(Newark, New Jersey) Nous voici à New York mardi soir, à la veille d’un duel entre le Canadien et les Devils. David Savard, Samuel Montembeault et Rafaël Harvey-Pinard partent souper en traînant avec eux le p’tit nouveau, Joshua Roy. Ils aboutissent dans un chic restaurant de steak et fruits de mer.

Pour un premier voyage dans la LNH, Roy aurait pu tomber sur pire ville.

« On dormait proche de New York, donc on l’a amené en ville, de l’autre côté, a raconté Montembeault. On a eu un très bon souper. […] Il est un peu gêné, il ne connaît pas tout le monde. Mais hier, on a eu vraiment beaucoup de fun, les quatre Québécois ensemble, et on a vraiment passé une belle soirée. »

Lisez notre couverture en direct
Consultez le sommaire de la rencontre

C’était la première de deux belles soirées, en fait, puisque Roy a enchaîné mercredi en livrant la meilleure de ses trois performances jusqu’ici, performance ponctuée par son premier but dans la LNH, dans un gain de 3-2 du Canadien. Et c’est à se demander si cette jolie performance de cinq tirs et au moins deux autres chances de marquer a commencé la veille autour de la table.

« Savard a ramassé la facture, il a dit que c’était lui qui payait, que je n’allais rien payer pendant le voyage », a raconté Roy avec le gros sourire, dans le vestiaire des visiteurs, après la rencontre.

Je me sens plus à mon aise, je me sens plus comme quelqu’un de l’équipe, pas comme un remplaçant. On est sur la route, on a été manger, les Québécois ensemble. Je sens plus que je fais partie du groupe.

Joshua Roy

Si Savard s’est bien occupé de la recrue hors glace, Sean Monahan l’a fait de façon très concrète sur la patinoire. Parti à deux contre un avec Roy, Monahan a carrément freiné pour bafouer le défenseur Simon Nemec et refiler le disque à Roy, qui a brisé la glace de cette façon. Monahan a aussitôt récupéré la rondelle pour la donner en souvenir à Roy, avant de venir crier un « fu***n’right, Royzy ! » et d’enlacer le jeune homme.

Cole Caufield observait la scène depuis le banc. « Je me demandais ce qu’il faisait, mais il ne faut jamais douter de Mony, a lancé Caufield. Il est tellement intelligent, il lit bien le jeu. Il a joué tout un match et il le fait depuis un bout de temps. »

Le jeu a permis à Martin St-Louis de sortir une de ses images préférées. « S’il lance, c’est un jeu. Il n’y a pas un coach qui va dire que ce n’est pas un bon jeu, a déballé St-Louis. Mais y a-t-il un meilleur jeu ? Il a laissé le jeu évoluer pour trouver le meilleur jeu. Il savait que Roy s’en venait. Les bons joueurs dans la ligue font ça. »

PHOTO ADAM HUNGER, ASSOCIATED PRESS

Sean Monahan (91)

Monahan a aussi obtenu une aide sur le but gagnant de Cole Caufield, pour porter sa récolte de la saison à 27 en 44 matchs, soit un rythme de 50 points sur 82 matchs. À l’exception d’un creux de vague en novembre, il connaît donc une très bonne saison et à un salaire de 1,985 million, les DG en mal de profondeur en vue des séries – bonjour, Chris MacFarland – vont assurément passer un appel à Kent Hughes. Et s’il a bel et bien convenu avec Monahan l’été dernier de l’échanger à une équipe qui participera aux séries, Hughes écoutera les offres.

Mais les évènements des 24 dernières heures ont rappelé les bienfaits que peuvent avoir les vétérans, ceux du « bon » type, sur la relève en pleine formation chez le Canadien. Évidemment, la vie va continuer même s’ils partent, les jeunes seront quand même capables de sortir souper au restaurant. Mais avec ces vétérans partiront de nombreux éléments intangibles qui ont permis à Roy de vivre de beaux moments.

« Ce sont vraiment de beaux exemples à suivre, pour moi et pour les autres jeunes, a rappelé Roy. Tous les gars peuvent prendre exemple sur eux. Ils ont eu de super belles carrières. Quand ils parlent, tu les écoutes. »

Du bon de Caufield

PHOTO ED MULHOLLAND, USA TODAY SPORTS

Cole Caufield

Caufield, on le disait, a lui aussi marqué sur une passe de Monahan. Contrairement à la spectaculaire passe qu’il a servie à Juraj Slafkovsky, son but ne passera pas aux jeux de la semaine. Il a simplement poussé une rondelle libre dans le filet.

