Le déblocage tant attendu de Josh Anderson est enfin arrivé. Le grand ailier a mis fin samedi à sa pénible disette. Comme l’a si bien dit Sean Monahan : « Il était dû pour une soirée comme celle-là. »

Et c’est arrivé dans une victoire de 5-3 contre les Islanders de New York. Que demander de mieux ?

Martin St-Louis avait beau dire, il y a quelques semaines, qu’Anderson était « de retour », les buts, eux, tardaient toujours à arriver. Le seul but de la saison d’Anderson avant samedi avait été inscrit dans un filet désert. Pour tout dire, la dernière réussite du numéro 17 devant un gardien remontait au 13 mars 2023. Ça commençait à faire un bail.

Le premier soupir de soulagement est venu en milieu de deuxième période. Après avoir involontairement bloqué un tir de Justin Barron, Anderson a récupéré la rondelle et a décoché sans hésiter, en se retournant. Son tir bas – lui qui s’était pourtant exercé aux tirs hauts à l’entraînement ! – a fait son chemin jusque derrière Semyon Varlamov.

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Josh Anderson a enfin trouvé le fond du filet, samedi soir, contre les Islanders.

Porté par un regain d’énergie évident, l’attaquant a ajouté un deuxième but en fin de période : il a récupéré la rondelle dans le haut de l’enclave avant de foncer au filet comme un cheval, Mike Reilly sur son dos.

De toute évidence, ç’a été dur [récemment], mais enfin déjouer le gardien, c’est plaisant.

Josh Anderson

« C’est bien de générer des buts et d’aider l’équipe à gagner, je le dis depuis un bon moment. Qui sait, peut-être qu’on aurait gagné deux ou trois matchs de plus, si j’avais concrétisé ces occasions de marquer, mais espérons que je me mettrai en marche à partir de maintenant. »

S’il joue comme il l’a fait après son premier filet, ça augure bien. L’ailier a décoché huit tirs dans la rencontre, dont six ont atteint le gardien.

Soulagement généralisé

Anderson n’était pas le seul à être soulagé. Ses coéquipiers l’étaient aussi pour lui.

« C’est encore mieux que quand tu marques toi-même », a lâché Cole Caufield dans un sourire. « Il fait plein d’autres choses que marquer et je pense que les gens s’intéressent un peu trop à ça. C’est tellement un bon joueur pour nous. De toute évidence, ça va lui permettre de passer à autre chose, alors je suis survolté. »

« Andy a gardé la tête basse, il a continué de travailler et il a été récompensé, a quant à lui souligné Nick Suzuki. Ça lui donnera une étincelle, c’est certain. »

Mis au parfum de la réaction de ses coéquipiers, Anderson a souri. « Ça montre à quel point nous avons de bonnes personnes dans ce vestiaire et combien nous sommes tissés serré. C’est bien d’entendre ça. »

Autre heureux : Martin St-Louis, qui défend son attaquant depuis plusieurs semaines.

« Je suis fier de lui, a dit l’entraîneur-chef. Il s’est battu. C’est comme tout le reste dans la vie : quand tu abandonnes, une chose est sûre, c’est que tu n’auras pas ce que tu veux. »

« Ce soir, Josh a été récompensé, je suis content pour lui. »

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Tout sourire, les coéquipiers de Josh Anderson célèbrent avec lui un de ses buts.

Les autres comblés, et non les moindres : les partisans montréalais. Ils ont réservé une chaleureuse ovation à Anderson quand la première étoile lui a été décernée. Un peu comme ils l’avaient fait mercredi, lorsque l’attaquant s’était présenté en tirs de barrage contre les Penguins de Pittsburgh.

Il fallait voir son regard devant la foule enthousiaste.

« Voir leur soutien dans les derniers soirs, c’était sincèrement incroyable, a-t-il déclaré. C’est le genre de soirées dont tu te souviens. Ça m’a un peu ému sur la patinoire, je ne mentirai pas. C’était un moment très spécial. »

Comme le disait Monahan : il était dû.

