En arrivant au casier d’Alexis Lafrenière, après l’entraînement des Rangers samedi, on s’est presque surpris à se demander si on avait mal regardé le calendrier.

Le spectaculaire pinceau blond que Lafrenière arbore sous son nez était en effet digne des plus belles moustaches de « Movember ». Idem pour son compagnon de trio Vincent Trocheck, assis trois places à sa gauche.

« Je vais la garder un peu, on va voir. Trocheck aussi l’a, on va essayer de la garder », a timidement dit Lafrenière, entouré de journalistes québécois.

Lafrenière arrive au Centre Bell la tête haute pour son duel contre le Canadien. Avec 23 points (10 buts, 13 passes) en 37 matchs, il est en voie d’éclipser son sommet personnel de 39 points établi la saison dernière. À défaut de répondre aux immenses attentes depuis qu’il a été choisi au 1er rang au repêchage de 2020 (et avant cela), il progresse.

La clé de tels résultats ? Ça commence par des compagnons de trio plutôt aptes. Souvent jumelé à Filip Chytil et Kaapo Kakko par le passé, il se retrouve aux côtés de Trocheck et d’Artemi Panarin. Si ce dernier n’a pas besoin de présentation, Trocheck n’est pas précédé de la même réputation, si bien que ses qualités passent parfois inaperçues. L’Américain vient néanmoins au 3e rang de la LNH pour les mises au jeu (62,3 %) et joue près de 21 minutes par match.

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Vincent Trocheck

« Il fait pas mal tout. C’est ça qui le rend tellement bon, estime Lafrenière. Il produit de l’attaque, il est bon défensivement, il joue en avantage, en désavantage, il gagne ses mises au jeu. Il n’y a pas grand-chose qu’il ne fait pas. Jouer avec lui, ça aide parce qu’il rend les choses un peu plus faciles pour ses compagnons de trio. »

L’ascenseur est vite revenu. « J’ai toujours voulu jouer avec lui, je demandais toujours d’être jumelé à lui, et quand on a eu la chance de jouer ensemble l’an dernier, on jouait bien, a plaidé Trocheck. J’aime surtout son niveau de compétition. Il possède évidemment beaucoup de talent, c’est pourquoi il a été repêché au 1er rang, mais il se démène sur la glace. »

C’est rare de voir un joueur avec autant de talent et de détermination.

Vincent Trocheck, au sujet d’Alexis Lafrenière

Au simple chapitre des buts marqués et accordés, le trio ne casse rien. Selon les données de Moneypuck, parmi les 28 trios qui ont disputé au moins 300 minutes ensemble cette saison dans la LNH, l’unité Panarin-Trocheck-Lafrenière vient au 25e rang avec un ratio buts pour-buts contre de 50 % (18-18). Par contre, au ratio des buts attendus, les trois comparses viennent au 12e rang (57,2 %). Autrement dit, un peu de malchance ou des performances spectaculaires des gardiens contre eux viennent fausser les données.

Il leur faut néanmoins un entraîneur qui croit en eux, qui croit en la stabilité, et il semble que ce soit le cas de Peter Laviolette, nouvel entraîneur-chef des New-Yorkais.

« On a tellement de stabilité dans nos trios. Même si tu joues quelques matchs où ça va moins bien, il revient avec les mêmes trios », rappelle Lafrenière.

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Alexis Lafrenière

L’effet Laviolette

De son côté, Laviolette avait pris les devants cet été en contactant la plupart de ses joueurs lors de son embauche. Lafrenière était l’un d’eux.

« Je lui ai dit de venir au camp et d’être prêt. Je voulais qu’il arrive en bonne condition physique, a expliqué le pilote. Il l’a fait. Il a travaillé fort au camp. Il y a eu une période d’adaptation pour lui à l’aile droite. Mais ce n’était pas long. Il a trouvé son rythme et une chimie avec ses compagnons de trio. C’est très positif. Je voulais repartir à zéro avec tous mes joueurs, pas juste avec lui. Le passé ne compte pas, on pense à l’avenir. »

Laviolette est donc en train d’accomplir ce qu’il a fait partout où il est passé : dynamiser son équipe à sa première année derrière le banc. Jusqu’ici, ils présentent une meilleure fiche (,716) que l’an dernier, même si après une saison de 107 points (fiche de ,652), la barre était plutôt haute.

Cela dit, c’est en séries que ça s’était gâté pour les Rangers l’an dernier, éliminés au 1er tour par les Devils et un gardien recrue. C’est en avril que l’on pourra véritablement mesurer en quoi cette équipe a progressé.

À noter

Jonathan Quick défendra le filet des Rangers. Il a beau porter le titre d’auxiliaire, il présente jusqu’ici de meilleures statistiques qu’Igor Shesterkin, avec une fiche de 9-2-1, une moyenne de 2,41 et une efficacité de,917. Tout ça après une saison 2022-2023 au cours de laquelle il paraissait au bout du rouleau. Quick aura 38 ans dans deux semaines.