Mais c’est bien davantage de ce but que St-Louis avait le goût de parler, parce que le numéro 22 a fait exactement ce que l’entraîneur prêche depuis le début de la saison, dans sa mission de faire de Caufield un joueur plus complet.

« C’est une game mature. Ce que j’apprécie de Cole, c’est qu’il fait ce que la game lui demande de faire. C’est sûr que c’est le fun d’avoir de l’espace et d’avoir des touches, mais la game ne te donne pas toujours ça. Sur le dernier but, il finit son tracé, il rentre en contact avec le gars, il va se perdre de l’autre côté. Il n’est pas démarqué, il rentre en dedans. Tu ne peux pas juste jouer en périphérie. Et il va chercher un gros but à cause de ça. »

En hausse : Rafaël Harvey-Pinard

PHOTO ED MULHOLLAND, USA TODAY SPORTS

Rafaël Harvey-Pinard et Nico Daws

Les indicateurs de possession traduisent mal sa soirée de travail. Il a excellé dans ses batailles pour la rondelle. Un autre match où il ressemblait au Harvey-Pinard d’il y a un an.

En baisse : Nick Suzuki

PHOTO ED MULHOLLAND, USA TODAY SPORTS

Nick Suzuki (14)

Il n’a pas joué un mauvais match dans l’ensemble. Mais sa pénalité a ouvert la porte à la remontée des Devils et il a peiné aux mises en jeu (5 en 14, 36 %).

La citation du jour

Je faisais souvent des amortis. J’étais un petit premier frappeur !

Cole Caufield, au sujet de ses années au baseball mineur, en référence à la rondelle qu’il a frappée au vol sur le but de Juraj Slafkovsky

Dans le détail

Joel Armia, mesdames et messieurs

PHOTO ADAM HUNGER, ASSOCIATED PRESS

Joel Armia

Ça se poursuit pour Joel Armia. Auteur de deux performances inspirées contre les Oilers et l’Avalanche, il en a remis mercredi contre une autre ancienne équipe de Jim Dowd. À forces égales, ça a continué à cliquer avec Joshua Roy et Sean Monahan. C’est d’ailleurs lui qui a effectué la longue passe à Roy en zone neutre afin de profiter du mauvais changement des Devils, jeu qui a mené au but de Roy. C’était, incroyablement, sa première passe de la saison, lui qui comptait déjà sept buts, et il en aurait mérité une deuxième pour son jeu sur le but de Cole Caufield. Armia est aussi demeuré fort habile pour écouler les pénalités, même s’il était sur la patinoire pour le but de Luke Hughes. Cette séquence en deuxième période était particulièrement impressionnante. Le pauvre Alexander Holtz doit encore se demander ce qui s’est passé.

La grande résurrection de Lazar

PHOTO PAUL VERNON, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Curtis Lazar

Il a excellé avec Équipe Canada junior et a été un 17choix au total, mais Curtis Lazar n’a finalement pas connu la carrière qu’entrevoyaient les Sénateurs lorsqu’ils l’ont repêché en 2013. Discrètement, le fougueux centre est toutefois en voie de connaître la meilleure saison offensive de sa carrière. Blanchi mercredi, il compte néanmoins 14 points en 37 matchs ; à moins de s’écrouler en deuxième moitié de saison, il fracassera son sommet personnel de 20 points en une saison. Lazar n’a cependant jamais perdu son énergie contagieuse. C’est lui qui a distribué deux des mises en échec les plus percutantes de ce match, dont une contre Kaiden Guhle qui a fait souffrir le jeune défenseur du CH un peu avant le deuxième entracte. De la violence d’un ancien des Oil Kings d’Edmonton contre un autre ancien Oil King.

Encore Montembeault

PHOTO ADAM HUNGER, ASSOCIATED PRESS

Samuel Montembeault

Ça se poursuit pour Samuel Montembeault. Après son époustouflante performance de 39 arrêts samedi contre les Oilers, le gardien a de nouveau tenu le fort pour ses coéquipiers. Il a reçu une charge de travail certes normale, mais il a brillé quand ça comptait. Dans la minute qui a précédé le but de Slafkovsky, par exemple, il a frustré coup sur coup Timo Meier et Michael McLeod. Ainsi, plutôt que d’être 1-0 Devils, c’était 1-0 Montréal. C’est finalement pendant l’avantage numérique de quatre minutes qu’il a cédé, deux fois plutôt qu’une. « Ç’aurait été le fun de prendre moins de punitions », a d’ailleurs déploré Martin St-Louis, au sujet des trois pénalités de son équipe pour bâton élevé. Montembeault avait connu une sortie difficile le 31 décembre à Tampa, et avait dit vouloir rebondir. Il montre une fiche de 3-1-1 depuis ce revers.