Deux performances terribles contre les Flyers de Philadelphie et les Sharks de San Jose, particulièrement sur le plan défensif. Suivies de deux performances convaincantes contre les Oilers d’Edmonton et l’Avalanche du Colorado, particulièrement sur le plan défensif. Si vous y comprenez quelque chose, appelez-nous. Les numéros sont au bas de l’écran.

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Mais oui, nous avons suivi le breffage sur l’imprévisibilité d’une équipe jeune, dont les hauts peuvent être très hauts, et les bas, très bas. Cette victoire de 4-3 signée contre la puissante Avalanche, lundi soir, entre bien sûr dans la deuxième catégorie.

Quelques heures avant la rencontre, le directeur général Kent Hughes s’était adressé aux membres des médias pour dresser son bilan de la première moitié de la campagne. Il avait entre autres noté qu’il était difficile, pour la direction, d’évaluer avec justesse les joueurs appelés « à jouer au-dessus d’où ils devraient jouer normalement ». Ceux qui ne sont pas dans la bonne « chaise », quoi.

Avec Kirby Dach et Christian Dvorak qui ne joueront plus cette saison, et avec Alex Newhook qui est au cœur d’une longue convalescence, on peut estimer qu’en attaque seulement, au moins trois joueurs remplissent le rôle d’un autre. Le total est probablement plus élevé que cela, puisque d’autres remplaçants doivent pallier le poste laissé vacant par les remplaçants des blessés. Vous suivez encore ?

Étrangement, le match de lundi a permis de mettre en valeur les rares joueurs qui sont à la bonne place, sinon tout près. À commencer par le trio de Nick Suzuki qui, avec Cole Caufield et Juraj Slafkovsky, aurait toutes les raisons d’être le premier trio si toute l’équipe était en santé.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Cale Makar et Nick Suzuki

Contre Nathan McKinnon, Mikko Rantanen et Jonathan Drouin, cette unité a poursuivi son bon travail amorcé samedi contre Connor McDavid. Ça n’a pas été parfait – Suzuki et Caufield étaient sur la glace pour les deux buts de l’Avalanche à forces égales. Or, ils ont prouvé que l’ajout de cordes à leur arc, en cette saison de développement, n’était pas une illusion. Ils sont capables de se mesurer aux meilleurs et d’offrir un rendement défensif très potable.

Le même Kent Hughes avait répondu, en matinée, à des questions sur l’absence de talent dit « élite » en attaque au sein de son organisation. Le nom de Matvei Michkov a même été prononcé, en écho aux superfans qui lui reprochent encore de ne pas l’avoir repêché l’été dernier.

En soirée, Martin St-Louis en avait long à dire sur la notion d’« élite ».

« Qu’est-ce que l’élite ? a-t-il philosophé. Est-ce que c’est juste produire des points ? Marquer des buts ? Si tu veux bâtir une culture gagnante, tu as besoin de […] gars qui jouent la game, qui jouent sur 200 pieds, qui apportent des habitudes gagnantes. »

À la bonne place

L’entraîneur-chef faisait d’abord référence à son premier trio en s’exprimant ainsi, mais on comprend que l’idée s’applique à toute sa formation. L’élite peut être partout, en somme.

Baissons donc les yeux, deux trios plus bas. La troisième unité, lundi, était composée de Rafaël Harvey-Pinard, Jake Evans et Brendan Gallagher.

Dans une équipe aspirant à la Coupe Stanley, au moins deux des trois seraient probablement sur le quatrième trio. D’ailleurs, au match inaugural, c’est là que se trouvaient Harvey-Pinard et Evans.

À son deuxième match depuis qu’on l’a formé, ce trio semblait toutefois, fait rare cette saison, à la bonne place, et affecté à la bonne mission.

Le Québécois a marqué, aidé des deux autres, son premier but de la saison. Et Harvey-Pinard et Evans ont passé la dernière minute de la rencontre sur la glace pour sauver l’avance. À cinq contre cinq, leur unité a passé quelque trois minutes contre celui de MacKinnon, qu’elle a tenu au respect.

« Toutes les bonnes équipes ont de très bons trios d’énergie qui peuvent jouer contre tout le monde, a souligné Nick Suzuki dans le vestiaire. On n’a qu’à penser au Lightning de Tampa Bay. C’est important pour une équipe gagnante. Jake, HP et Gally jouent bien défensivement, ils ne commettent pas trop d’erreurs. C’était plaisant de les voir marquer. »

Juste à côté du capitaine, Harvey-Pinard était tout sourire. Il s’est amusé à montrer ses blessures de guerre. Une au menton, gracieuseté du bâton de Josh Manson. Une sur la cuisse, laissée là par un violent tir de Cale Makar.

« Je ne mentirai pas, celui-là fait du bien, a avoué le Saguenéen au sujet de son but. J’avais hâte que ça arrive. »

PHOTO FRANÇOIS ROY

Rafaël Harvey-Pinard

Il a trouvé très « valorisant » d’être appelé à jouer en toute fin de match. « J’adore jouer dans ces situations-là, quand on gagne ou qu’on perd par un but, a-t-il repris. C’est pour ça qu’on joue au hockey. »

A-t-il l’impression de se retrouver au bon endroit dans la formation ? « Vraiment ! Je joue avec deux gars qui travaillent extrêmement fort, des gars intelligents des deux côtés de la patinoire. L’offensive, ça part de la défensive. Quand on joue bien défensivement, ça donne des chances de marquer de l’autre côté. »

Personne n’attend de Rafaël Harvey-Pinard qu’il devienne l’ailier de puissance de cette équipe quand elle aspirera de nouveau au succès. Mais la définition qu’il donne à son rôle et à son engagement ressemble drôlement à celle qu’a son entraîneur des joueurs élites.

