Brady Tkachuk était convaincu que cette saison serait différente.

Le capitaine des Sénateurs d’Ottawa avait la même impression en 2022-23. Et lors de la saison précédente, également.

L’ancien directeur général Pierre Dorion avait déclaré avec aplomb que la reconstruction de l’équipe était terminée en septembre 2021.

Les attentes étaient très élevées envers les jeunes joueurs de l’organisation – menés par Tkachuk, Tim Stützle, Josh Norris et Thomas Chabot –, et plusieurs s’attendaient à ce qu’ils luttent avec les poids lourds de la section pour le titre dans l’Atlantique.

Les Sénateurs se sont plutôt retrouvés dans la même posture qu’avant la déclaration fracassante de Dorion.

La concession ontarienne, qui semblait finalement sur le point de lutter pour une place en séries éliminatoires après y avoir participé pour la dernière fois en 2017, est présentement 28e au classement général avec seulement 42 points en 47 rencontres.

Ce rendement anémique survient après que les Sénateurs aient abouti en 21e place en 2022-23. Ils avaient terminé au 26e rang lors de la saison précédente.

« Toute l’équipe est déçue, a admis Tkachuk pendant les festivités entourant le match des étoiles le week-end dernier à Toronto. Nous sommes coincés. »

Ce qui ne doit pas particulièrement plaire aux propriétaires de l’équipe.

Michael Andlauer, qui a complété l’achat du club alors que le camp d’entraînement se mettait en branle l’automne passé, a congédié Dorion en novembre en raison d’une transaction bâclée qui a contraint la formation ottavienne à être soulagée d’un choix de premier tour au repêchage.

Un autre début de saison en dents de scie – les partisans de la capitale fédérale en ont connu plusieurs ces dernières années – a également mené au congédiement de l’entraîneur-chef D. J. Smith en décembre.

Jacques Martin, qui fut derrière le banc des Sénateurs de 1996 à 2004, a pris la relève sur une base intérimaire, n’a pu redresser la barre comme en témoigne sa fiche de 9-10-2. Le club ontarien a cependant signé deux victoires consécutives en surtemps avant la pause du match des étoiles et la semaine de congé suivante.

« D. J. fut un très bon entraîneur, a dit Tkachuk à propos de Smith, qui dirigeait l’équipe depuis 2019. Jacques apporte une perspective différente, une manière de penser différente selon les circonstances. »

À moins qu’ils ne connaissent une séquence irrésistible comme celle des Oilers d’Edmonton – leur série de 16 victoires s’est terminée mardi soir –, les Sénateurs rateront les séries éliminatoires pour une septième saison d’affilée.

Dorion, qui fut leur directeur général depuis avril 2016, n’a jamais été en mesure de régler les problèmes de l’équipe devant le filet et au niveau de la profondeur, au cours de cette reconstruction erratique. Cette tâche revient maintenant au président et directeur général Steve Staios, qui devra également prendre une autre décision concernant l’identité de son entraîneur-chef avant la saison 2024-25.

Tkachuk – qui a accepté un contrat de plus de 57,5 millions US un mois après la déclaration de Dorion au sujet de la reconstruction réussie de l’équipe, sera à Ottawa jusqu’en 2027-28 – n’a pu cacher sa frustration quant à la tournure des évènements.

« Nous avions de grandes attentes pour cette saison, a dit le pugnace attaquant. Nous n’avons pas atteint nos objectifs… et c’est la faute des meneurs de cette équipe. »

Tkachuk, qui est âgé de 24 ans, s’est dit encouragé par le rendement de l’équipe depuis quelques semaines – bien qu’il soit fort probablement un peu trop tard –, mais assure ressentir le poids des responsabilités pour une autre saison décevante.

« Ce qui me déçoit le plus, c’est que je ne fais pas ça uniquement pour nous ou notre équipe, mais aussi pour la communauté, a-t-il dit. Les partisans qui ont gardé espoir en nous. Nous voulons leur offrir de bons souvenirs, ceux qu’ils rêvent de vivre. Ils le méritent. C’est ça qui est le plus difficile à vivre, selon moi. Nous avons déçu de nombreux partisans.

« Je déteste cela », a-t-il conclu.