Si les joueurs de la LNH hésitent encore à adopter le protège-cou, les meilleurs d’entre eux n’auront plus le choix de s’y plier s’ils participent au Championnat du monde ou aux Jeux olympiques.

La Fédération internationale de hockey sur glace (FIHG) a annoncé lundi que le port de cette pièce d’équipement serait rendu obligatoire dans toutes les compétitions sous sa gouverne, chez les hommes comme chez les femmes, sans égard au groupe d’âge. La date d’entrée en vigueur de cette règle dans les catégories seniors sera déterminée en fonction des capacités d’approvisionnement des fabricants.

Le monde du hockey est sous le choc depuis qu’Adam Johnson, ancien attaquant de l’organisation des Penguins de Pittsburgh, est mort à la fin du mois d’octobre après avoir eu la gorge tranchée par un patin au cours d’un match en Angleterre. L’Américain est demeuré conscient après l’accident et a pu être évacué de la patinoire, mais il a rendu son dernier souffle quelques heures plus tard à l’hôpital.

Rapidement, des joueurs professionnels ont commencé à porter un protège-cou, d’abord dans la Ligue américaine et, dans une moindre mesure, dans la LNH. Au Canada, les jeunes patineurs sont forcés de le porter au hockey mineur, alors qu’il n’est pas obligatoire aux États-Unis.

Certains circuits ont aussi pris les grands moyens. Par exemple, la Ligue de hockey de l’Ouest l’a rendu obligatoire au début du mois de novembre, emboîtant le pas à la Ligue junior de l’Ontario et à la LHJMQ.

Quant à la FIHG, elle l’imposait déjà dans les catégories U18 et U20. Il n’y aura désormais plus d’exception. Cette décision fait suite à une recommandation de son comité médical, a écrit l’organisation dans un communiqué, lundi.

« Naturel »

Dans la LNH, le protège-cou demeure marginal. Chez le Canadien, par exemple, seul Jayden Struble le porte à temps plein. Certains de ses coéquipiers, dont Brendan Gallagher et Michael Pezzetta, l’ont testé à l’entraînement.

Chez le Kraken de Seattle, club visiteur au Centre Bell lundi, Yanni Gourde fait partie de ceux qui l’ont adopté. « Je n’avais pas porté ça depuis 10 ans, peut-être, a-t-il dit aux journalistes. Je trouvais ça chaud au début. Mais on a trouvé une façon de l’attacher à mes épaulettes pour que ça respire mieux. »

PHOTO CHRIS YOUNG, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Chez le Kraken de Seattle, Yanni Gourde (à droite) fait partie de ceux qui ont adopté le protège-cou.

Son coéquipier Pierre-Édouard Bellemare ne l’a pas encore imité, mais ça ne saurait tarder. Il n’est pas convaincu par le modèle que porte Gourde. « Il n’y en a pas un sur le marché qui protège bien, mais dès que ça sortira, j’en aurai un, c’est sûr. »

Le Français de 38 ans parle d’expérience. Avant d’accéder à la LNH, il a disputé huit saisons en Suède, pays où le protège-cou est obligatoire depuis des décennies, soit depuis qu’un joueur est mort en 1996, lui aussi la gorge lacérée.

« Quand j’ai commencé à jouer dans la LNH [en 2014], ça rigolait encore avec Tomas Plekanec et son col roulé, a poursuivi le loquace attaquant. Mais aujourd’hui, plus personne ne rigole avec le protège-cou. Si ça peut aider à rendre ça naturel pour nos enfants, pourquoi pas ? »

Je n’ai jamais eu l’idée de faire une blague là-dessus en Suède. Ça peut sauver une vie.

Pierre-Édouard Bellemare

À ses yeux, toutefois, il n’y a pas lieu d’imposer cette pièce aux joueurs de façon unilatérale. Il estime plutôt qu’une introduction « graduelle » ferait en sorte que les prochaines générations ne se posent plus la question.

« Je ne pense pas que les jeunes joueurs penseraient aujourd’hui à jouer sans visière, a-t-il illustré. À une autre époque, c’était le casque. Ce sont toutes des choses qui sont faites pour nous protéger. Si j’ai la chance d’influencer un enfant en mettant mon protège-cou, je vais le porter dès que possible. »

À la suite de la mort d’Adam Johnson, les joueurs du Canadien s’étaient dits ébranlés par l’accident, mais peu d’entre eux avaient manifesté un réel désir de changer leur niveau de protection.