Vous avez un ami qui a assisté au match Sharks-Canadien de jeudi ? Il est revenu débiné après avoir investi 150 $ pour cette pièce d’anthologie ? Rappelez-lui qu’il se plaint le ventre plein.

Pensez-y : en une soirée, il a vu un gardien au numéro 29 arrêter presque tout devant lui avec un calme olympien, sans donner de retours. C’était assurément Ken Dryden qui s’est trouvé une machine à remonter le temps.

(Re) lisez notre couverture en direct
Consultez le sommaire du match

Il a aussi vu ce défenseur qui a marqué après avoir mystifié la défense montréalaise. On a noté qu’il portait le numéro 83, mais sans doute nos yeux nous ont-ils trompés : c’était le numéro 33 d’Al Iafrate.

Et le tireur d’élite au numéro 20 qui s’est faufilé dans l’enclave pour déjouer Samuel Montembeault, avant de se jeter héroïquement devant un boulet de Mike Matheson en fin de match ? Chapeau à Dino Ciccarelli, qui ne fait pas ses 63 ans.

Franchement, le Canadien avait-il même une chance contre cette équipe d’étoiles de toutes les époques qui est débarquée au Centre Bell ?

Le lecteur averti aura noté ici que l’on badine, que ce sont plutôt les efforts combinés de Mackenzie Blackwood, Nikita Okhotiuk et Fabian Zetterlund qui ont permis aux Sharks de San José de mettre fin à leur séquence de 12 défaites de suite. Le Tricolore s’est incliné 3-2, dans un match où les spectateurs les plus patients ont été récompensés, car les 55 premières minutes de ce duel ressemblaient à un long moment de silence pour le regretté Ed Broadbent.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Mackenzie Blackwood et Nick Suzuki (14)

Les joueurs marchaient sur des œufs après le match. Les Sharks ont beau former, statistiquement, la pire équipe de la LNH des 20 dernières années, il persiste néanmoins du respect pour le clan adverse, pour des joueurs qui, globalement, ont leur place dans la LNH.

« Des fois, on me demande si je regarde le classement. Je ne le fais pas. Je n’arrive jamais dans un match en disant que je peux avoir un match de qualité B ce soir », a lancé le défenseur Mike Matheson, un des plus vaillants du Tricolore dans ce duel.

Le contraste était frappant avec les premières semaines de la saison, quand le CH profitait justement des duels contre les équipes de bas de classement pour engranger des points et se faisait corriger par les Kings, les Canucks et les Panthers.

« Il n’y a pas de matchs faciles dans la ligue, personne ne va nous donner les deux points », a rappelé Martin St-Louis.

La sacro-sainte constance

Comme l’an dernier, le Tricolore conclut sa première moitié de saison sur une fausse note. Le 9 janvier 2023, l’équipe s’écrasait par la marque de 4-0, à domicile, face à Seattle, et affichait alors un dossier de 16-22-3.

À cet égard, cette première moitié de saison marque certes une amélioration, bien que timide, avec une fiche de 17-18-6.

C’est toutefois sur deux performances quelconques en 24 heures, et trois à ses quatre derniers matchs, que le CH conclut cette moitié de calendrier. Et même si l’équipe avait créé l’égalité dans les derniers instants, St-Louis ne se berce pas d’illusions. « Même si on avait trouvé le moyen de gagner, ça n’aurait pas été du progrès. On est un groupe très honnête », a assuré un St-Louis un brin dépité.

Le frein dans la progression n’a pas été que collectif ; plusieurs éléments qui montraient une progression ont eux aussi connu des passages à vide. Le trio de Nick Suzuki, qui a transporté l’équipe pendant une partie du mois de décembre, s’est encore montré moins incisif. Mine de rien, depuis le retour de Dallas, cette unité a été battue 0-3 aux buts marqués à cinq contre cinq, selon Natural Stat Trick.

Jayden Struble, LA surprise de l’année à Montréal jusqu’ici, a amorcé le match par une bévue inhabituelle chez lui, qui a permis aux Sharks d’ouvrir la marque. Struble a ensuite presque offert une échappée à la visite en s’avançant un peu trop en zone adverse au moment où son partenaire, Jordan Harris, était lui aussi compromis. Il a signé quelques réussites défensives par la suite, mais dans l’ensemble, son jeu n’était pas aussi assuré qu’à l’habitude.

Si le Canadien a besoin de grosses pointures pour sortir ses meilleures performances, ça ne devrait pas être trop compliqué dans les deux prochains matchs, face aux Oilers et à l’Avalanche. Mais des adversaires plus faibles suivront, et de toute façon, la constance est l’unité qui permettra de mesurer le réel progrès de ce groupe. Pas le classement, pas une participation aux séries — le fameux mot en « P » de Jeff Gorton en début de saison. La constance.

