Sean Monahan parti, les regards des observateurs se tournent maintenant vers les autres dossiers de Kent Hughes et Jeff Gorton.

De nombreux noms circuleront d’ici au 8 mars, date limite des transactions, et s’il y a une chose que les administrateurs du Canadien ont démontrée, en 2022, c’est qu’ils n’ont pas peur de liquider leurs actifs lorsque la demande est forte.

Mais si ménage il y a, David Savard ne veut pas en faire partie.

« En ce moment, je continue à jouer, je n’ai pas de problème. Je ne pense pas que ça va arriver du jour au lendemain. Si ça doit arriver, on va avoir une conversation, a estimé Savard, en entrevue avec La Presse et LNH.com, dimanche après-midi. Je sais que c’est une business, ça peut changer très vite. Mais j’espère pouvoir rester ici, c’est mon but et ça ne change pas. Je pense qu’ils ont la même optique. En tout cas, j’espère ! »

Si on parle de Savard précisément, c’est parce que Hughes a été interrogé à son sujet vendredi, et n’a pas exactement calmé le jeu. « Je n’ai pas eu de discussions avec David, pas encore, a d’abord dit le DG du Canadien. Ma porte est toujours ouverte. Est-ce que je suis ouvert à l’échanger ? Je suis ouvert à échanger n’importe quel joueur dans la mesure où on s’améliore. Si quelqu’un me dit que Connor McDavid est disponible, on va s’arranger pour essayer de faire une offre. Mais je ne peux pas dire qu’en ce moment, on cherche à échanger David Savard. »

Le Maskoutain affirme ne pas avoir eu de discussion avec l’état-major du Tricolore au sujet d’une possible transaction. « Mon agent lui a parlé. Mais en ce moment, c’est le statu quo », dit le colosse défenseur.

Savard comprend toutefois Monahan, qui avait conclu une entente tacite avec Hughes afin d’être échangé à une équipe aspirante à la Coupe Stanley. À 29 ans, Monahan se retrouvait dans la même situation que Savard qui, à 30 ans, écoulait la dernière année de son contrat au sein d’une équipe exclue des séries. Savard jouait alors pour les Blue Jackets de Columbus, qui l’ont échangé au Lightning de Tampa Bay, et trois mois plus tard, il soulevait la Coupe Stanley.

« C’est le rêve de tous les joueurs, convient Savard. À la dernière année de mon contrat à Columbus, j’étais rendu là. Quand j’ai vu que je n’allais pas rester à long terme, l’idée était de trouver une formation pour essayer de gagner. »

Même si tu es échangé dans un bon club, ce n’est pas garanti que tu vas gagner. J’ai des amis qui se sont fait échanger et pour qui ça n’a pas marché. J’ai été chanceux, je suis arrivé à la bonne place au bon moment. Ça ne veut pas dire que si je pars, je vais en gagner une deuxième [Coupe Stanley]. Mais le rêve reste là. J’aimerais continuer à grandir avec l’équipe et voir où on s’en va. On a beaucoup de talent.

David Savard

Comme Monahan, Savard est universellement apprécié et admiré par ses plus jeunes coéquipiers, un trait de caractère qui n’a pas empêché Hughes de bouger dans le cas de Monahan.

Des locations à court et à moyen terme

En 2022, Hughes et Gorton avaient donné un grand coup en échangeant les vétérans Tyler Toffoli, Artturi Lehkonen, Ben Chiarot et Brett Kulak.

Les échanges de Chiarot et Kulak tombaient sous le sens. Ils étaient à quelques mois de l’autonomie complète et une cargaison de jeunes défenseurs gauchers était attendue à Montréal.

Lehkonen, par contre, devenait joueur autonome avec compensation, donc encore sous le contrôle de l’équipe pour une dernière négociation. Toffoli, lui, détenait une entente bonne pour deux autres saisons. C’est donc dire que Hughes et Gorton ne s’étaient pas contentés d’échanger des joueurs de location dans le sens le plus strict du terme.

S’ils souhaitent engraisser leur banque d’espoirs et de choix, ils devront donc encore échanger des athlètes dans des situations différentes, car comme purs joueurs de location, il ne reste que Tanner Pearson et l’éclopé Chris Wideman.

Pour des locations à moyen terme, soit des joueurs qui détiennent une autre année de contrat avant l’autonomie complète, les candidats sont plus nombreux. On compte six individus dans cette situation, soit les défenseurs Savard et Johnathan Kovacevic, le gardien Jake Allen et les attaquants Joel Armia, Jake Evans et Michael Pezzetta. Christian Dvorak rentre aussi dans cette catégorie, mais sa saison est finie. Du lot, Allen retiendra le plus l’attention, en raison du fameux ménage à trois devant le filet qui a été discuté en quelques rares occasions cette saison.

Quelle ambiance ?

On peut cependant se demander à quoi ressemblera l’ambiance dans le vestiaire du CH. L’échange de Monahan confirme que la direction rend essentiellement les armes pour la présente saison. L’objectif formulé par Gorton de disputer des matchs « significatifs » tard dans la saison est à l’eau.

On joue dans la LNH, on ne peut pas se plaindre. Tu perds des gars chaque année à ce temps-ci. Ça fait mal pour quelques jours, mais tu joues le lendemain, tu te lèves, tu as la chance de travailler dans cet environnement, donc tu ne peux pas te plaindre.

Cole Caufield

« Il y a deux ans, les circonstances étaient semblables. Tu continues à travailler sur ton jeu d’équipe et en essayant d’améliorer nos jeunes, a estimé Martin St-Louis. C’est un processus dont j’aime faire partie. Ça part avec l’attitude. Je ne vois pas ça comme un obstacle. Ça fait partie de la ligue, et la ligue continue. »

L’entraîneur-chef n’a toutefois pas caché le fait qu’il est « déçu » de voir partir Monahan. « Mais je comprends. Tu sais que c’est une possibilité, tu sais quel genre de sentiment tu vas ressentir. Mais quand c’est arrivé, j’étais déçu de perdre un bon joueur et un individu de qualité. »

Combien de fois devra-t-il répéter une telle citation dans les prochaines semaines ?

En bref

Condotta rappelé, Newhook se rapproche

Éclipsé par la nouvelle du contrat de Gignac, Lucas Condotta a lui aussi été rappelé dimanche. Ce dernier avait disputé les deux derniers matchs du CH avant la semaine de relâche, avant d’être renvoyé à Laval, où il a participé aux trois matchs du Rocket la semaine dernière. Il reste toutefois à voir s’il jouera mardi. Alex Newhook, blessé depuis décembre, a fait un pas de plus vers un retour au jeu dimanche. Il a participé pleinement à l’entraînement avec ses coéquipiers et portait un chandail rouge comme la moitié des autres joueurs, ce qui suggère qu’il a reçu l’autorisation d’encaisser des contacts physiques. Il n’a pas été possible de lui parler après l’exercice.

Suzuki est là !

Surprise à l’entraînement : Nick Suzuki a chaussé les patins. Suzuki était l’unique représentant du CH au match des Étoiles à Toronto, et il arrive souvent que les joueurs qui y participent soient exemptés du premier entraînement au retour. Mais le capitaine tenait visiblement à y être. Il faut dire que le Tricolore a droit à un retour progressif au travail. L’équipe jouera mardi, puis seulement samedi.