sait qu’elle en a inscrit 50 en 70 matchs à ses deux dernières saisons à Northeastern, mais cela témoigne surtout de la confiance que l’organisation place en l’une des plus jeunes joueuses du camp.

« On me demande d’être une tireuse, mais honnêtement, je serais contente dans tous les rôles ; si Kori [Cheverie, entraîneuse-chef] me demande de remplir les bouteilles d’eau, je vais le faire ! », s’est exclamée Murphy en riant, mardi.

Cheverie, justement, a décrit l’attaquante comme une joueuse créative et rapide, bien servie par « ses mains et son tir ». « Elle est jeune, elle a la chance d’apprendre de joueuses plus expérimentées. Nous sommes satisfaits de sa progression jusqu’ici. »

« C’est une joueuse super travaillante, qui va donner son 100 % dans toutes les situations », a souligné Maude Poulin-Labelle, ex-coéquipière à Northeastern qui lutte elle aussi pour un poste à Montréal.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Maude Poulin-Labelle

« C’est une joueuse complète : c’est pour ça qu’elle a connu du succès dans la NCAA et qu’elle a été repêchée aussi tôt, a poursuivi la Québécoise. Elle a le talent et les habiletés, mais aussi toute une éthique de travail. »

À propos de l’occasion qui se présente à elle de se retrouver sur un trio au côté de Poulin et de la Tchèque Tereza Vasinova, Murphy a avoué qu’elle devait « patiner très vite pour les suivre », mais qu’elle ne pourrait « être plus reconnaissante » de ce qui lui arrive.

Préparée

Quelques minutes après avoir été sélectionnée par l’équipe de Montréal, à la mi-septembre, Maureen Murphy avait confié à La Presse être un peu sous le choc à l’idée de s’expatrier, elle qui était établie à Boston depuis plusieurs années et qui n’aurait pas détesté y faire ses débuts professionnels.

De Montréal, elle ne savait virtuellement rien. Les seules personnes qu’elle connaissait étaient Jordan Harris et sa copine Codie, deux anciens de Northeastern.

Deux mois plus tard, la voilà qui raconte avec enthousiasme à quel point son intégration à un nouveau groupe, dans une nouvelle ville, se déroule harmonieusement. Ses coéquipières Marie-Philip Poulin et Laura Stacey sont allées jeter un œil à son futur appartement avant qu’elle n’y emménage, ce qui en dit long sur le niveau de proximité que les vétéranes veulent installer entre les joueuses de cette équipe à bâtir.

« C’est assez incroyable, a repris la jeune femme de 23 ans. Elles ont pris soin de moi comme personne, pas juste comme joueuse. Je suis reconnaissante envers toutes les filles [de l’équipe] et tout le personnel. Tout le monde m’aide… surtout avec le français ! »

Sur la glace, la transition n’a pas été trop ardue, selon elle. La saison dernière, Murphy a disputé quelques matchs avec la formation américaine dans le cadre de la Série de la rivalité, et elle s’est entraînée avec certaines de ses joueuses avant que s’amorce le camp à Montréal.

Se mesurer à des joueuses plus vieilles lui demandera « évidemment » un ajustement, mais elle ne se sent pas en retard sur le plan de la préparation, a-t-elle assuré.

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L’équipe montréalaise de la LPHF à l’entraînement

De fait, la situation des recrues au hockey féminin diffère de celle de leurs homologues masculins. Puisqu’elles terminent généralement leur formation scolaire en entier, les joueuses arrivent donc plus vieilles au niveau professionnel ; à 23 ou 24 ans, plutôt qu’à 19 ou 20 ans.

« Ces années à l’université permettent de se développer comme joueuse, mais aussi de grandir comme personne, confirme Erin Ambrose, l’une des doyennes de l’équipe. Ça confère une meilleure position pour connaître du succès. »

« Ça nous donne la chance de gagner en maturité, abonde la gardienne Ann-Renée Desbiens. Toutes les filles ici ont déjà habité seules, ont déjà déménagé. Ça rend tout plus facile. Mes années à l’université ont été parmi les meilleures de ma vie et m’ont bien préparée pour ce qui s’en venait. »

C’est justement ce qui émane de Maureen Murphy : une joueuse en pleine confiance, prête pour la prochaine étape de sa carrière. Pour l’heure, ça passera par Montréal et non par Boston. À cette franc-tireuse de trouver ses aises, on se doute qu’elle ne s’en plaindra pas.

Enfin un calendrier (ou presque)

La LPHF a enfin dévoilé une première portion de son calendrier, mardi. Une toute petite portion, en fait, mais c’est déjà plus que la veille. On a ainsi appris que la rencontre inaugurale de la ligue aurait lieu le 1er janvier prochain avec la visite de New York à Toronto, et que la formation montréalaise ferait ses débuts le lendemain à Ottawa. L’équipe de la directrice générale Danièle Sauvageau se rendra ensuite au Minnesota le 6 janvier avant de disputer son premier match à domicile le 13 janvier contre Boston. On ne sait pas encore à quel moment le reste du calendrier de 24 matchs par équipe sera dévoilé, pas davantage quand ou comment les billets seront mis en vente. Apprendre à quel moment s’amorcera la saison donne toutefois aux joueuses le sentiment que « tout devient un peu plus vrai », dixit Maude Poulin-Labelle.

Erin Ambrose sur patins

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Erin Ambrose

Après s’être blessée au « bas du corps » il y a deux semaines pendant un match de la Série de la rivalité, la défenseure Erin Ambrose a enfilé ses patins pour les deux premières fois, lundi et mardi, pour des exercices à faible intensité. À la voir sur la glace, on avancera que son retour au jeu n’est pas imminent. Aux journalistes sur place, elle n’a pas voulu confirmer si elle accompagnera ou non son équipe à Utica, dans l’État de New York, où les six clubs de la ligue se rendront la semaine prochaine pour un mini-tournoi présaison. Ambrose estime toutefois qu’elle sera en mesure de disputer le match du 2 janvier à Ottawa.

Premières coupes

Comme les autres équipes du circuit, le club montréalais devra réduire sa formation de 31 à 27 joueuses ce mercredi. Une courte période de ballottage permettra ensuite à tous les DG d’inviter des joueuses libérées par leur équipe initiale, et ce, en vue du mini-tournoi d’Utica. Les formations finales de 23 joueuses et deux réservistes devront être déterminées au plus tard le 11 décembre. À Montréal, on peut s’attendre à ce que les coupes concernent principalement, voire exclusivement, les attaquantes et les gardiennes, puisque seulement huit défenseures ont été invitées au camp d’entraînement et que, parmi celles-ci, Erin Ambrose n’a pas encore patiné avec le groupe principal.