(Arlington, Virginie) C’était jour de retour au travail chez les Capitals de Washington, lundi. Pour Anthony Mantha, les vacances se sont résumées à un voyage en famille avec sa conjointe, leur bébé de 16 mois, mais aussi ses coéquipiers Dylan Strome, Nicolas Aubé-Kubel, Ethan Bear et cie.

Les conversations sont légères. Mantha échange avec un journaliste local au sujet d’une de ses journées de golf pendant les vacances, vacances un brin plus courtes que celles de ses coéquipiers. « Des gars sont revenus dimanche, mais je voulais revenir une journée en avance, la petite en avait assez, elle n’était pas dans son environnement ! »

L’entraîneur-chef de l’équipe, Spencer Carbery, se présente pimpant devant la dizaine de journalistes. « Tout le monde va bien ? Tout le monde a eu de belles vacances ? » On croyait entendre Michel Louvain en ouverture de De bonne humeur.

Une fois les formalités réglées, c’était un dur retour à la réalité qui attendait les Capitals. Ils ont passé les vacances à cinq points d’une place en séries. Ils ont certes quelques matchs en main, mais à regarder leur calendrier, on peut se demander s’il s’agit d’un avantage.

Leur match de ce mardi, contre le Canadien, sera le premier d’une série de cinq en huit jours. Si le Tricolore semble prenable sur papier, ils affronteront ensuite les Panthers de la Floride, les Bruins de Boston, les Canucks de Vancouver et l’Avalanche du Colorado. En date de lundi, les quatre premières positions du classement général de la LNH.

« Il faut se concentrer sur le court terme, soit Montréal, et même simplement sur l’entraînement d’aujourd’hui. Cela dit, de façon plus générale, on est conscients que notre marge d’erreur est très mince », a admis Carbery.

Leur rendement pendant ce segment de calendrier pourrait bien déterminer si les Washingtoniens seront acheteurs ou vendeurs à la date limite des transactions. Ce qui nous ramène à Anthony Mantha.

Regain de vie

Mantha est un des quatre joueurs des Capitals qui deviendront autonomes sans compensation à l’été, les autres étant Max Pacioretty, Nicolas Aubé-Kubel et Joel Edmundson. Autrement dit, un des quatre joueurs dits de location, si le directeur général Brian MacLellan met la clé dans la porte pour la saison.

Ça adonne bien, car il connaît un regain de vie offensif cette saison. Ses 15 buts en 43 matchs lui permettraient de flirter avec le plateau des 30 sur une saison complète. Dans tous les cas, il est en voie de battre sa marque personnelle de 25, établie en 2018-2019.

Il s’agit de la meilleure séquence du colosse longueuillois depuis son arrivée à Washington. Miné à la fois par des blessures et une baisse de rendement, il n’a pas répondu aux attentes qui viennent avec son contrat. L’an passé, sa moyenne de 0,4 point par match était d’ailleurs sa plus faible depuis le début de sa carrière.

« L’an passé, ça a été difficile, tout le monde le sait, reconnaît Mantha. J’ai mis les bouchées doubles, j’ai engagé un coach mental et une nutritionniste. Mentalement, je suis à la bonne place. Je joue du bon hockey. »

Le recours à un psychologue sportif, c’est une première pour lui. André Ruel, lieutenant québécois de l’agence CAA, lui a recommandé Matt Calderoni. « Avec lui, ça a vraiment cliqué tout de suite », raconte notre homme.

Il fallait que je recommence à apprécier le hockey. L’an passé, c’était tellement dur que j’aimais moins jouer. Et il me disait : chaque année que tu as eu du succès, tu souriais, tu t’amusais. Il fallait aller chercher ça, et ça a marché. J’ai plus de fun à jouer cette année.

Anthony Mantha

« Ce n’est pas vraiment un déclic du jour au lendemain. C’était plus à long terme, d’aller chercher la joie du hockey. Si ce n’est pas le fun, ce n’est pas le fun. Si je te dis : va avoir du fun à bûcher du bois, et que tu n’aimes pas ça, ça ne marchera pas ! C’était pas mal juste ça pour moi. »

Mantha ne regrette évidemment pas son choix, choix qu’il a fait dans un environnement beaucoup plus conscient de l’importance de la dureté du mental.

« Avant, les gars n’en parlaient pas. Ceux qui voulaient un psy gardaient ça low-key. Aujourd’hui, c’est : ah, pourquoi ne pas aller chercher de l’aide ? Ce n’est pas que je ne feelais pas, mais je devais modifier de petites choses dans mon attitude. Maintenant, je m’amuse. »

Rumeurs

Tout cela est bien beau, mais si les Capitals se sabordent dans le prochain mois, Mantha ne serait pas nécessairement facile à échanger, en raison de son empreinte de 5,7 millions de dollars sous le plafond salarial. Sauf qu’en tant que colosse de 6 pi 5 po et 235 lb, il pourrait intriguer certains DG qui souhaitent ajouter du poids à leur attaque.

