L’entraînement matinal de mercredi du Rocket s’amorce, comme partout ailleurs, avec l’échauffement des gardiens, pendant que les patineurs du club se délient les jambes.

L’entraîneur des gardiens, Marco Marciano, réquisitionne les services des attaquants Lucas Condotta et Gabriel Bourque comme tireurs.

Pour Bourque, c’est devenu une habitude de se proposer comme tireur. Le vétéran, qui n’avait alors toujours pas marqué en 19 matchs, cette saison, prend les devants, avant même qu’un esprit mesquin pense à un gag. « Je sais que ça ne paraît pas dans mes stats, mais j’aime ça, faire ça ! », lance Bourque en riant.

En soirée, Bourque sera récompensé pour son sens de l’autodérision en inscrivant son premier filet de la saison, dans la bataille de la NASA entre le Rocket et les Comets d’Utica, remportée 5-2 par Laval.

Mais bref, à la quantité de rondelles qu’il a tirées sur Jakub Dobeš cette saison, Bourque est bien placé pour décrire la métamorphose de l’espoir du Canadien depuis sept semaines. Il n’est pas un spécialiste des gardiens, mais le capitaine du Rocket s’y connaît en habitudes de travail. Et une partie du problème, en début de saison, était là.

« Il n’essayait jamais d’arrêter le retour. On marquait et ça ne le dérangeait pas, se souvient Bourque. Maintenant, il plonge, il ne veut jamais qu’elle rentre. Plusieurs gardiens avec qui j’ai joué avaient ça et ont connu une bonne carrière. »

L’entraîneur-chef du Rocket, Jean-François Houle, dresse le même constat. « On a des meetings sur nos gardiens, on parle de ce qu’il faut améliorer, et ça, c’était un élément, admet-il. Ses habitudes de travail n’étaient pas [au niveau]. C’est important d’améliorer ça dans la Ligue américaine, car la charge de travail n’est pas la même qu’au collège. Le mérite revient à Dobeš, qui était ouvert à nos suggestions. »

Le principal intéressé reconnaît aussi avoir progressé à ce chapitre. « Mes habitudes à l’entraînement se sont améliorées, j’ai appris à être plus professionnel et à prendre chaque journée au sérieux », énumère-t-il.

Un changement bénéfique

Le collègue Anthony Marcotte, descripteur des matchs du Rocket à BPM Sports, nous avait quant à lui orienté vers un autre élément de réponse pour expliquer les succès de Dobeš : de nouvelles jambières.

Le 8 décembre, le Tchèque a en effet étrenné une paire flambant neuve, des PX3 Catalyst de True by Lefevre. Le hasard a voulu qu’il reçoive ses jambières peu après une courte sortie de quatre minutes, au cours de laquelle il avait accordé trois buts sur sept tirs.

C’est le jour et la nuit depuis le changement.

Statistiques de Jakub Dobeš cette saison

  • Jusqu’au 7 décembre : 3-5-2, moyenne de 4,51, efficacité de ,864
  • Depuis le 8 décembre : 9-1-2, moyenne de 2,46, efficacité de ,920
  • Total en 2023-2024 : 12-6-4, moyenne de 3,37, efficacité de ,894

« Personne ne m’a ordonné de changer, assure Dobeš. Mais j’y pensais et Marco m’a conseillé True. M. Lefebvre habite à 30 minutes d’ici, donc il est venu, on a parlé et il a pris des mesures. Deux semaines plus tard, j’avais mes jambières. »

M. Lefebvre, c’est en fait Patrick Lefebvre, directeur du développement de l’équipementier. « Je voyais des choses dans son jeu, j’avais l’impression que nos produits pouvaient l’aider avec ses mouvements de papillon », explique-t-il.

Dobeš a tenté de décrire la différence qu’il ressentait, et même si son anglais est très fluide, il peinait à trouver les mots justes, sinon en parlant de « rigidité ». Lefebvre nous a éclairé.

« Il a vu une grosse différence dans la stabilité, relate-t-il. Aujourd’hui, les gardiens passent beaucoup de temps sur leurs genoux. Dans la short game, tu es souvent en train de te déplacer sur les genoux. On a mis un composite rigide dans les jambières. Quand tu reçois un tir, la rondelle dévie dans le coin, au lieu de rester devant toi, car la jambière garde sa forme, au lieu de plier. La jambière est plus étanche sur la glace. »

Lefebvre ne se fait évidemment pas tordre un bras pour vanter ses produits, mais même lui reconnaît qu’il y a d’autres facteurs derrière la résurgence de Dobeš. « Arber Xhekaj est arrivé, aussi, donc ce ne sont pas juste les jambières ! Le timing était bon pour moi, l’équipe était mûre pour décoller ! »

Ce match du 8 décembre était alors la neuvième défaite de suite des hommes de Jean-François Houle. Depuis, ils affichent un dossier de 13-2-1.

Houle rappelle d’ailleurs qu’il s’attendait à des turbulences en début de saison, avec l’intégration de Logan Mailloux, Joshua Roy, Sean Farrell, Riley Kidney, Jared Davidson et Dobeš lui-même comme recrues dans les rangs professionnels.

« Ça fait 10 ans que je suis dans la ligue. Même avec Bakersfield, on a eu plusieurs jeunes équipes, et c’était toujours comme ça. Tu as une nouvelle équipe, les gars doivent apprendre la structure. Plus de la moitié de l’équipe était nouvelle. Et en début d’année, on n’avait pas les arrêts de nos gardiens. Là, ils font les arrêts et on trouve une façon de gagner. »

L’arrivée du vétéran Kasimir Kaskisuo a également stabilisé la situation devant le filet. Le Finlandais de 30 ans est invaincu en quatre départs.

Sauf que Kaskisuo ne fait pas exactement partie des plans d’avenir de l’organisation, contrairement à Dobeš, choix de 5e tour en 2020 qui, à 22 ans, est en train de connaître une intéressante entrée en matière chez les pros. En attendant que la situation devant le filet se clarifie « en haut », il a amplement de temps pour peaufiner son art.

Condotta rappelé

C’est finalement Lucas Condotta qui est l’heureux élu. Le Canadien a rappelé le fougueux attaquant mercredi soir, peu après la victoire de 5-2 du Rocket sur les Comets d’Utica. Le colosse de 26 ans en sera à un deuxième séjour avec le CH. L’an passé, il avait été rappelé au dernier match de la saison et en avait profité pour inscrire son premier but dans la LNH. Condotta compte 13 points (5 buts, 8 aides) en 37 matchs cette saison à Laval. Mercredi, il a amassé 2 aides dans la victoire et a joué à l’aile, mais il a aussi été employé au centre ; c’est d’ailleurs à cette position qu’il a joué lors de son match à Montréal l’an dernier. Avant son rappel, le Tricolore ne comptait que trois centres en santé dans son effectif, ce qui a causé un certain capharnaüm dans la gestion des trios mardi, dans la défaite aux mains des Sénateurs.