L’information rapportée mardi dans nos pages au sujet d’une rencontre entre Juraj Slafkovský et l’ambassadeur de Slovaquie à Washington était finalement un mensonge éhonté. Ne reculant devant rien, La Presse est allée au bout de cette histoire.

« Je devais y être. On avait communiqué avec Juraj par l’intermédiaire de Peter Bondra et il a été assez gentil pour accepter notre offre. Mais j’ai eu un résultat positif à un test de détection de la COVID-19 durant la fin de semaine, alors j’étais coincé chez moi », se désole Radovan Javorčík, au bout du fil.

Ils ont finalement été deux employés de l’ambassade de Slovaquie à visiter Slafkovský, accompagnés de leur famille, si bien que le jeune espoir du Canadien était attendu par huit compatriotes après la victoire de 5-2 contre les Capitals.

« Juraj a marqué deux buts, il a joué contre Martin Fehérváry [défenseur slovaque des Capitals], donc ils ont parlé de ça. Il a aussi parlé aux enfants des membres de mon personnel pour les encourager à s’investir dans leur intérêt pour le hockey », relate M. Javorčík.

PHOTO FOURNIE PAR RADOVAN JAVORČÍK

Le colonel Milan Halzinger (à gauche), du personnel diplomatique de Slovaquie à Washington

Cette visite en dit long surtout sur l’intérêt que suscite Slafkovský dans son pays. « L’un des surnoms de notre pays est la “République du hockey” », rappelle l’ambassadeur.

« En 2022, quand Juraj a été repêché au premier rang et Šimon Nemec au deuxième rang, on s’est dit : “Wow, il se passe quelque chose et la Slovaquie est de retour.” Donc on suit chaque match de Montréal, on a vu Juraj être promu du troisième au deuxième trio, puis au premier. On lit chaque citation de Martin St-Louis. »

Dans le top 3

Notre interlocuteur connaît son hockey. Il suffit de l’entendre prononcer au long le nom de l’entraîneur-chef du Canadien, ou évoquer Filip Mešár, un jeune encore loin de la LNH malgré son statut de choix de premier tour, pour s’en convaincre.

Mais selon M. Javorčík, Slafkovský est carrément devenu « une idole pour tous les jeunes Slovaques ».

Il a quitté le pays très jeune pour vivre son rêve. C’est une belle histoire de persévérance et sa famille a fait beaucoup de sacrifices. C’est une inspiration pour les jeunes, il fait rayonner notre drapeau et il a une personnalité attachante.

Radovan Javorčík, ambassadeur de Slovaquie à Washington, à propos de Juraj Slafkovský

« Notre hockey a connu une période d’incertitude après la génération de Marián Gáborík et de Žigmund Pálffy. Il y a eu un vide. Alors de voir un gars de 17 ans arriver aux Jeux olympiques et marquer des buts, ça a donné un élan. »

Selon lui, Slafkovský fait partie des trois athlètes les plus connus de son pays, avec la skieuse alpine Petra Vlhová, championne olympique du slalom en 2022, et Marek Hamšík, pilier de l’équipe nationale de soccer, ancienne vedette de Naples, fraîchement retraité. On devine que le cycliste Peter Sagan gravite aussi autour de ce groupe.

On compte en Slovaquie quelque 12 000 joueurs de hockey enregistrés, selon le plus récent rapport annuel de la Fédération internationale de hockey sur glace (IIHF). Le soccer y est davantage pratiqué que le hockey, concède M. Javorčík, « car ça demande simplement un terrain et un ballon. Le hockey, c’est plus compliqué ». Mais il estime le hockey « plus populaire » que le soccer. Au dernier classement de la FIFA, la Slovaquie venait d’ailleurs au 45rang chez les hommes, au 49rang chez les femmes.

« Vous savez, nous nous sommes séparés de la Tchéquie il y a une trentaine d’années. Nous considérons les Tchèques comme nos meilleurs amis, mais lorsque nous nous affrontons au hockey, nous nous détestons pendant 60 minutes ! Ça en dit long sur l’importance du sport. »

Petite ambassade

Avec près de six millions d’habitants, la Slovaquie n’est évidemment pas un géant mondial, et son ambassade n’est donc pas énorme. Une quinzaine d’employés y travaillent.

Alors, un ambassadeur de Slovaquie à Washington, ça fait quoi ?

« De façon générale, il s’agit de défendre les intérêts nationaux de la Slovaquie, répond le diplomate. On ouvre des portes pour rencontrer des gens, pour nouer des relations, que ce soit en affaires, dans le sport ou dans le domaine artistique. »

Organiser une rencontre avec un joueur de hockey, ça fait donc en quelque sorte partie de ce mandat, même si Radovan Javorčík ne subit pas exactement de la torture en assistant à des matchs de hockey.

« Ça permet de joindre l’utile à l’agréable. J’aime le hockey. Mais j’en profite pour rencontrer des gens en coulisses. Si un Slovaque joue, on le publie sur nos réseaux sociaux et on montre que la Slovaquie est représentée. »

M. Javorčík entend bien se reprendre la saison prochaine pour son rendez-vous manqué. « J’ai vu passer le commentaire de Juraj comme quoi il espérait une invitation à souper de moi ou de Martin [Fehérváry]. Les deux sont assurément invités ! »