(Chicago, Illinois) « Je trippe en ce moment. » Si son sourire n’en disait pas assez, Louis Crevier s’est assuré de l’exprimer en mots.

Le défenseur québécois affrontera vendredi le Canadien à l’occasion de la visite des Montréalais au United Center. Ce sera évidemment son premier match contre le Tricolore, son neuvième dans la Ligue nationale.

« Je trippe en ce moment. Je ne sais pas ce qui va se passer, on a beaucoup de blessés, donc ça me permet de jouer contre de bons joueurs. Quand tu joues contre McDavid, MacKinnon, Ovechkin… On affronte vraiment de bonnes équipes, de bons joueurs, donc c’est spécial », a raconté Crevier, entouré des journalistes québécois devant son casier, après l’entraînement matinal des Blackhawks.

Il n’y aura pas de McDavid contre lui vendredi soir, mais qu’importe : peu de gens voyaient ce choix de 7tour en 2020, 188e au total, atteindre la LNH après à peine plus d’une saison dans la Ligue américaine. Mais les nombreux blessés à la ligne bleue le lui ont permis.

À 6 pi 8, Crevier était vu comme un projet à long terme. Les partisans du Canadien en savent quelque chose, ayant longtemps attendu un autre géant, Jarred Tinordi, qui sera incidemment le partenaire de Crevier vendredi.

« Il y a une question de timing. Je jouais bien et ils voulaient peut-être me donner une chance, donc ça a bien adonné, estime l’ancien des Saguenéens et des Remparts. Mais j’ai quand même travaillé fort à Rockford. J’ai dû faire la transition du junior au pro, même si j’ai un bon physique pour jouer contre de gros monsieurs. »

À ce sujet, Connor Murphy, le vétéran à la ligne bleue des Blackhawks, est impressionné. « Sa progression en deux ans est impressionnante. Au camp, on fait plusieurs tests physiques, notre préparateur physique fait un classement général qui inclut toutes les épreuves et c’est lui qui a gagné, raconte Murphy. Il s’est mis en forme pour être un bon pro. Et sur la glace, il connaît son rôle, son identité, et est capable de se défendre contre les petits attaquants talentueux. »

Contre McDavid

Les statistiques avancées ne lui font pas nécessairement une belle jambe jusqu’ici. Lorsqu’il est sur la glace à 5 contre 5, Chicago est déficitaire 1-7 aux buts marqués, 37-59 aux tirs au but et 11-35 aux chances de marquer, selon Natural Stat Trick.

Cela dit, le jeune homme n’a pas exactement été protégé. À Edmonton, dans ce qui était seulement son cinquième match dans la LNH, les Oilers lui envoyaient constamment un certain Connor McDavid dans les pattes. Contre les Canucks, pourtant à domicile, Elias Pettersson est l’attaquant qu’il a le plus affronté.

Contre McDavid, c’était quelque chose. En deuxième, il a comme loopé et a pris sa vitesse. J’ai reculé un peu plus ! Ce sont vraiment de belles expériences, mais je n’ai pas vraiment le temps de réaliser ce qui se passe parce qu’on joue aux deux jours.

Louis Crevier

« Aussi rapide soit McDavid, je ne sais pas s’il peut contourner un joueur de 6 pi 8 qui joue avec un bâton de 8 pieds, ou peu importe ce qu’il utilise, a blagué l’entraîneur-chef des Blackhawks, Luke Richardson. Au dernier match, on essayait de contrôler les duels, mais il s’était retrouvé sur la glace contre MacKinnon et il fait le travail. »

Encore Bedard

Si l’histoire de Crevier était le sujet le plus porteur pour les journalistes québécois, cette équipe demeure – déjà – celle de Connor Bedard, malgré ses 18 ans.

Le jeune prodige répond aux attentes jusqu’ici. En l’absence de Taylor Hall, il se retrouve à jouer avec des ailiers qui se retrouvent par défaut au sein d’un premier trio dans la LNH. Lukas Reichel montre un beau potentiel, mais il ne compte que 7 points en 30 matchs, et Ryan Donato n’a jamais amassé plus que 31 points en une saison.

PHOTO JAMIE SABAU, USA TODAY SPORTS VIA REUTERS CON

Connor Bedard

Mais Bedard compte tout de même 28 points en 31 matchs, un sommet parmi les recrues de la LNH.

Son dévouement au travail impressionne Richardson. « Il peut avoir tout le talent, mais sa qualité spéciale, c’est sa détermination. Il arrive tôt au gymnase pour se préparer. Hier, j’ai presque dû donner 50 $ au gars de la zamboni pour qu’il force Connor à rentrer au vestiaire après l’entraînement ! »

Bedard monopolise donc l’attention pendant que les autres jeunes de l’équipe tentent de trouver leur niche dans la LNH. Crevier, par exemple, sans être un défenseur offensif, est toujours en quête de son premier but chez les professionnels, après 78 matchs dans la Ligue américaine et 8 matchs dans la LNH.

« J’ai tellement eu de chances, je suis un peu surpris. J’ai même marqué en matchs hors-concours, ça a fait du bien.

« Je ne pense pas trop à ça, ils ne m’évaluent pas là-dessus. Ça serait bien de marquer, ça commence à être lourd, mais je sais qu’ils ne m’aimeront pas plus si je fais des buts. Je laisse ça à Connor ! »

Pas de changement en vue

Chez le Canadien, seuls les réservistes ont chaussé les patins. Michael Pezzetta, Gustav Lindström et le blessé Jordan Harris y étaient, ce qui laisse croire que Martin St-Louis déploiera la même formation que jeudi au Minnesota. Cayden Primeau défendra le filet des Montréalais.

La formation des Blackhawks à l’entraînement

Attaquants

  • Reichel-Bedard-Donato
  • Kurashev-TJohnson-Raddysh
  • Foligno-Dickinson-Blackwell
  • Beauvillier-Entwistle-RJohnson

Défenseurs

  • Phillips-Murphy
  • Tinordi-Crevier
  • Korchinski-Zaitsev

Gardien

  • Mrazek