Car il n’y a pas que les six postes principalement offensifs à pourvoir, dans une équipe. Il y en a, que l’on sache, 20. Les chaises les plus prisées ont évidemment une grande valeur… mais les autres aussi. Et ça prend des joueurs de valeur pour les remplir.

Dans le détail

Drouin a aimé sa soirée

Jonathan Drouin a eu droit au pot-pourri de réactions de plus en plus courant au Centre Bell quand un ancien du CH revient en ville : une chaleureuse ovation lors de sa vidéo hommage, des huées dès qu’il touchait la rondelle. « J’ai essayé de retenir les larmes qui coulaient, a admis Drouin. En six ans ici, il y a eu des hauts et des bas, mais j’ai eu du soutien ici, je les remercie, tout le monde de l’organisation, le staff, Geneviève [Paquette, directrice générale de la Fondation des Canadiens], plein de monde que je peux te nommer. » Ça a souvent hué, puisqu’il a passé 27 minutes (!) sur la patinoire. Il a terminé la soirée avec une passe et compte maintenant 17 points à ses 16 dernières sorties. « C’était la même chose avec [Artturi] Lehkonen l’an passé, a rappelé Drouin après le match. Il a eu une super belle ovation, mais se faisait huer quand il touchait la rondelle. Tu connais Lehkonen, ce n’est pas un gars que tu peux vraiment haïr. Donc s’ils le font à un gars comme lui, ils vont le faire à tout le monde. Mais c’est pas mal cool. » Si les spectateurs ont eu une réaction mitigée, Martin St-Louis, lui, n’avait que des compliments pour son ancien protégé. « Un, il joue avec quatre excellents joueurs, et Jo a l’intelligence pour faire continuer le jeu. […] Quand il touche la rondelle, le jeu ne meurt pas sur sa palette. C’est sûr que les autres joueurs ne haïssent pas ça, jouer avec lui. »

Un Armia transformé

Qui diantre est ce joueur qui porte le numéro 40 depuis deux matchs, se demandent les loustics ? Le Joel Armia que l’on a vu à l’œuvre lundi contre l’Avalanche et samedi contre les Oilers ressemble pas mal à ce qu’entrevoyait Marc Bergevin lorsqu’il lui a consenti un contrat de quatre ans à l’été 2021. Le Finlandais a passé 19 min 49 s sur la patinoire, dont près de quatre minutes au sein d’un désavantage numérique qui s’est très bien débrouillé face à une opposition de qualité Angus. Il a inscrit son but gagnant, en fin de match, avec la fougue qui a caractérisé son jeu dans les deux derniers matchs. Fougue que l’on a aussi vue en zone défensive, jumelée à une agilité sur patins qui lui permettait de rester bien positionné devant les changements de direction de Nathan MacKinnon. « Je pense qu’il a du plaisir, il sourit, il joue du très bon hockey en ce moment, a estimé St-Louis. Ce qu’on veut d’Armia, c’est la constance. On l’a en ce moment, on espère que ça continue. »

Du réconfort pour Allen

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Jake Allen (34)

S’il y en a un qui doit respirer mieux, c’est Jake Allen. Ses départs sont de plus en plus espacés – il n’avait pas joué les quatre derniers matchs, sa plus longue séquence d’inactivité de la saison – et lorsqu’il joue, ses coéquipiers n’ont pas toujours leur meilleur effort dans le corps. Comme le 4 janvier dernier contre Buffalo. Mais cette fois, ses coéquipiers ont répondu à l’appel, et Allen a fait son bout de chemin, avec 32 arrêts, pour sa deuxième victoire depuis le début novembre (fiche de 2-8-1 depuis). Les patineurs du CH se sont certes sacrifiés en bloquant 25 tirs, mais Nathan MacKinnon a toujours bien cadré sept tirs, dont deux sur une même séquence, et le Néo-Brunswickois a eu l’avantage dans ce duel des Maritimes.

En hausse

Juraj Slafkovsky

PHOTO FRANÇOIS ROY

Jonathan Drouin et Juraj Slafkovsky

Il a égalé un record personnel obtenant six tirs cadrés, dont cinq au cours de la première période. Et il n’a pas ralenti son trio dans sa mission défensive contre l’unité de Nathan MacKinnon.

En baisse

Michael Pezzetta

Il a été puni à sa première présence de la rencontre, sans savoir qu’il ne sauterait plus que six autres fois sur la glace. Il a joué pendant 4 min 8 s, le deuxième total le plus bas de sa carrière. Ses limitations deviennent évidentes contre les meilleurs adversaires.

Le chiffre du match

28 min 5 s

C’est le nombre de minutes qu’a jouées Mike Matheson. Quelque 21 de celles-ci ont été disputées contre Nathan MacKinnon et Mikko Rantanen.