Si on entend la plupart du temps parler de pénurie d’arbitres et de violence dans les arénas, le portrait n’est pas aussi sombre partout dans la province. Sur la Rive-Nord de Québec, les arbitres répondent présents, et les situations problématiques se font rares. Parlons arbitrage… de façon positive.

Sébastien Aubry, co-responsable des arbitres locaux de la Rive-Nord de Québec, au sein de Hockey Québec Chaudière-Appalaches, nous a d’abord appelés pour nous transmettre les disponibilités de la famille Lévesque pour notre entrevue. La conversation a rapidement dévié vers la situation des arbitres dans son secteur. Las de la mauvaise presse qui entoure le métier, il voulait parler du beau, de ce qui se passe bien.

La région de Chaudière-Appalaches comprend 992 arbitres accrédités cette saison ; c’est la région qui en compte le plus. Aubry est responsable des horaires de 348 d’entre eux, situés sur la Rive-Nord de Québec, laquelle comprend Saint-Augustin-de-Desmaures, toute la ville de Québec, la couronne nord (Lac-Beauport, Stoneham, Valcartier…), Côte-de-Beaupré et l’île-d’Orléans. « On a à peine besoin de faire du recrutement », nous dit-il.

Des jeunes de 13 à 15 ans, on n’en manque pas ! Les jeunes aiment ça parce que ça reste que c’est une petite jobine extrêmement flexible qui est rattachée à quelque chose qui est le fun. La plupart du temps, bien évidemment, ce sont de jeunes joueurs qui commencent.

Sébastien Aubry, co-responsable des arbitres locaux de la Rive-Nord de Québec

La paie, pour un match, varie selon les catégories et les tâches. Elle se situe entre « 20 $ et 50-60 $ dans le récréatif, un peu plus pour le compétitif », résume-t-il.

Ça se complique un peu quand les jeunes passent l’âge de 16 ans. Leurs disponibilités changent, et ils partent souvent à la recherche d’un travail qui rapporte davantage de sous.

« On a de plus en plus de vétérans, des 45-50 ans, fait savoir Aubry. Mais il y a un gros creux dans le milieu. Chez les 20 à 45 ans, c’est là qu’on a peut-être un peu plus de manque. »

Toujours est-il que son secteur « s’en tire très, très bien », affirme-t-il.

L’« esprit de gang »

Bien sûr, ça ne va pas aussi bien partout au Québec, et Sébastien Aubry en a bien conscience. Il n’y a pas de « recette magique », dit-il, mais ses collègues – Joey Pronovost et Philip Thivierge – et lui ont leurs propres façons de faire qui, peut-être, aident à la rétention.

Aubry est officiel depuis 27 ans. Il est passé par Laval, Québec et Charlevoix. Il arbitre toujours aujourd’hui, en plus d’être juge vidéo pour les Remparts de Québec. Son emploi de co-responsable des officiels, à temps partiel, nécessite un investissement de 24 heures sur 24.

Un vrai passionné, autrement dit.

« On essaie d’être présents sur le terrain, explique-t-il. C’est de faire voyager les [arbitres], mais pas trop non plus. Les gars de Beauport, il ne faut pas qu’ils restent dans leur petite clique de Beauport, il faut qu’ils soient mélangés avec d’autres. »

On est en train de bâtir un maudit bel esprit de gang, et les gars apprécient ça.

Sébastien Aubry, co-responsable des arbitres locaux de la Rive-Nord de Québec

Il demeure que la priorité numéro un est « d’avoir les bons arbitres dans les bonnes chaises », explique-t-il. Une phrase dont Martin St-Louis serait sans doute fier.

« Si tu montes trop vite les arbitres, tu vas les perdre parce que tu vas les mettre dans des positions vulnérables. Les gars, parfois, vont avoir une partie peut-être plus dure, et vont se décourager. »

Aubry se fait aussi un devoir de s’« intéresser » aux jeunes.

« Je parle avec les parents des jeunes qui commencent à arbitrer. Je les encourage, j’essaie d’être positif. Si j’ai entendu dire qu’un jeune a eu un match plus difficile, je vais prendre cinq minutes de mon temps pour le texter ou l’appeler pour lui demander comment il a vécu ça et pour l’encourager. C’est juste de prendre le temps avec eux. »

« Je sais qu’il y a des régions qui sont en pénurie. La situation que je te décris ne s’applique pas partout. Nous, on fait de gros efforts au niveau de l’encadrement. »

Sans anicroche

Encore la semaine dernière, La Presse rapportait un cas de violence envers un arbitre. Frappé au visage par un père en colère, un officiel réclamait une sécurité accrue pour ses pairs. Hockey Québec songe d’ailleurs à mettre en place un projet pilote pour doter ses officiels de caméras corporelles, apprenait-on.

Aubry insiste : des situations problématiques, « il y en a toujours eu et il va toujours y en avoir ». « Il va toujours y avoir des parents crinqués, des coachs plus intenses que d’autres. Mais au nombre de matchs de hockey qu’on a, je pense que c’est faux de dire qu’il y a un problème généralisé. »

Avec les téléphones à portée de main, de plus en plus de situations sont filmées. Les altercations « spectaculaires, on les voit, on les entend ». « Mais pour chaque cas que tu vois à la télé, il y en a combien où on a réussi à désamorcer une situation sur le coup, sur place ? »

Il estime que 99 % des matchs se déroulent « sans anicroche », c’est-à-dire sans cas extrême.

« Quand je dis que 99 % des cas vont bien, ce que je veux dire, c’est que la personne peut ne pas être d’accord, mais elle va passer par-dessus et à la fin de la partie, merci bonsoir, on passe au prochain appel. »