Profitons de cette dernière chronique en 2023 pour évoquer la progression du Canadien depuis un an. Parler de pas de géant relèverait de l’exagération grotesque, mais ne pas remarquer de l’amélioration constituerait de la mauvaise foi.

On ne voit pas une grande différence au plan statistique. Après 32 matchs l’an dernier, le Canadien montrait une fiche de 15-15-2 pour 32 points, avait marqué 92 buts et en avait accordé 112. Montréal a une fiche de 14-13-5 cette année pour 33 points, marqué 90 buts et accordé 110.

Mais les choses se présentent mieux en décembre. Montréal a une fiche de 4-2-3 depuis le début du mois, comparativement à 3-5-1 au cours de la même période l’an dernier… à la veille d’une séquence de sept revers consécutifs.

Aussi, surtout, le casse-tête commence à prendre forme. On cherchait encore un ailier pour compléter Nick Suzuki et Cole Caufield en décembre 2022. L’éclosion récente de Juraj Slafkovsky, à seulement 19 ans, permet d’espérer la chose réglée.

Slafkovsky a seulement sept points à ses quinze derniers matchs, diront certains, mais son efficacité en échec-avant, sa vitesse, sa hargne, sa volonté de bien faire défensivement, sa rage de vaincre contagieuse donnent un nouvel élan à Suzuki et Caufield et permet d’espérer un ailier de puissance de premier plan.

Son gabarit imposant de 6 pieds 4 pouces et 230 livres donne aussi une autre dimension à ce trio. Slafkovsky, employé avec parcimonie l’an dernier, n’a jamais joué moins de 17 minutes lors des huit dernières rencontres et a même franchi la barre des 20 minutes deux fois. Il a aussi été promu au sein de la première vague en supériorité numérique.

Avec 28 points en 32 matchs, Suzuki, 24 ans, pourrait atteindre la marque des 70 points pour la première fois de sa carrière. Ça n’est évidemment pas à la hauteur des McDavid, MacKinnon, Pettersson et Matthews, mais sa production est tout de même supérieure à celui de 14 centres numéro un dans la LNH, à deux points de Sebastian Aho et Aleksander Barkov, à un seul de John Tavares et Anze Kopitar.

La perte de Kirby Dach, 22 ans, fait évidemment mal, mais il a montré en deuxième moitié de saison et lors du camp d’entraînement qu’il avait le potentiel de devenir un centre de premier plan. À pareille date l’an dernier, il jouait encore à la droite de Suzuki et Caufield et on ne savait pas encore ce qu’il pouvait apporter à temps plein au centre.

Obtenu pour des choix de fin de premier et de deuxième tour l’été dernier, Alex Newhook est malencontreusement tombé au combat lui aussi. L’échantillon est mince, mais ses six points, dont quatre buts, en sept matchs avant sa blessure, sa vitesse, une bonne vision et sa hargne nous permet d’envisager un ailier offensif intéressant pour jouer avec Dach. Certainement mieux que Jonathan Drouin et Mike Hoffman, en fin de parcours à Montréal et placés sur des trios offensifs par défaut.

Il restera donc à trouver cet ailier pour les compléter. Josh Anderson connaît un éveil offensif, avec six points à ses huit dernières rencontres, après en avoir obtenu un seul à ses 26 premières, mais à 30 ans cet été, il faut se demander s’il fait partie des plans à long terme ou s’il ne constituera pas un appât pour engraisser davantage la banque de choix ou d’espoirs.

Le CH a l’embarras du choix pour compléter ses deux autres trios, et on y ajoutera graduellement de jeunes loups en quête de promotion au fil des prochaines années.

Justin Barron demeure sans l’ombre d’un doute le défenseur le plus amélioré. À 22 ans seulement, ce jeune homme obtenu avec un choix de deuxième tour en 2024 pour Artturi Lehkonen forme une paire stable avec Kaiden Guhle, 21 ans.

Il jouait toujours dans la Ligue américaine en décembre 2022 et sa place dans la LNH était loin d’être acquise. Il a désormais largué Johnathan Kovacevic, plus limité offensivement, dans la hiérarchie.

Barron est moins vulnérable défensivement, il a d’ailleurs joué 19 minutes ou plus dans 15 de ses 17 dernières rencontres, avec dix rencontres de 20 minutes ou plus, et a déjà six buts au compteur, un sommet chez les défenseurs de l’équipe.

Voici donc une paire réglée pour l’avenir. Il faudra trouver une relève à Mike Matheson et David Savard d’ici les prochaines années parmi David Reinbacher, Lane Hutson, Adam Engstrom, Jordan Harris, peut-être Logan Mailloux et Bogdan Konyushov. Voyons si Jayden Struble, à sa place au sein d’une troisième paire, pourra progresser davantage.

Mais si le CH aspire à devenir un club de tête, l’un des défenseurs cités plus haut devra devenir transcendant. Ça n’est pas encore acquis pour l’instant.

Montréal a comblé une autre lacune en 2023 : le poste de gardien numéro un. En décembre 2022, Jake Allen était encore le premier gardien par défaut. Il avait entamé 22 des 28 premiers matchs de l’équipe et, après un gros début de saison, avait commencé à défaillir comme le reste du club en décembre.

Montembeault a pris la pole eu deuxième moitié de saison. Il vient de signer une prolongation de contrat à 27 ans et montre une fiche de 7-4-3, une moyenne de 2,86 et un taux d’arrêt de .907. Ça n’est pas Carey Price, évidemment, mais Montréal est entre bonnes mains avec lui ces prochaines années.

La citation du jour

PHOTO GENE J. PUSKAR, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

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