Notre premier réflexe serait de croire que le Canadien a régressé par rapport à l’an dernier. Au quart de saison en 2022, Montréal avait une fiche de 11-9-1 pour 23 points. L’équipe affiche un rendement de 9-10-2, pour 20 points, après 21 rencontres cette saison.

Les données sont néanmoins un peu faussées par les blessures. Les joueurs n’avaient pas encore commencé à emplir l’infirmerie au quart de saison l’an dernier. Mike Matheson a évidemment raté les 17 premiers matchs de la saison. Sinon, seuls Jonathan Drouin et Joel Armia, deux attaquants plus marginaux, manquaient à l’appel après une vingtaine de matchs.

Sean Monahan était tombé au combat au 21e match justement. David Savard, Brendan Gallagher et Mike Matheson, à nouveau, allaient suivre en décembre.

Ces pertes ont provoqué une affreuse séquence d’une seule victoire en onze rencontres entre le 14 décembre et le 5 janvier. Il y a eu deux autres séquences difficiles au cours de l’hiver, avec un thérapeute sportif au bord du burnout : une seule victoire en dix matchs entre le 25 février et le 18 mars et une victoire en dix rencontres pour conclure la saison entre le 28 mars et le 13 avril.

Cette saison, la perte de Kirby Dach dès la deuxième rencontre a fait mal. Sa fin de saison précédente, 15 points en 21 matchs, temps d’utilisation souvent supérieur à 22 minutes par rencontre, ne constituait pas une illusion. Dach avait connu un fort camp d’entraînement et ne souffrait d’aucun complexe par rapport à Nick Suzuki.

Le CH montrait une fiche de 3-1-1 au moment où David Savard, le deuxième défenseur du club, s’est fracturé la main. Le calcul est plutôt simple : Montréal a un dossier de 6-9-1 depuis son absence. Kaiden Guhle a aussi eu à s’absenter le temps de quatre parties au cours de cette séquence.

Christian Dvorak est revenu au jeu lors du dixième match. Sans être transcendant offensivement, il amène une stabilité certaine au deuxième trio, entre Juraj Slafkovsky et Cole Caufield.

Jordan Harris et Arber Xhekaj ont subi des blessures à leur tour récemment. Il manque donc au Canadien trois défenseurs réguliers. La troisième paire est constituée de deux joueurs rappelés du Rocket de Laval, Gustav Lindström et Jayden Struble.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Arber Xhekaj

Johnathan Kovacevic est appelé à jouer un peu trop souvent au sein d’une deuxième paire et Justin Barron, rayé de la formation en début de saison, se retrouve désormais propulsé au sein de la première paire. Il a même joué 25 minutes à San Jose, son cinquième match consécutif de plus de 20 minutes.

Dans les circonstances, l’équipe de Martin St-Louis ne s’en tire pas trop mal. Mais le Canadien demeure une équipe à sa deuxième année de reconstruction envers laquelle les attentes, même de la part de la direction, sont modestes.

Qu’il affiche un taux de victoires supérieur à celui des Sénateurs et se maintienne à seulement trois points de la dernière place donnant accès aux séries a même de quoi étonner.

Mais ne nous mettons pas la tête dans le sable non plus. La progression reste modeste. Malgré ses 17 points en 21 matchs, Caufield n’est plus que l’ombre de l’attaquant qui a marqué 26 buts, dont 19 à égalité numérique, en 46 rencontres l’an dernier.

Un peu trop souvent en périphérie, moins apte à trouver l’espace libre à cinq contre cinq, il a marqué quatre de ses six buts en prolongation ou en supériorité numérique. La majorité de ses onze passes ne sont pas des primaires.

À 24 ans, Nick Suzuki demeure un centre semblable à celui des dernières années, ce qui est loin d’être à dédaigner, mais a-t-il atteint son plafond ? Mike Matheson produit encore à un rythme impressionnant. Ses 15 points en 21 matchs le placent dans le top 20 des compteurs chez les défenseurs de la LNH, mais il est beaucoup plus vulnérable défensivement que l’an dernier.

PHOTO CHRISTINNE MUSCHI, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Cole Caufield et Nick Suzuki

Obtenu pour les 31e et 37e choix au total en 2023, Alex Newhook vient au quatrième rang des compteurs chez les attaquants de l’équipe avec 12 points en 21 matchs. Il semble désormais destiné à l’aile. À 22 ans, il lui restera à prouver s’il deviendra un attaquant de premier plan ou complémentaire. Josh Anderson ? Nous sommes à court d’explication pour justifier ses deux aides en 21 matchs. N’a-t-il pas déjà marqué 27 buts dans la Ligue nationale ?

Parmi les aspects plus positifs, notons le rendement de Kaiden Guhle, à seulement 21 ans. Ce garçon a l’étoffe d’un défenseur numéro un. Son gabarit, sa robustesse, sa mobilité et son sens de l’anticipation lui permettent d’affronter les meilleurs trios adverses. Il a amassé sept points en 17 matchs sans jamais participer aux supériorités numériques. Il excelle en jeu de transition. Vous avez peut-être sous les yeux le joueur le plus important des prochaines années.

Juraj Slafkovsky, 19 ans, montre une progression marquée depuis quelques matchs. Beaucoup plus impliqué, nettement meilleur dans ses récupérations de rondelle le long des rampes, meilleures décisions en possession de la pièce de caoutchouc et quatre points à ses six dernières parties. Seul Alex Newhook en a amassé davantage, cinq. Imaginez Slafkovsky, du haut de ses 6 pieds 4 pouces et 240 livres, en séries dans quelques années, à 23, 24 ans…

Samuel Montembeault, le prochain partant, mercredi à Columbus, solidifie lentement, mais sûrement, son statut de numéro un. Il a accordé trois buts ou moins dans six de ses neuf départs. Sa moyenne de buts alloués de 2,81 par match est nettement supérieure à celle de l’an dernier, à 3,42. Il a aussi fait passer son taux d’arrêts de .901 à .908. Un nouveau contrat bientôt ?

La citation du jour

Nous n’étions pas prêts à jouer, et c’est de ma faute.

D. J. Smith, entraîneur en chef des Sénateurs

Quelle déclaration difficile à interpréter de la part de l’entraîneur en chef des Sénateurs, D. J. Smith, à la suite de cette autre défaite d’Ottawa, 5-0, lundi soir aux mains des Panthers de la Floride. Aveux d’impuissance ?

PHOTO HENRIK MONTGOMERY, AGENCE FRANCE-PRESSE

D. J. Smith

Les Sénateurs ont entrepris leur reconstruction en 2018. Smith est en poste depuis 2019. Le directeur général Pierre Dorion, congédié ces dernières semaines, espérait des résultats à compter de la saison 2021-2022. Mais Ottawa n’a pas franchi le 11e rang dans l’Association de l’Est depuis 2017.

Même si leur jeune noyau vieillit, les Sénateurs croupissent toujours au dernier rang de la section Atlantique avec une fiche de 8-9. Sans avoir repêché au premier tour depuis 2021 et amputé d’un premier choix lors des trois prochaines cuvées.