Tel est le mot d’ordre pour la deuxième moitié de la saison. Un défi qui s’annonce costaud, surtout si les informations de TSN quant à la possibilité très réelle que Sean Monahan soit échangé dans les prochaines semaines se concrétisent.

« Il faut grandir, a martelé Brendan Gallagher. On s’est tenus autour de ,500 depuis le début de la saison. Si tu veux jouer des matchs qui comptent en fin de saison, tu dois commencer à aligner quelques victoires, à arrêter les hauts et les bas. Tu dois livrer cet effort constant. Quand ça part, c’est dur à arrêter. On l’a en nous, il faut juste le faire avec constance. »

En hausse

Britanny Kennell

Une de ses bonnes interprétations des hymnes nationaux, une impression validée par l’oreille musicale du confrère Jean-François Téotonio.

En baisse

Jesse Ylönen

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Jesse Ylönen (56)

Déjà qu’il ne générait pas grand-chose, il a écopé d’une pénalité en troisième période, en zone offensive, au moment où le Canadien tentait de revenir dans le match. Il n’a d’ailleurs pas rejoué après son infraction.

Le chiffre du match

2

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Dans 37 de leurs 42 matchs, les Sharks ont obtenu moins de tirs que l’adversaire. Heureusement que le Canadien est là, car deux des cinq « exceptions » ont eu lieu contre lui.

Dans le détail

Les Sharks peuvent enfin sourire

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Mike Hoffman

On ne donnait pas cher de la peau des Sharks en vue de cet affrontement : ils arrivaient à Montréal en ayant subi 12 défaites de suite, dont une rosse bien franche de 7-1 à Toronto mardi. Mais un souper avec un groupe d’une quinzaine de joueurs dans un restaurant montréalais mercredi leur ont permis d’essentiellement retrouver le plaisir de pratiquer leur sport. « Ce qui s’est passé sur la glace a été la réflexion de comment on se sentait avant le match, a expliqué le défenseur Mario Ferraro. On était plus positifs, on aimait un peu plus notre sport. Lorsqu’on vit une telle séquence de défaites, on oublie un peu les raisons pour lesquelles on joue. Mais on a ramené ça dans notre vestiaire. Ça a commencé à l’extérieur de la patinoire. » « Tu ne traverses pas les épreuves que nous avons traversées en te sentant tout à coup bien dans ta peau, a convenu l’entraîneur-chef David Quinn. Tu dois le mériter, et c’est ce qu’on a fait graduellement dans ce match. C’est comme ça qu’on va se sortir de notre trou. »

« Pas de deuxième chance » pour Marc-Édouard Vlasic

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Marc-Édouard Vlasic

Marc-Édouard Vlasic a été l’un des joueurs les plus utilisés par son entraîneur, jeudi. Il a joué plus de 20 minutes pour une rare fois cette saison, lui qui a été laissé de côté à quelques reprises dernièrement. « Il a fait du bon travail ce soir, a assuré Quinn. On a beaucoup parlé de lui, il a dû gérer des situations difficiles et il l’a fait avec classe et professionnalisme. Il s’est mérité la chance de jouer ce soir et il en a profité. » « Ça fait toujours du bien de gagner à Montréal, a commenté le natif de l’île. On joue du bon hockey à Montréal chaque fois qu’on est ici. » « Je ne peux jouer ici qu’une fois par saison, alors je n’ai pas de deuxième chance, dit-il. Ça rend la victoire encore plus spéciale. »

Harvey-Pinard de retour, Heineman à Laval

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Rafaël Harvey-Pinard (49)

Rafaël Harvey-Pinard (RHP) a offert la performance d’un joueur qui n’avait pas joué depuis le 14 novembre dernier. C’est-à-dire que sans être déterminant dans le match, il n’a pas nui non plus. Harvey-Pinard a commis une erreur de marquage qui a mené à une échappée en première période, mais Martin St-Louis lui a tout de même fait confiance en désavantage numérique quelques minutes plus tard. En deuxième, il a forcé William Eklund à commettre une pénalité pour avoir retenu alors que son équipe venait d’entrer en désavantage numérique. Comme on le disait : du travail honnête, sans plus. Et puisque RHP est de retour de sa blessure au bas du corps qui lui a fait rater 24 matchs consécutifs, l’attaquant Emil Heineman a été cédé au Rocket de Laval après la rencontre de jeudi.