Ann-Renée Desbiens a été brillante avec 36 arrêts. Marie-Philip Poulin a marqué deux fois, dont le but égalisateur à 17 secondes de la fin. Mais rien de tout cela n’a suffi. Toronto a eu le dernier mot dans la première bataille de ce qui sera sans doute une longue rivalité, samedi, à Verdun.

Ce premier match entre Montréal et Toronto a été exactement ce qu’il devait être : une lutte sans merci, qui se rend jusqu’à la limite. Il s’est terminé par une victoire torontoise de 4-3 en fusillade. Fusillade durant laquelle Poulin s’est élancée quatre fois – on y reviendra.

La formation montréalaise se mesurait à l’équipe qui occupe le dernier rang au classement général du circuit en ce début de saison. Un club redoutable offensivement sur papier, à la fois imposant et rapide, au talent brut, mais qui peine à marquer. En fait, les bleues affichaient une moyenne de 30,8 tirs au but par rencontre avant le duel de samedi, un sommet à travers la ligue. Pourtant, elles n’avaient inscrit que sept buts en cinq parties. À titre comparatif, Montréal en avait enfilé 13.

Les visiteuses ont maintenu leur réputation, samedi. Elles ont été hargneuses et ont mis beaucoup, beaucoup de pression en échec avant, ce qui a souvent compliqué la tâche des Montréalaises, qui ont fait plusieurs erreurs défensives. Au total, les Torontoises ont lancé 39 fois vers Desbiens, qui a bloqué 36 de ces tirs.

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Ann-Renée Desbiens (35)

En première période, elle s’est signalée en repoussant des tirs coup sur coup de Nathalie Spooner, Sarah Nurse et Maude Poulin-Labelle. En deuxième période, elle a fermé la porte devant un deux contre un de Nurse et Spooner. En fusillade, elle a fait quatre arrêts sur six tirs. Chaque fois, la foule a applaudi vigoureusement la gardienne en guise de remerciement. « Desbiens ! Desbiens ! Desbiens ! », ont parfois scandé les 3232 personnes présentes à l’Auditorium de Verdun.

L’entraîneuse-chef Kori Cheverie est celle qui a le mieux résumé les choses après le duel : « C’est dur de gagner des matchs quand tu concèdes 40 tirs, a-t-elle lâché. Heureusement, nous avons la meilleure gardienne de la ligue. C’est pour ça que nous l’avons dans notre équipe et nous travaillerons sur notre couverture en zone défensive. »

C’était la meilleure performance [de Desbiens] jusqu’ici cette saison. C’est un signe positif que nous pouvons accorder 40 tirs et quand même mener l’équipe jusqu’en prolongation.

L’entraîneuse-chef de Montréal, Kori Cheverie

Ladite gardienne, elle, n’avait pas le cœur à discuter de ses exploits. « Je suis vraiment mauvaise perdante, a-t-elle lancé. […] Oui, individuellement, ç’a quand même bien été, mais il y a des choses que je vais retourner voir, que je vais travailler. C’est très dur pour moi d’apprécier une défaite. »

« Pourquoi pas ? »

Passera-t-il un match sans que l’on parle de Marie-Philip Poulin ? Pas cette fois-ci, en tout cas. La capitaine a une fois de plus montré pourquoi elle est considérée comme la meilleure joueuse au monde. Elle a marqué une première fois en échappée en deuxième période, donnant les devants 2-1 aux Montréalaises.

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Marie-Philip Poulin

Les Torontoises ont égalisé en début de troisième période, gracieuseté de Maggie Connors. À partir de là, l’intensité a monté d’un solide cran. Les joueuses se sont échangé coups d’épaule et mots doux. Montréal a bénéficié d’un avantage numérique avec sept minutes à jouer, sans succès, puis Toronto a marqué.

C’est là que Poulin entre encore dans l’histoire. La Beauceronne a compté avec 17 secondes à écouler au temps réglementaire pour forcer la prolongation et assurer un point aux siennes.

« Honnêtement, je me suis secoué la tête quand elle a marqué ce but », a laissé tomber sa coéquipière Erin Ambrose.

La fille [Marie-Philip Poulin] est juste bâtie différemment, au-delà de ce qui est possible. Elle est la meilleure capitaine et la meilleure leader que j’ai jamais eue. En bref, je dirais qu’elle est la meilleure joueuse à avoir jamais pratique ce sport.

Erin Ambrose

En fusillade, Kori Cheverie a profité du règlement qui lui permet d’envoyer plusieurs fois la même joueuse. Poulin s’est élancée une première fois, puis une deuxième, sans marquer. Tereza Vanisova a été la suivante, sans succès. Poulin y est donc retournée deux fois, trouvant le fond du filet une fois.

À la question « pourquoi ? », Cheverie a répondu « pourquoi pas ? ». « Je pense que quand une joueuse comme Pou connaît le match qu’elle a connu, c’est un beau luxe de pouvoir l’utiliser plusieurs fois quand elle se sent bien. De toute évidence, elle a eu un bon match. Alors pourquoi pas ? »

La situation de Catherine Dubois

La directrice générale, Danièle Sauvageau, aura une importante décision à prendre dans le cas de Catherine Dubois. Le contrat de réserviste de dix jours de l’attaquante se terminait samedi soir, à minuit.

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Catherine Dubois (28)

L’équipe a maintenant trois options. Elle peut lui offrir un deuxième et dernier contrat de dix jours (chaque joueuse peut en signer deux dans une saison). Autrement, Dubois peut signer un contrat en bonne et due forme, mais cela impliquerait de mettre un terme à l’entente d’une autre joueuse (cette entente doit être d’un an). La troisième et dernière option consisterait à la renvoyer dans l’équipe de réserve ; dans ce cas, n’importe laquelle des cinq autres équipes pourrait lui offrir un contrat.

Vu la façon dont a joué la grande numéro 28 depuis son entrée dans l’alignement, disons que cette ultime option serait risquée.

Malgré notre tentative d’en savoir plus, Kori Cheverie a refusé de s’avancer. « Je ne peux pas vous en dire plus, la décision n’a pas encore été prise. Elle sera prise dans les prochains jours. »