Les Sabres, les Sénateurs et les Red Wings ne font rien pour convaincre le monde du hockey des bienfaits d’une reconstruction.

Ottawa, Buffalo et Detroit devaient en principe tous faire un bond au classement cette saison après des années de patiente reconstruction, une certaine progression.

Or, ces trois équipes sont toujours exclues des séries selon le plus récent classement de la Ligue nationale de hockey. Pire encore, le Canadien, à sa deuxième année de reconstruction seulement, compte seulement deux points de retard sur les Red Wings et leur bande de nouveaux vétérans et devance les Sabres et les Sénateurs par trois et dix points respectivement.

Ottawa ratera les séries pour une septième saison consécutive, Detroit pourrait en être exclu pour une huitième année de suite et Buffalo n’y a pas participé depuis douze ans. Personne n’a fait pire dans la LNH à ce chapitre.

À cet égard, Alexandre Pratt le rappelle d’ailleurs avec justesse dans sa chronique du jour : une reconstruction n’est jamais garante de succès. Il ne suffit pas de liquider les vétérans, de couler au classement, de repêcher tôt et bien, de faire jouer les jeunes et de les entourer de vétérans au moment venu.

Il faut aussi choisir les bons joueurs, instaurer la culture adéquate, dénicher des gardiens capables d’arrêter les rondelles et aussi, surtout, apprendre à son groupe à jouer de la bonne façon. Laisser sa reconstruction entre les mains d’incompétents constitue la pire décision qui soit.

Maintenant faut-il absolument reconstruire pour assurer la pérennité de son organisation comme une majorité de gestionnaires, dont ceux du Canadien, le laissent entendre depuis quelques années ?

Prenons exemple sur les meilleurs. Pour établir un classement d’excellence, disons, artisanal, additionnons le nombre de participations consécutives en séries et les victoires en éliminatoires.

Tampa

19 (6 participations + 13 victoires)

Colorado

16 (6 participations + 10 victoires)

Caroline

13 (5 participations + 8 victoires)

Boston

13 (7 participations + 6 victoires)

Toronto

8 (7 participations + 1 victoire)

Parmi ces cinq équipes, quatre vivent des fruits d’une reconstruction et vécu des hivers pénibles avant de connaître du succès.

L’Avalanche a raté les séries sept années sur neuf entre 2009 et 2017 et terminé au 28e ou pire rang du classement général quatre fois.

Le Lightning a raté les séries cinq fois en six ans entre 2008 et 2013, terminé 25e ou pire trois années consécutives.

Les Hurricanes ont raté les séries neuf ans de suite entre 2010 et 2018 et repêché cinq fois dans le top 7. Les Maple Leafs ont été écartés des éliminatoires dix fois sur onze entre 2007 et 2016, et figuré parmi les pires clubs au classement six fois.

Seuls les Bruins ont opté, avec succès, pour une réinitialisation. Ils ont raté les séries seulement deux ans de suite entre deux grandes périodes de succès, les ères 2007-2014 et 2017 à aujourd’hui.

Les Stars de Dallas se qualifient aussi dans le clan des réinitialisateurs. Ils occupent le sixième rang du classement général, ont atteint le carré d’as l’an dernier et la finale en 2020, mais aussi raté les séries trois fois au cours des sept dernières saisons.

Le Wild du Minnesota, les Blues de St. Louis et les Islanders de New York se rangent aussi dans cette dernière catégorie. Jamais parmi les puissances, jamais parmi les faibles, et parfois une Coupe Stanley inopinée, comme celle des Blues en 2019.

Dans quelle catégorie classer les champions en titre de la Coupe Stanley, les Golden Knights de Vegas ? Ils ont atteint la finale de la Coupe Stanley à leur première année d’existence en 2017-2018. Ils ont remporté la Coupe le printemps dernier un an après avoir raté les séries, mais avaient atteint le carré d’as deux années de suite auparavant. Classons-les dans les indéfinissables.

Y’a-t-il des enseignements à retenir de tout ça ? Les reconstructions ne sont pas garanties, évidemment. Par contre, les chances de succès durables sont faibles sans une solide reconstruction.

Raison de plus pour choisir les bons gestionnaires. Ils sont encore plus importants que vos vedettes sur la glace.