En fin de soirée, avec la victoire qui ne tenait plus qu’à un fil, des partisans du Canadien se sont mis à scander le nom de Samuel Montembeault aux quatre coins du Centre Bell.

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Par ici, il y a toujours eu beaucoup d’amour pour un gardien, même si ça peut parfois virer au vinaigre un petit peu, comme Carey Price pourrait certes en témoigner. Mais en ce petit lundi soir au Centre Bell, il n’y en avait que pour Montembeault, auteur de 32 arrêts, la plupart très difficiles, comme celui sur Alex Wennberg avec un bout de jambière.

Si le Canadien a pu battre ce Kraken tenace par la marque de 4-2, dont un but de Josh Anderson dans un filet vide à la fin, c’est pas mal grâce au type devant le filet.

« Les gars ont vraiment connu un bon début de match, alors je voulais amorcer la soirée en force, moi aussi, a tenu à dire Montembeault avec la modestie qu’on lui connaît. On a eu quelques problèmes dernièrement avec les débuts de match, et je voulais être solide en partant. Les gars m’ont permis de voir les rondelles arriver, c’est sûr que ça aide. »

PHOTO GRAHAM HUGHES, LA PRESSE CANADIENNE

Kaiden Guhle, Brandon Tanev et Samuel Montembeault

Ce qui aide aussi, dans la LNH en tout cas, c’est de pouvoir miser sur un véritable gardien numéro un, et Montembeault, nouveau contrat en poche, est en train de devenir ce gars-là chez le Canadien.

Un jour, d’ailleurs, peut-être pas aujourd’hui, mais un jour, les patrons de cette équipe devront bien se demander pourquoi il ne joue pas plus souvent, lui qui est manifestement le meilleur des trois hommes masqués devant ce filet depuis le début de la saison.

Ce que l’on remarque aussi, de plus en plus, c’est que le reste du club semble en confiance quand c’est lui qui est d’office.

« On sait qu’il va faire les arrêts qu’il doit faire, a noté l’attaquant Jake Evans en fin de soirée. On sait qu’on a ce type de gardien, et ça donne de la confiance, ça permet de jouer avec calme dans notre territoire. On sait qu’on a une chance quand il est devant le but. »

Alors voilà qui résume tout, et pour le bien d’un peu tout le monde, il faudrait que cette rotation à trois finisse par finir. Dans les rangs atomes, c’est bien de donner la chance à tout le monde, mais dans la Ligue nationale, d’ordinaire, ça va au mérite.

Et si quelqu’un mérite le filet plus que les autres par ici, c’est Samuel Montembeault.

« Je me sentais bien », a-t-il ajouté, encore avec la même modestie. « En partant, avec une avance de 1-0, c’est sûr que c’est mieux que de devoir jouer du hockey de rattrapage. Ensuite, on est allés chercher deux buts, et ça m’a donné un coussin, et ça enlève de la pression, parce que tu sais que si tu fais une erreur, tu as quand même une certaine marge de manœuvre. »

Reste à voir quand Montembeault pourra avoir le bonheur de revoir le filet. Si cette rotation à trois tient toujours, son prochain départ ne serait prévu que dimanche prochain, à moins que le plan change, auquel cas personne ne pourrait s’offusquer.

En fin de soirée, Martin St-Louis a reconnu que « ça prend des arrêts pour que le club soit en contrôle ». Ce genre de chose semble arriver plus souvent quand c’est Montembeault qui est là.

Dans le détail

Enfin !

PHOTO GRAHAM HUGHES, LA PRESSE CANADIENNE

Josh Anderson (17) célèbre son premier but de la saison avec ses coéquipiers.

Avec le premier de ses deux buts, Sean Monahan a mis fin à une séquence de 14 matchs sans marquer. Tanner Pearson avait patienté encore plus longtemps : 19 matchs. Mais personne n’en a fait grand cas puisque, oui, Josh Anderson a ENFIN inscrit son premier but de la saison, à son 25match. C’était dans un filet désert, mais ça compte quand même. Ses camarades sur la glace, gardien compris, se sont rués sur lui comme s’il venait de marquer son 50e. Et les joueurs au banc se sont aussi levés d’un trait, confirmant à quel point Anderson est populaire auprès de ses coéquipiers. « C’est la raison pour laquelle on aime les sports d’équipe, a lancé le héros du jour en fin de soirée. On prend soin les uns des autres, dans ce vestiaire. J’adore jouer pour ce club. » L’attaquant n’a pas caché que certains moments ont été difficiles, au cours des dernières semaines. Récemment, il a toutefois essayé de prendre du recul. « Je me suis dit : “Tu es dans cette ligue pour une raison. Fais ce que tu sais faire, reviens à la base, et les bonnes choses vont arriver.» » Et c’est arrivé.

Slafkovsky s’éclate

PHOTO ERIC BOLTE, USA TODAY SPORTS VIA REUTERS CON

Juraj Slafkovsky (20)

Nouvelle journée, nouveau premier trio. Juraj Slafkovsky s’est vu confier la mission de compléter le duo de Nick Suzuki et Cole Caufield, lundi, après qu’une courte expérience similaire menée il y a quelques semaines se fut avérée plus ou moins concluante. Martin St-Louis avait toutefois expliqué, en matinée, que le jeu défensif du jeune homme et sa progression en zone offensive lui inspiraient confiance. Pari gagné : le Slovaque a répondu avec un très fort match, possiblement celui au cours duquel il a affiché le plus de constance cette saison. « Il a tellement fait d’actions positives sur la glace, s’est émerveillé son entraîneur. Je sais qu’il n’a pas de buts ou de points, mais si tu as regardé le match, tu as aimé sa game. La feuille de pointage ne dit pas tout. » Slafkovsky a été particulièrement visible en échec avant, utilisant à bon escient son gabarit hors norme pour récupérer et protéger la rondelle. Son entraîneur a attribué son succès à sa mobilité. « Si tu n’utilises pas tes pieds, tu ne peux pas utiliser ton gabarit », a-t-il analysé.

La pire avance

Pour la première fois de la saison, le Canadien s’est donné une priorité de trois buts, ce que scientifiques et philosophes s’entendent historiquement pour décrire comme la pire avance imaginable au hockey. Sans que ça surprenne grand monde, ce coussin a été réduit à deux, puis à un seul but, alors qu’il restait encore 15 bonnes minutes à disputer en troisième période et que le Kraken semblait avoir repris vie. Samuel Montembeault a contribué à sauvegarder la victoire, mais il faut admettre qu’il n’y est pas arrivé seul. Le trio de Jake Evans, Sean Monahan et Josh Anderson s’est vu confier des missions importantes, notamment celle de fermer les livres contre six patineurs adverses en toute fin de match – avec succès, comme on le sait. « On n’a pas joué souvent avec l’avance, récemment, a reconnu Evans. On apprend, on s’améliore et on apprend à gagner. J’espère que ce sera plus facile la prochaine fois ! »

En hausse

Sean Monahan

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Sean Monahan (91) et le gardien Philipp Grubauer

Une soirée de deux buts qui devrait lui faire le plus grand bien.

En baisse

Mike Matheson

Ce ne fut pas sa soirée : un bâton perdu lors d’une séquence qui a mené à un but adverse, et une punition qui a mené à un but adverse.

Le chiffre

2:56

Le temps pendant lequel le trio de Pearson, Dvorak et Gallagher a été pris dans sa zone en deuxième période, menant au premier but du Kraken

Avec Simon-Olivier Lorange, La Presse