Véritable fléau en début de campagne, le problème d’indiscipline du Canadien semble s’être résorbé depuis 10 matchs.

C’est une sacrée chance. Car dans le même intervalle, le Tricolore a aussi été la pire équipe de la ligue en désavantage numérique. Depuis le 14 novembre, les Montréalais accordent en moyenne un but toutes les trois occasions. Ça revient souvent.

On parle aussi d’au moins un but accordé en désavantage numérique dans sept des dix derniers matchs. Les rares performances sans faute ont été signées dans des soirées d’une, deux et trois pénalités, respectivement.

Au total de la saison, les hommes de Martin St-Louis affichent un taux d’efficacité de 73,4 %, au 29rang de la LNH.

Les statistiques disent que les gardiens ne sont pas en cause. C’est donc chez les quatre patineurs sur la glace que quelque chose cloche.

Après l’entraînement de mercredi matin, St-Louis avait davantage envie de discuter du système 1-3-1 des Kings de Los Angeles que des déboires de son club avec un homme en moins.

« On est une jeune équipe, a-t-il rappelé. On apprend à écouler des punitions ensemble. Il y a des moments où c’est super. Mais on cherche la constance. On va continuer à travailler là-dessus pour [connaître] moins de séquences où on est moins bons. »

Tactique

Le ton de l’entraîneur et la brièveté de sa réponse n’appelaient pas à une relance. Aussi bien, dans ce cas, se tourner vers Johnathan Kovacevic, défenseur le plus sollicité du Canadien en infériorité numérique en l’absence de David Savard.

À ses yeux, c’est sur le plan tactique que cette unité en arrache le plus. À la fin de la dernière saison, le Tricolore a modifié son schéma de couverture en désavantage numérique. En adoptant la stratégie du « diamant », très répandue dans la ligue, on envoie ainsi un attaquant en haut de la zone, un attaquant et un défenseur derrière lui et un dernier défenseur près du filet. Cette formation permet de mieux contrer les passes transversales en milieu de territoire, mais pose un risque si l’équipe en avantage numérique réussit à contrôler le disque à l’embouchure du but.

Ce risque a été brillamment illustré samedi dernier contre les Red Wings de Detroit. Sur le quatrième but des visiteurs, Moritz Seider attend patiemment que Christian Dvorak se compromette, avant d’envoyer le disque à Alex DeBrincat qui, laissé fin seul, n’en demandait pas tant.

Au camp d’entraînement, il y a quelques semaines, Rafaël Harvey-Pinard avait affirmé que le groupe des spécialistes de cette phase de jeu, dont il fait partie, apprivoisait ce nouveau schéma. À l’évidence, le rodage n’est pas encore terminé.

« La tendance a commencé il y a six ou sept matchs, estime Kovacevic. [Nos adversaires] ont commencé à nous exposer avec des jeux en bas de la zone, où on leur donnait trop d’espace. Et si une équipe le fait, les autres vont le voir et essayer de le reproduire. »

Par définition, avec un homme en moins, « tu dois toujours donner quelque chose », a poursuivi Kovacevic. « Notre travail, c’est de donner l’option la moins dangereuse possible. En ce moment, ça ne fonctionne pas. Il faut retourner à la table à dessin. »

On cherche donc ces jours-ci à trouver la manière de « fermer ces trous rapidement » et à « essayer d’être proactifs plutôt que réactifs ». En vidéo et sur la glace, « c’est notre priorité cette semaine », confirme le défenseur.

Pression

Le hasard fait en sorte que le prochain adversaire du CH, les Kings de Los Angeles, a aussi adopté le « diamant » cette saison. Avec un taux d’efficacité de 88,4 %, au troisième rang de la LNH, on peut avancer que ça fonctionne un peu mieux là-bas.

Selon Phillip Danault, ce nouveau système, qui permet d’exercer « plus de pression » sur l’attaque à cinq, a causé « une grosse différence » dans la ville des anges. On notera que les Kings sont mieux nantis que le Canadien sur le plan de l’effectif, et que trois des sept joueurs les plus utilisés avec un homme en moins à Montréal – Savard, Harvey-Pinard et Jordan Harris – sont actuellement sur la liste des blessés.

Il n’empêche que la clé du succès, selon Danault, se résume assez simplement : « Il faut que tout le monde travaille bien ensemble. »

Kovacevic acquiesce : « Il faut avoir un seul cerveau : ce n’est pas juste un gars qui doit être agressif, mais les quatre en même temps. » Ce qui implique des répétitions, encore et encore, comme c’est le cas pour une unité d’avantage numérique.

D’ailleurs, a fait remarquer le défenseur, le duo le plus efficace du CH cette saison à cet égard est composé de Joel Armia et de Jake Evans, qui jouent ensemble depuis des années. Et les deux embrassent cette tâche avec enthousiasme.

« Écouler des pénalités, c’est quelque chose qu’il faut faire avec fierté et beaucoup de passion », conclut Kovacevic.

C’est sans doute encore plus vrai lorsque la machine connaît des ratés. Comme maintenant.

Samuel Montembeault contre les Kings

PHOTO GRAHAM HUGHES, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Samuel Montembeault

Pour la première fois depuis le 23 octobre, un gardien de but du Canadien amorcera deux matchs de suite. C’est en effet Samuel Montembeault qui, après avoir battu le Kraken de Seattle lundi, affrontera les Kings de Los Angeles ce jeudi. « Il mérite de jouer, a estimé Jake Allen, mercredi. Il est l’un des meilleurs gardiens de la ligue depuis trois semaines. J’aurai ma chance, et Cayden [Primeau] aussi. » Montembeault a signé des victoires dans quatre de ses cinq derniers départs. Il a, durant cette séquence, conservé un taux d’efficacité de ,927.