Ne tentons pas d’enrober la vérité : il y a quelque chose de mystérieux dans l’apparition de Lucas Condotta dans le vestiaire du Canadien.

Son rappel du Rocket de Laval, tard mercredi soir, après la victoire dudit Rocket, a causé une certaine surprise. On se doute que la décision de la direction était déjà prise, mais nous noterons ici qu’il a obtenu deux mentions d’aide dans cette rencontre. Quelle vie, tout de même.

Il n’empêche qu’il n’était pas exactement sur le radar des observateurs, même les plus rusés, de ce beau jeu qu’est le hockey. Employé sur le troisième trio du Rocket, il connaît une saison assez tranquille sur le plan offensif, avec 13 points en 37 matchs jusqu’ici.

Martin St-Louis n’avait, à l’évidence, pas été investi de la mission de faire une promotion exaltée de son nouveau joueur, qui avait par ailleurs disputé un match la saison dernière avec le Tricolore.

« C’est un joueur de centre, qui a un bon physique et de bons détails », a-t-il résumé. L’entraîneur-chef s’attend, du reste, à ce que Condotta « joue une game simple » et qu’il fasse profiter à son équipe de son gabarit imposant. À 6 pi 1 po, ce n’est pas à un colosse, mais à 223 livres, il ne s’en laisse pas imposer.

Il est facile de s’expliquer la volonté de rapatrier un joueur de centre avec le grand club. Après que Mitchell Stephens eut été cédé au Rocket, mardi, le Canadien a disputé un match avec seulement trois centres contre les Sénateurs d’Ottawa. Ça n’a pas fonctionné du tout. Il est rapidement devenu clair que l’expérience ne durerait pas.

On aurait pu s’attendre à un retour de Stephens, qui a abattu du boulot honnête à Montréal. Sinon au rappel des vétérans Philippe Maillet ou Lias Andersson. Condotta, toutefois, semblait plus loin sur la liste. On connaît la suite.

Pourquoi lui, néanmoins ? « Pourquoi pas ? », s’est demandé St-Louis à haute voix, avant de vanter son « comportement à Laval ». « Ce n’est pas juste une chose », a-t-il conclu.

Natif de l’Ontario, Condotta, 26 ans, s’est entendu avec le Canadien à titre de joueur autonome un peu avant la fin de la saison 2021-2022. Il avait auparavant passé quatre ans dans la NCAA avec UMass-Lowell.

« Leader naturel »

L’enthousiasme était autrement plus palpable chez ceux qui l’ont côtoyé chez le Rocket.

« Il joue dur, tout le monde voit à quel point il travaille fort, a noté Jayden Struble. C’est un leader naturel. »

« Il est le premier arrivé à l’aréna pour travailler avec les joueurs recrues, a abondé Arber Xhekaj. Pendant les matchs, il va dans les endroits difficiles, il voile la vue du gardien… Il apporte beaucoup, chaque soir. Ça va bien aller pour lui au Centre Bell. »

« Il est constant : tu sais toujours ce que tu vas avoir de lui, a ajouté Cayden Primeau. Je sais qu’il n’a pas beaucoup de points cette saison, mais il devrait être récompensé plus que ça. C’est un bourreau de travail, le rêve d’un entraîneur. »

Devant son casier, Condotta avait le sourire facile. Il a lancé à la blague qu’il ressentait « un peu de pression » à l’idée de garder sa moyenne d’un but par match, lui qui a marqué à sa toute première présence dans un match de la LNH en avril dernier.

Il se donne comme défi d’être « dur à affronter » et de « rendre la vie difficile aux défenseurs adverses ».

St-Louis et lui ont succinctement conversé sur la glace à l’entraînement matinal. Son entraîneur lui a dit, en substance, « de ne pas trop penser, de juste jouer [sa] game ».

« J’étais content d’avoir ce rappel, a-t-il souligné. On verra ce qui arrivera ! »

Chez les patineurs du Canadien, l’entrée en scène de Lucas Condotta sera le seul changement apporté à la formation contre les Islanders de New York, ce jeudi soir. Autrement, Samuel Montembeault défendra le filet local à l’occasion du retour, presque dans le secret, de Patrick Roy derrière le banc adverse.

Jordan Harris et Jesse Ylönen seront donc laissés de côté. Pour le Finlandais, il s’agira du troisième match de suite qu’il regardera depuis la galerie de la presse.