Il était prévu, avant que la saison 2023-2024 s’amorce, que le Canadien ne soit pas un grand club défensif. La première portion du calendrier a confirmé cette appréhension, dont les conséquences ont été largement atténuées par le brio des gardiens de but.

Depuis Noël, toutefois, le rendement à ce chapitre, déjà ordinaire, est en baisse. En plus, comme on pouvait s’y attendre, les gardiens semblent redevenus humains. Au-delà des buts accordés, certains chiffres sont éloquents. Le résultat des matchs aussi, d’ailleurs.

  • Fiche du CH avant Noël : 15-13-5 (,530)
  • Fiche du CH après Noël : 4-7-2 (,385)

À cinq contre cinq, au cours des 13 derniers matchs, les hommes de Martin St-Louis ont nettement moins contrôlé la rondelle qu’avant que la planète ne célèbre la Nativité. Ils ont aussi concédé plus de tirs et de buts attendus qu’auparavant.

Il y a certes eu quelques performances plus inspirées que d’autres. Pensons aux efforts défensifs plus qu’honnêtes qui ont mené à des victoires contre l’Avalanche du Colorado et les Devils du New Jersey, ou même à une défaite crève-cœur à Tampa, le 31 décembre.

Les deux récentes dégelées, à Ottawa (6-2) et à Boston (9-4), ont toutefois trahi un groupe souvent décontenancé à l’instant où la rondelle change de camp. Cela alors que, toujours depuis Noël, tous les défenseurs réguliers du club sont en santé.

« Ce n’est pas une ligue facile », a encore répété St-Louis, lundi, après l’entraînement de son équipe. Peu enclin, comme à son habitude, à discourir sur les lacunes de sa troupe, l’entraîneur-chef du Canadien a succinctement parlé d’affectations ratées et d’erreurs provoquées – ou, dans ses mots, celles « qui viennent de notre bâton ». Il a aussi noté que ses protégés étaient « trop passifs loin de la rondelle ».

« On va arranger ça », a-t-il promis.

Thème central

Même si St-Louis a tenu à rappeler que « les statistiques ne disent pas toute l’histoire », le jeu en territoire défensif a été un thème central de l’entraînement de lundi et de la séance vidéo qui l’a précédé. Une belle occasion de rafraîchir les notions de défense de zone, en somme.

« Les deux choses sur lesquelles on s’est concentrés, c’est l’arrivée [de l’adversaire] dans notre zone et notre couverture quand on est déjà là », a expliqué Mike Matheson.

Les problèmes récents du CH, notamment à Boston, apparaissent en effet lorsque l’équipe adverse traversait la ligne bleue en contre-attaque. « On doit tuer les jeux le plus vite possible », a imagé Jordan Harris. Et mieux protéger l’enclave, a rappelé le défenseur. Il faisait ainsi référence au bar à volonté dans lequel les Bruins ne se sont pas gênés pour s’abreuver devant le filet montréalais samedi dernier – nos mots, pas ceux de Harris.

À Ottawa, jeudi dernier, ce sont les revirements qui ont fait mal au Canadien. D’ailleurs, le site MoneyPuck calcule que le Tricolore domine outrageusement le circuit pour les rondelles perdues à l’adversaire en zone défensive – 299 déjà, loin devant les 248 des Predators de Nashville.

Comme de coutume, il importe de rappeler que la statistique des revirements ne doit pas être prise pour de l’argent comptant, vu l’inconstance de sa cueillette dans la ligue. La tendance, néanmoins, est flagrante.

« C’est sûr que les revirements n’aident pas, et il faut s’améliorer à ce chapitre, a convenu Matheson. Mais des revirements, ça va toujours arriver. C’est sûr qu’on ne veut pas en faire trop, mais on doit savoir quoi faire quand ça arrive. »

Nuances

Attaquant qui tire une grande fierté de son jeu défensif, Rafaël Harvey-Pinard a été plus optimiste.

Il a avancé qu’à l’exception de l’effondrement à Boston, son équipe accordait certes beaucoup de tirs, mais obligeait l’adversaire à les décocher de l’extérieur de l’enclave.

« Je pense qu’on ne fait pas du mauvais travail pour contrôler le milieu, a-t-il estimé. Peut-être qu’on pourrait bloquer davantage de ces lancers de l’extérieur pour aider le travail de nos goalers. » Pour une reconstitution exacte, prononcez « goaleurs ».

Vérification faite, selon le site NaturalStatTrick, il est vrai que les tirs à cinq contre cinq depuis le 25 décembre sont concédés d’une distance légèrement supérieure : 36 pieds plutôt que 34 avant Noël. Cela laisse supposer, en effet, que l’adversaire a davantage été conscrit en périphérie… mais qu’il a encore un accès privilégié à la zone payante.

On assistera mardi à un changement de personnel en défense. Justin Barron a été cédé au Rocket de Laval, et Arber Xhekaj a été rappelé. Ce n’est sans doute pas l’ajout du « Shérif » qui fera de cette formation une muraille dans sa zone, mais le grand gaillard donnera un coup de main sur le plan de la robustesse contre les Sénateurs d’Ottawa.

Dans tous les cas, il faut rapidement tourner la page sur le massacre de Boston, ont martelé Harris et Harvey-Pinard. Le Saguenéen a par ailleurs affirmé que des vétérans « s’étaient levés dans la chambre » après ce match.

« C’est un de ces matchs qu’on n’oubliera pas, a assuré l’Américain. C’était gênant de perdre comme ça. Il faut se souvenir de cette troisième période et s’en servir comme motivation. »

« Il faut progresser, regarder vers l’avant et continuer d’avancer en améliorant les points où on a moins bien fait », a conclu le Saguenéen.