La semaine dernière, l’Association des joueurs de la LNH a lancé le programme FIRST LINE afin d’augmenter les connaissances des athlètes en matière de santé mentale.

Pour Samuel Girard, une telle initiative tombe à point nommé. En fait, elle lui aurait possiblement évité des mois d’angoisse et de souffrances.

« Ça va aider beaucoup de monde. Beaucoup de monde souffre de problèmes de santé mentale. Il faut que tu en prennes soin. Ça peut venir à un point où tu ne veux plus être ici.

« C’est important d’en parler. C’est une grosse nouvelle de l’Association des joueurs. Ça va aider beaucoup de gens. Si on peut sauver une personne dans le monde, ce sera déjà une bonne chose. »

PHOTO JULIO CORTEZ, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Samuel Girard

Girard s’est entretenu avec une poignée de journalistes québécois dimanche, dans le vestiaire des visiteurs du Centre Bell. Un petit dimanche tranquille pour l’Avalanche, qui a battu les Maple Leafs à Toronto samedi soir, et en découdra avec le Tricolore ce lundi.

Le défenseur de 25 ans avait de la visite ; son frère et un ami ont emprunté le même trajet que Michel Gauvin/Mike Gauvin, roulant de Québec vers Montréal pour assister au très optionnel entraînement de l’Avalanche. Mais Girard a néanmoins pris le temps de parler devant les micros pour passer son message.

À la fin de novembre, le Robervalois avait annoncé prendre une pause du hockey « pour anxiété et dépression sévères qui n’ont pas été traitées depuis trop longtemps et ont conduit à un abus d’alcool », avait-il écrit dans un communiqué. Le 23 novembre, il dévoilait sa décision ; le 31 décembre, il revenait au jeu.

« J’avais besoin de cette pause-là pour me recentrer sur moi et sur mes valeurs », a expliqué Girard, dimanche.

Ça prend beaucoup de courage, mais je suis content. Je ne m’en allais pas dans la bonne direction. C’est pour ça que j’ai pris cette décision. Des fois, il faut que tu demandes de l’aide. C’est ce que j’ai fait et je me sens bien en ce moment.

Samuel Girard

« Beaucoup de personnes ont des problèmes et ne demandent pas d’aide, a poursuivi Girard. L’être humain est comme ça. On pense qu’il faut être fort et garder tout en dedans. Mais c’est OK de demander de l’aide et c’est OK d’en parler. Je suis content d’être passé par là. Ça a changé ma vie. »

Nouveau départ

Sur la glace aussi, Girard a pris du mieux depuis son retour. À l’image de son équipe, d’ailleurs, qui a remporté sept de ses huit derniers matchs.

L’échantillon est encore mince, mais après sept matchs, l’ancien des Cataractes de Shawinigan compte trois points et montre un différentiel de + 2. Avant sa pause, il totalisait quatre points, mais son rendement était de - 7.

« Je le sens vraiment dans une bonne situation, il est content, en santé, et il a retrouvé le plaisir de jouer, estime l’entraîneur-chef de l’Avalanche, Jared Bednar. Donc oui, je vois une petite différence depuis son retour, il est en confiance, il joue bien. »

Mais pour Bednar, l’impact de la décision de Girard va bien au-delà du rendement qu’il offre à son équipe. « Peu importe ce que vous faites dans la vie, ça prend beaucoup de courage pour demander de l’aide, encore plus quand vous êtes une personnalité publique. Vous serez critiqué par des gens du public, à tort ou à raison, donc ça demande du courage. »

Une chose est sûre : s’il y a un vestiaire qui devrait maintenant être sensibilisé aux enjeux de santé mentale chez les joueurs, c’est bien celui de l’Avalanche. On y retrouve en effet Jonathan Drouin, qui avait lui aussi pris une pause pendant la saison écourtée 2021, lorsqu’il portait les couleurs du Canadien.

Girard affirme d’ailleurs avoir consulté Drouin par message texte pendant qu’il était à l’écart de l’équipe. « Il m’a vraiment soutenu, comme l’organisation, mes coéquipiers et ma femme. Ça aide, mais c’est ma décision, et je voulais prendre soin de moi-même », a reconnu Girard.

« Vous essayez toujours de savoir tout ce qui se passe dans l’entourage de votre équipe, mais je n’étais pas au courant des problèmes de G [Girard], a indiqué Bednar. Là, nous le sommes. Comme entraîneur, ça t’amène à réfléchir, à être plus conscient de ce qui se passe dans l’équipe. Il faut maintenant l’être encore plus et s’assurer que tous les joueurs sachent que s’ils ont des problèmes, la porte est toujours ouverte. »

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