À sa première expérience comme entraîneur dans la LNH, en 2013 au Colorado, Patrick Roy avait hérité d’un club en pleine reconstruction. L’Avalanche venait de terminer au 29e rang du classement général et hérité du premier choix au total.

Le Colorado, sous la recommandation de Roy, et de son adjoint André Tourigny, s’apprêtait à choisir Nathan MacKinnon, à peine un mois après l’arrivée de l’ancienne gloire du Canadien.

L’Avalanche regarnissait sa banque de choix en raison de saisons atroces. Il avait raté les séries lors de quatre des cinq années précédentes et pu repêcher Matt Duchene au troisième rang en 2009 et Gabriel Landeskog au deuxième rang en 2011.

Roy et cette bande de jeunes premiers ont surpris le monde du hockey en 2013-2014 avec une fiche de 52-22-8 et une étonnante participation aux séries éliminatoires. Patrick Roy allait mériter le trophée Jack-Adams remis à l’entraîneur par excellence.

Mais cette équipe n’avait pas encore la maturité et l’expérience pour répéter son exploit sur une base régulière. Allaient suivre deux saisons difficiles, deux exclusions consécutives des séries, chaque fois une 21e place au classement général, l’occasion, au moins, de repêcher Mikko Rantanen au dixième rang en 2015, puis Roy quittait avec fracas quelques semaines à peine avant le début de la saison, remplacé en catastrophe par un entraîneur plutôt méconnu, Jared Bednar.

Celui-ci est toujours en poste, huit ans plus tard, lors du retour attendu de Patrick Roy dans la LNH. L’Avalanche n’a pas raté les séries depuis 2018, remporté la Coupe Stanley en 2022 et a subi sa première élimination au premier tour l’an dernier après avoir franchi le second tour quatre printemps de suite.

Une équipe plus mature à Long Island

Patrick Roy arrive dans un contexte différent cette fois. Les Islanders, adversaires du Canadien dès jeudi soir au Centre Bell, ne constituent pas une puissance de la LNH, mais cette équipe affiche une maturité certaine. Ils possèdent le même noyau depuis plusieurs saisons, ont atteint le carré d’as deux fois récemment, en 2020 et 2021 et ont raté les séries une seule fois lors des cinq dernières années.

Malgré sept défaites en huit matchs avant l’embauche de Roy – d’où le congédiement de Lane Lambert –, les Islanders sont à seulement un point du Lightning de Tampa Bay et de la dernière place donnant accès aux séries, avec un match de plus à disputer.

Même si Ilya Sorokin, 28 ans, connaît une saison plus difficile cet hiver, avec une moyenne de buts alloués de 3,17, mais un bon taux d’arrêts de .910, les Islanders sont solides devant le filet. Sorokin était l’un des trois finalistes au trophée Vézina l’an dernier, après tout. Son auxiliaire, Semyon Varlamov, n’a rien d’un substitut.

En défense, les Islanders comptent sur l’un des jeunes joueurs les plus sous-estimés de la LNH. Noah Dobson, 24 ans depuis deux semaines, a 47 points en 46 matchs, au deuxième rang des compteurs du club, et joue en moyenne 25 : 48 par rencontre. Seul Drew Doughty, des Kings de Los Angeles, joue davantage.

Quand on pleure le choix de Jesperi Kotkaniemi au troisième rang en 2018, il faudra d’abord évoquer les défenseurs Quinn Hughes, 7e choix au total, et Dobson, 12e, avant même de parler de Brady Tkachuk…

Dobson est bien entouré. La perte de Ryan Pulock, placé sur la liste des blessés à long terme en décembre, fait mal, mais Alexander Romanov, s’il n’est pas très offensif, constitue un indiscutable défenseur de top 4, Scott Mayfield et Adam Pelech possèdent une vaste expérience et en sont à une huitième saison avec les Islanders.

À l’attaque, l’acquisition l’an dernier du capitaine des Canucks, Bo Horvat, a solidifié la position de centre. On se permet même le luxe d’employer Mathew Barzal à l’aile droite du premier trio. Barzal a amassé 48 points en 45 matchs jusqu’ici, en route vers la meilleure production offensive de sa carrière.

Brock Nelson, 32 ans, ne semble pas vieillir, après sa saison de 75 points, dont 36 buts, l’an dernier. Ce solide gaillard de 6 pieds 4 pouces et 210 livres représente un deuxième centre de qualité.

Il n’y a cependant pas beaucoup de profondeur sur les flancs. Les Islanders se classent au 24e rang au chapitre des buts marqués par match, mais se tirent bien d’affaire en supériorité numérique avec un taux d’efficacité de 22 %.

Les Islanders accordent néanmoins beaucoup plus de buts que par le passé. Ils étaient cinquièmes pour la moyenne l’an dernier, à 2,65, mais ont chuté au 24e rang cet hiver avec une moyenne de 3,33. Voilà un aspect du jeu qu’il faudra améliorer.

Les Islanders ont sacrifié beaucoup de choix au repêchage ces dernières années pour renforcer leur formation. Ils n’ont pas repêché au premier tour depuis Simon Holmstrom au 23e rang en 2019.

Mais ces choix n’ont pas été gaspillés. Le choix de premier tour en 2023 a servi à obtenir Horvat, 28 ans. Celui de 2022 a permis d’acquérir Romanov, 24 ans. Patrick Roy bénéficie donc d’une formation solide, avec des joueurs âgés entre 24 et 32 ans qui, sans être des aspirants à la Coupe, peuvent accéder aux séries avec un certain redressement.

Tom Fitzgerald promu

PHOTO BILL KOSTROUN, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Tom Fitzgerald

Les Devils du New Jersey viennent d’offrir une prolongation de contrat à leur directeur général Tom Fitzgerald, assortie du titre de président aux opérations hockey. Contrairement à son prédécesseur Ray Shero, Fitzgerald a choisi la patience à son embauche en 2020.

Il a accentué la phase de rajeunissement à son arrivée en échangeant Blake Coleman et Andry Greene pour des choix au repêchage et des espoirs.

L’acquisition de John Marino pour Ty Smith constitue sans doute son meilleur coup. Marino est devenu le défenseur le plus important de cette équipe et Smith est toujours dans la Ligue américaine au sein du club-école des Penguins. L’embauche de Dougie Hamilton, 74 points l’an dernier, a payé, même si Hamilton est blessé cette saison.

Résister à la tentation de conserver le joueur autonome Damon Severson l’été dernier constitue un autre bon coup. L’acquisition l’an dernier de Timo Meier n’a pas encore rapporté, mais le choix de premier tour cédé en retour se situait au 26e rang et Fitzgerald pouvait se permettre de sacrifier l’espoir en défense Shakir Mukhamadullin avec l’arrivée imminente de Luke Hughes et Simon Nemec.

Après avoir terminé au troisième rang du classement général et remporté une victoire au premier tour des séries l’an dernier, les Devils luttent pour une place en séries cette saison.