Il faut attendre au moins cinq ou six ans avant de porter un jugement final sur une cuvée au repêchage, dit-on. Parfois même plus dans certains cas particuliers.

Celle de 2019 nous rappelle qu’il faut toujours attendre la date convenue à cet effet. D’ailleurs, on doit se demander si les meilleurs espoirs de ce groupe ne boivent pas de la même eau puisque plusieurs connaissent un début de saison difficile alors que leur carrière semblait prendre son envol l’an dernier.

Excluons évidemment de l’équation le premier choix au total, Jack Hughes, peut-être plus proche de Connor McDavid qu’on ne le croyait. Malgré les difficultés des Devils, Hughes a 30 points en 17 matchs depuis le début de la saison, presque deux points en moyenne par rencontre, après une production de 99 points en 78 parties l’an dernier.

Après deux saisons de 65 points ou plus (au prorata d’une année complète) avant de fêter ses 23 ans, le centre Trevor Zegras, 9e choix au total, se serait sans doute immiscé dans le top 5 si on s’était amusé à refaire le repêchage.

Les négociations de contrat ont traîné dans son cas, la direction n’a pas voulu lui faire d’offre à long terme puisqu’on entretenait encore des inquiétudes à son sujet malgré sa production offensive, puis le nouvel entraîneur Greg Cronin a sorti le fouet : Zegras a été muté à l’aile, on lui a même préféré la recrue de 18 ans Leo Carlsson au centre, et on a annoncé publiquement l’intention d’apprendre à Zegras les subtilités du jeu défensif. Zegras avait deux points en douze matchs à sa fiche lorsqu’il s’est blessé à l’aine. Son retour est prévu autour des Fêtes.

Un autre centre, Dylan Cozens, 7e choix au total, aurait peut-être hérité d’une troisième place au classement dans un repêchage reconstruit. Il était au cœur de la montée en puissance des Sabres avec une production de 68 points, dont 31 buts, en 81 matchs, le meilleur rendement des membres de sa cuvée après Jack Hughes.

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Dylan Cozens

Après avoir obtenu sept points à ses huit premières rencontres, Cozens est plongé dans une léthargie inquiétante : seulement quatre points à ses quinze rencontres suivantes, pour onze points au total et le huitième rang des compteurs chez les Sabres. La blessure à Tage Thompson lui permet de se maintenir au centre du deuxième trio, et le poste de premier centre est désormais pourvu par Casey Mittelstadt, en qui on n’espérait pourtant plus grand-chose il y a deux ans.

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Matt Boldy

L’attaquant Matt Boldy a lui aussi vécu une grande éclosion à 21 ans l’an dernier, avec 31 buts et 63 points avec le Wild du Minnesota. À 6 pieds 2 pouces et 200 livres, il constitue l’attaquant de puissance rêvé. Mais il a passé le premier quart de la saison à répondre de son improductivité aux journalistes. Il a trois buts et dix points en quinze matchs à sa fiche, et deux points en trois matchs depuis le congédiement de Dean Evason et l’arrivée du nouvel entraîneur John Hynes. Une blessure et les contre-performances collectives du Wild n’ont pas aidé.

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Kaapo Kakko

Kaapo Kakko n’a pas connu une saison productive comme Zegras, mais avec 40 points, dont 18 buts, en 82 matchs, on croyait enfin ce deuxième choix au total fort décevant à ses trois premières saisons en voie de décoller. Il est retombé à plat cette année. Il avait seulement trois points, dont deux buts, en vingt matchs à sa fiche avant de se tordre la jambe la semaine dernière. Sa saison n’est pas à l’eau, mais on ne le reverra pas de sitôt.

Ça nous amène à Cole Caufield. Vingt-six buts, dont 19 à égalité numérique, en 46 matchs l’an dernier. Il ne paraît pas mal au plan statistique cette saison avec 19 points en 24 rencontres, et le deuxième rang des compteurs de l’équipe derrière Nick Suzuki, mais il a marqué seulement sept buts, dont trois à cinq contre cinq, et plusieurs de ses aides étaient secondaires. Caufield, 15e choix au total, a un impact en supériorité numérique et en surtemps, mais il devra en faire davantage s’il ne veut pas éventuellement être considéré un spécialiste offensif.

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Cole Caufield

Parmi les autres joueurs repêchés dans le top 20 en 2019, Alex Turcotte (5e, Los Angeles), Philip Broberg (8Edmonton), Vasili Podkolzin (10e, Vancouver), Victor Soderstrom (11e, Arizona), Spencer Knight (13e, Floride), Peyton Krebs (17e, Vegas), Lassi Thomson (19e, Ottawa) et Ville Heinola (20e, Winnipeg) espèrent toujours s’accrocher à la LNH.

Kirby Dach (3e, Chicago) et Alex Newhook (16e, Colorado) étaient sur une lancée depuis leur acquisition par le Canadien, mais passeront l’hiver en réadaptation pour guérir.

Des commotions cérébrales ont retardé la progression du quatrième choix au total par l’Avalanche, le défenseur Bowen Byram. Il est enfin en santé et la blessure subie par Cale Makar lui permettra de jouer, et de s’exprimer, davantage. Il a joué 25 minutes samedi contre les Ducks et marqué deux buts. L’entraîneur Jared Bednar lui donnait rarement 20 minutes ou plus par rencontre auparavant.

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Bowen Byram

Le défenseur Cam York, repêché un rang devant Caufield, n’a eu le droit à aucune faveur de la part de son entraîneur John Tortorella à Philadelphie, il a eu à jouer dans la Ligue américaine les deux saisons précédentes. Sans constituer un maître en défense, il a de belles aptitudes offensives, joue au sein de la première paire avec Travis Sanheim et participe désormais à la première vague en supériorité numérique.

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Moritz Seider

Moritz Seider, sixième choix au total par Detroit, à la surprise de plusieurs, a connu une saison inférieure à sa splendide année recrue en 2021-2022, mais il a néanmoins amassé 42 points et joué en moyenne 23 minutes par rencontre. Il produit à un rythme de 57 points cette année et affronte les meilleurs trios adverses.

Seider demeurerait le deuxième choix au total derrière Hughes dans un repêchage reconstitué. Qui serait troisième ? Le jury n’a pas encore tranché…

Slaf, avec Suzuki et Caufield

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Juraj Slafkovsky

Après avoir entamé le match de samedi au sein du troisième trio avec Jake Evans et Tanner Pearson, Juraj Slafkovsky aura sa chance à la droite de Nick Suzuki et Cole Caufield lundi soir contre le Kraken de Seattle.

Slafkovsky avait été le meilleur attaquant de l’équipe avec Alex Newhook lors du plus récent voyage de l’équipe, mais l’entraîneur Martin St-Louis a sans doute voulu lui passer un petit message après un match plus tiède au retour de l’équipe à Montréal, contre les Panthers jeudi.

Le Slovaque de 19 ans avait développé une chimie intéressante avec Caufield, mais avec Christian Dvorak pour centre. La combinaison actuelle pourrait constituer le premier trio d’avenir du CH.

Un affrontement contre Shane Wright, le quatrième choix au total du Kraken, qu’une majorité fans espéraient voir aboutir à Montréal, devra néanmoins attendre. Après un essai infructueux de trois matchs (l’entraîneur n’a pas été généreux en temps d’utilisation à son endroit avec 10 : 54, 9 : 55 et 8 : 34), Wright poursuit son apprentissage dans la Ligue américaine, où il fait bien au chapitre offensif avec 14 points, dont 8 buts, en 15 matchs.

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