En hausse

Nick Suzuki

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Nick Suzuki

Si ses deux ailiers ont connu un bon match, c’est en grande partie parce qu’il distribuait la rondelle efficacement. Il a aussi obtenu six tirs cadrés.

En baisse

Mike Matheson

Il a une grande part de responsabilité dans les deux buts rapides des Islanders en début de troisième période : à deux reprises, il a été incapable de bloquer Brock Nelson.

Le chiffre du match

17

C’est le nombre de buts de Brock Nelson en 27 rencontres contre le Canadien en carrière.

Dans le détail

Payant « en dedans »

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Cole Caufield célèbre son but marqué en deuxième période.

À l’entraînement, cette semaine, Martin St-Louis a insisté sur l’importance pour ses joueurs de travailler davantage « en dedans ». Lire ici : à l’intérieur des points de mise au jeu. Il a précisé qu’il ne s’agissait pas que de décocher des tirs dans cette zone payante, mais bien d’y assurer une présence efficace et, surtout, bien dosée. Le but de Cole Caufield en a été l’exemple probant. Tout s’est déroulé à la vitesse de l’éclair : revirement provoqué par Juraj Slafkovsky, remise à Nick Suzuki, passe dans l’enclave. Caufield s’est avancé au bon moment et a pu décocher un tir entre les deux cercles de mise au jeu. Au cours des dernières semaines, on a vu l’attaquant multiplier les lancers d’angles impossibles, sans succès. Or, sur ce coup, les conditions gagnantes étaient réunies, et ç’a marché. À répéter.

Slafkovsky le voleur

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Juraj Slafkovsky

On parle souvent de l’inexactitude dans la compilation des revirements : il en va de même pour les rondelles volées – takeaways, en anglais. Le zéro au bout du nom de Juraj Slafkovsky, sur la feuille de match officielle de samedi, en fait foi. Le gros ailier a été carrément dominant en zone adverse, tout particulièrement le long des bandes. Bien servi par sa portée gigantesque, il a passé la soirée à compliquer les échanges entre adversaires. C’est d’ailleurs son travail en fond de territoire qui a directement mené au but de Cole Caufield. « Quand tu récupères des rondelles, tu as plus de touches et tu te sens mieux à mesure qu’avance le match, a analysé Caufield. C’est quelque chose qu’il fait beaucoup depuis un moment. » Martin St-Louis a vu la même chose, soulignant que Slafkovsky est devenu « un de nos meilleurs en échec avant ». « Il a 19 ans, il apprend à jouer dans la LNH sans la rondelle. Quand on commence à enseigner ça à quelqu’un, il va toujours avoir un peu d’hésitation. […] Je trouve que lui n’a pas d’hésitation dans sa game. Il comprend vraiment comment on veut jouer les cinq ensemble. »

Une autre avance (presque) gaspillée

L’avance de quatre buts est-elle devenue la nouvelle avance de trois buts ? L’énorme coussin qu’avait accumulé le CH en deuxième période – « notre meilleure de la saison », dixit le gardien Samuel Montembeault – a fondu au dernier tiers. Ainsi, ce qui s’annonçait comme une victoire facile s’est transformé en un match serré qui s’est terminé par un but dans un filet désert. Martin St-Louis a rappelé que sa jeune équipe gagnait encore en expérience. « La manière dont on a exécuté le plan de match, en première et en deuxième période, était excellente. Mais ce plan, il est basé sur les tendances [des Islanders]. Quand une équipe perd 4-0, ses tendances ne sont plus les mêmes. Ils jouent du hockey comme sur une patinoire de cour d’école. On aurait pu faire une meilleure job, c’est sûr, mais on va continuer de grandir comme équipe en se retrouvant dans ces situations-là plus souvent. »

Simon-Olivier Lorange, La Presse