(Laval) Un vieux dicton dit qu’à force de jouer avec le feu, on finit par se brûler. Force est de croire que l’équipe de Montréal est experte dans l’art d’éviter les flammes, parce qu’elle s’est encore sauvée avec la victoire, samedi contre Ottawa, même si elle a accordé plus de 40 tirs pour la deuxième fois en autant de matchs.

Pour tout dire, Montréal n’a pas joué comme une équipe qui occupe le premier rang du classement général. La seule qui a joué d’une telle façon, c’est encore Ann-Renée Desbiens, solide – le mot est faible – en ce début de saison. Elle a permis à la troupe de Kori Cheverie de l’emporter 2-1 en prolongation. Le but gagnant a été l’œuvre de Maureen Murphy.

« Ce but, il n’arrive pas si [Ann-Renée] ne fait pas plus de 40 arrêts surréels », a lâché Murphy après la rencontre, avant d’ajouter, à l’intention de Desbiens, à son côté dans la salle des médias : « Alors, beau travail. »

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Maureen Murphy a marqué le but gagnant.

Passes imprécises, rondelles échappées, longues minutes en territoire défensif… Tant de situations qui ont fait en sorte que la gardienne québécoise a reçu, encore une fois, un important volume de tirs. Cette fois-ci, elle a repoussé 43 des 44 rondelles dirigées vers elle. La foule l’a d’ailleurs chaudement remerciée pendant la pause entre la troisième période et la prolongation, quand elle est apparue à l’écran géant.

Les 8646 spectateurs – un record pour un match féminin de hockey professionnel au Canada – se sont levés de leur siège pour livrer une ovation fort méritée à celle qui, encore une fois, a gardé son équipe dans le match.

Cette histoire en est une qui se répète pour le clan montréalais. La semaine dernière, contre Toronto, il a offert 39 tirs contre 24. Mercredi, face au Minnesota, Elaine Chuli a reçu 46 lancers et bloqué 45 de ceux-ci, alors que Montréal en a dirigé 26 sur la gardienne adverse. Samedi, l’équipe a tiré 20 fois de moins au filet qu’Ottawa.

Des écarts considérables, autrement dit.

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Marie-Philip Poulin entre en collision avec la gardienne d’Ottawa, Emerance Maschmeyer.

« Nos gardiennes sont bonnes, a répété Cheverie. Je suis heureuse de ça. De toute évidence, on ne veut pas donner autant de tirs pendant autant de matchs consécutifs, mais nous nous concentrons sur ce que nous pouvons pour au moins limiter les chances de grade A dans l’enclave. »

Desbiens, de son côté, n’en a pas fait de cas.

Je ne dirais pas que les 40 lancers d’aujourd’hui étaient nécessairement difficiles. Elles ont eu très peu de rebonds, de choses qui rendent la game un peu plus difficile en moyenne. Mon équipe est excellente. On s’améliore à chaque partie, j’ai confiance que ça va arriver de moins en moins souvent.

Ann-Renée Desbiens

« On savait au repêchage qu’on avait une équipe offensive, on savait qu’il faudrait travailler la défensive et c’est ce qu’on continue de faire. Mais il n’y a rien qui nous trouble présentement. Ce n’est pas de la pression supplémentaire pour nous. »

L’effort

Il demeure que Montréal trouve toujours une façon de se sortir du pétrin ; l’équipe n’a perdu qu’un seul match en temps réglementaire jusqu’ici cette saison. C’est sur cette hargne qu’a insisté Cheverie.

« Nous trouvons toujours un moyen de gagner, même quand les choses sont difficiles, même quand on reçoit une tonne de tirs, même quand nous nous mettons dans le trouble à cause de pénalités. »

« Pour nous, en tant que personnel d’entraîneurs et en tant qu’organisation, nous sommes très heureuses là où nous nous trouvons présentement, a-t-elle poursuivi. Une partie du processus consiste à apprendre à jouer à ce niveau et à garder les rondelles hors de l’enclave. […] Juste parce que les tirs étaient inégaux, ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu d’effort. »

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Kori Cheverie, en discussion avec ses joueuses

Il est clair que l’équipe devra, tôt ou tard, offrir moins de tirs à ses adversaires. Cheverie a parlé de « détails avec le bâton ». Maureen Murphy a parlé plus largement de la couverture en zone défensive, qui doit être « meilleure ».

Toujours est-il que l’équipe trône au premier rang du circuit.

« Nous possédons toutes les pièces pour être la meilleure équipe de la Ligue et j’ai confiance que ça va continuer comme ça », de dire Desbiens.

Absence mystère

Vendredi, l’attaquante Tereza Vanišová était absente de l’entraînement pour une journée de traitements. L’entraîneuse-chef, Kori Cheverie, avait alors indiqué aux médias qu’elle disputerait le match de samedi. Mais voilà que l’attaquante a été placée sur la liste des absentes avant la rencontre. Haut du corps ? Bas du corps ? Cheverie a refusé de s’avancer. « Je n’ai pas de mise à jour pour l’instant, désolée », a-t-elle dit. L’absence de Vanišová a profité à Catherine Dubois, qui a signé un deuxième contrat de 10 jours avec l’équipe ; elle a joué la moitié du match sur le premier trio, aux côtés de Marie-Philip Poulin et de Maureen Murphy.