Les rumeurs de transaction, Mantha n’y pense pas « pantoute, pantoute ».

Son entraîneur-chef l’a toutefois précisément cité en exemple, peut-être parce qu’il a reconnu par l’accent que la question venait d’un compatriote de Mantha, allez savoir.

« Peu importe ce que tu lis, peu importe ce que tu crois que la direction fera, ça ne change rien. Oui, ça va changer ta vie. Mais tu dois te préoccuper de ce que tu fais en ce moment, explique Carbery, comme s’il répétait les propos qu’il a déjà dits à un de ses joueurs.

« Je vais te donner un exemple. Qu’est-ce qu’Anthony Mantha, qui deviendra joueur autonome, peut faire aujourd’hui pour connaître du succès contre Montréal demain ? J’essaie de les aider avec ça, au lieu qu’ils pensent à si ça ou ça va arriver. Je te promets que si tu joues à un haut niveau, que tu fais les bonnes choses et que tu compétitionnes, de bonnes choses vont se passer, que ce soit ici, ailleurs, pour un contrat à court ou à long terme. »

Carbery a beau jeu de vendre un tel discours à ses joueurs. Le travail le plus difficile tombe dans la cour de son DG, qui doit gérer un noyau vieillissant que tout administrateur ferait imploser en temps normal. Sauf que lorsque le joueur le plus marquant de l’histoire de la franchise fait partie dudit noyau, les décisions ne sont pas aussi simples.

Lindgren sympathise avec Primeau

PHOTO NICK WASS, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Charlie Lindgren

Charlie Lindgren connaît Cayden Primeau pour avoir été son coéquipier dans l’organisation du Canadien pendant deux saisons. Comme Primeau, Lindgren avait été coincé dans le rôle de troisième gardien à Montréal. C’était en 2020-2021, saison jouée en pleine pandémie, et Lindgren faisait partie du fameux « taxi squad », l’escouade de réserve, soit des joueurs qui s’entraînaient avec l’équipe sans en faire officiellement partie. « Je peux tout à fait comprendre ce que Cayden vit. Il attend une vraie occasion, affirme Lindgren. Mais tu as Jake Allen, et [Samuel] Montembeault a un nouveau contrat. Donc ça le place en situation difficile. Ayant vécu la même chose, tu dois te concentrer sur toi et trouver des façons au quotidien de t’améliorer et de te rappeler que les carrières sont courtes. C’est mon meilleur conseil. Il a du talent, c’est un bon jeune et il travaille fort, donc je lui souhaite du succès. » Sans vouloir diminuer ce que vit Primeau, Lindgren rappelle cependant que la vie dans l’escouade de réserve n’était pas exactement idyllique. « Je n’avais aucun coaching, j’étais laissé à moi-même, j’essayais juste de trouver des moments pendant les entraînements pour avoir des tirs. Je suis sûr que Cayden est capable d’avoir des répétitions. Je pense que ma situation était plus difficile. Mais tu ne peux pas laisser la frustration te gagner. »

Kuznetsov s’absente

Les Capitals seront privés d’Evgeny Kuznetsov dans les prochaines semaines. L’attaquant a en effet été admis au sein du programme d’aide aux joueurs de la LNH. Il était absent de l’entraînement de lundi et l’équipe n’a offert aucun autre détail sur son état. Kuznetsov, 31 ans, connaît la pire saison offensive de sa carrière avec 17 points en 43 rencontres.

Quels Jeux olympiques ?

Les Capitals sont au 30rang de la LNH avec une moyenne de 2,38 buts marqués par match. Ils devancent seulement les pauvres Sharks et les encore plus pauvres Blackhawks dans cette colonne. Les insuccès d’Alexander Ovechkin, 9 buts en 44 matchs, expliquent notamment la situation. Le rendement du Moscovite était d’ailleurs un des sujets du point de presse de Spencer Carbery. Le principal intéressé était quant à lui de retour de vacances, mais il était dans sa forme des séries lorsqu’est venu le temps de commenter la délicate question du tournoi des Quatre Nations et des Jeux olympiques de 2026, deux évènements dont la tenue a été confirmée vendredi. « Je viens de l’apprendre aujourd’hui, a dit Ovechkin, le plus sérieusement du monde. Je ne sais pas quoi dire. Je devrai m’informer avant de commenter. » Renversée par la réponse, La Presse l’a relancé. Venait-il vraiment de l’apprendre ? « Oui. Tu penses que je suis les nouvelles de hockey ? » La Presse travaille actuellement à enlever la poignée de valise qu’elle a dans le dos.