(Boston) Patrice Bergeron connaît bien Danielle Marmer, directrice générale de la nouvelle équipe féminine professionnelle de Boston. Quand elle l’a approché lors d’un de ses entraînements au Boston Sports Institute, elle lui a demandé un service. « Mais sois bien à l’aise de refuser », a-t-elle ajouté.

« Elle m’a demandé de nommer la première capitaine de l’histoire », relate Bergeron, toujours installé à la boulangerie-café Tatte de Newton, en banlieue de Boston.

Bergeron a acquiescé à la demande de celle qui, avant de devenir DG de l’équipe féminine bostonnaise, travaillait au sein du département du développement et du recrutement des Bruins.

« Premièrement, c’est du bon hockey. Deuxièmement, j’ai eu la chance d’aller à deux Jeux olympiques et de voir l’impact que le hockey peut avoir dans le monde », dit-il.

Elles méritent d’avoir leur ligue, leur équipe. Je suis content pour elles. Ça me faisait plaisir de le faire.

Patrice Bergeron

Bergeron, qui s’entraîne dans le même gym que l’équipe, a rencontré les joueuses dans leur salle de réunion, à la veille de leur tout premier match historique. « J’ai vu l’excitation et le sentiment qu’elles avaient », se souvient-il.

L’équipe l’a aussi invité à faire la mise au jeu protocolaire pour le match inaugural, le 3 janvier. Il a accepté, tout en demandant si ses enfants pouvaient l’y accompagner.

« Ils ont dit oui. Ma fille aime le hockey, mais elle ne trippe pas de tout le temps aller voir les matchs. Elle en a vu beaucoup ! Mais quand je lui ai dit que c’étaient des filles qui jouaient, elle voulait absolument y aller.

« Juste ça… De voir l’impact que ça peut avoir sur, j’ose imaginer, des joueuses de hockey qui peuvent regarder et avoir une ambition. Elles peuvent se dire : il y a un but à ce que je fais, j’ai un rêve. Ç’a un plus gros impact que ce que le monde peut croire. »

Un sentiment d’appartenance

Le matin même, Hilary Knight avait vanté à La Presse l’ensemble de l’œuvre de Bergeron chez les Bruins de Boston. Selon elle, l’identité et la culture de la nouvelle équipe seront façonnées par celles, entre autres, des Bruins.

Bergeron, lui, croit qu’une culture se bâtit en créant un fort sentiment d’appartenance au sein d’un groupe.

« Que tu sois un joueur ou une joueuse qui joue 5 minutes ou qui en joue 25… il n’y avait pas de hiérarchie pour nous autres par rapport à qui allait faire quoi en premier. On était une équipe et ton importance est aussi grande que la mienne. On est tous un petit morceau du casse-tête qu’on veut former ensemble », image-t-il.

PHOTO ELISE AMENDOLA, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Patrice Bergeron (au centre) célèbre un but avec ses coéquipiers

L’idée, croit-il, est d’apprendre à se connaître sur une base personnelle, au-delà du hockey.

« En anglais, on dit faire l’extra mile pour quelqu’un. C’est de faire les sacrifices en temps et lieu pour ton équipe. Je pense que ça fait une différence. C’est vraiment juste de connecter et d’accepter qu’on a chacun des côtés plus vulnérables. Moi, je m’ouvre à toi, mais il n’y a pas de jugement de chaque côté et on peut se parler. »

« Les meilleures personnes pour t’aider et t’écouter, ce sont souvent tes coéquipiers, continue-t-il. Les gens ne s’en parlent pas parce que tu te dis : il va penser que je ne suis pas à ma place. Mais au contraire, je pense que de s’en parler et de s’ouvrir, c’est ce qui permet de créer quelque chose. »

Des conseils qui, à bien y penser, s’appliquent à bien plus que le hockey.

Lisez notre entrevue avec Patrice Bergeron