(Montréal) Dans cette ligue, tout le monde parle de contrôler ce qu’il est possible de contrôler, mais ce n’est pas si facile.

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Prenons le cas de Jake Allen, échangé au moins une fois par semaine sur les réseaux sociaux depuis le mois d’octobre.

Le gardien du Canadien doit jouer avec l’assurance de celui qui est imperturbable, mais récemment, avec ces rumeurs qui grossissent, ça doit être assez difficile de faire ça. Ce qui peut mener à des soirées plus difficiles, comme celle de samedi au Centre Bell, où les Capitals de Washington ont récolté une victoire de 4-3.

Est-ce entièrement la faute du gardien ? Bien sûr que non. Mais à partir du premier but de la visite, sur un tir d’Anthony Mantha qui entre dans la catégorie de ceux qu’un gardien aimerait revoir, Allen a semblé hésitant, en manque de confiance, nerveux sur le moindre tir, au point d’accorder de nombreux retours.

PHOTO ERIC BOLTE, USA TODAY SPORTS

Anthony Mantha marque un but face à Jake Allen.

C’est la nature du jeu, je suis dans cette ligue depuis assez longtemps pour savoir que parfois, il y a de longs moments où on voit très bien la rondelle. Mais il y a aussi des moments où c’est le chaos complet devant soi… Il faut savoir naviguer là-dedans.

Jake Allen

Allen continue à dire que les rumeurs ne le dérangent pas, mais en même temps, ces rumeurs-là réussissent à se faufiler jusqu’à lui malgré tout.

« C’est quelque chose qui dérange plus mes parents… Moi, je sais que ça fait partie du jeu. Ça a commencé en novembre ou en octobre, et ça va devenir encore plus intense à mesure que la date limite des échanges (le 8 mars) va approcher.

« Mais je n’ai aucun contrôle là-dessus. Ce sont des rumeurs, et la plupart des gens qui spéculent le font pour le simple fait de spéculer. Quelqu’un m’a dit l’autre jour que j’étais échangé au Colorado, et mon téléphone a failli exploser tellement j’ai reçu de messages… »

En attendant, des performances comme celle de samedi soir ne vont pas aider Kent Hughes si jamais il souhaite passer à l’action d’ici à la date que l’on sait.

Depuis le début de la nouvelle année, Jake Allen n’a qu’une seule victoire en six matchs, et on ne sent pas le club en pleine confiance quand c’est lui qui est d’office, bien que le Canadien était à un seul but de pouvoir passer à la prolongation samedi soir.

Martin St-Louis, lui, doit s’assurer que tout le monde puisse rester concentré malgré les rumeurs.

« On parle tout le temps de contrôler ce qu’on peut contrôler, a répondu le pilote montréalais. Il y a des moments plus stressants parfois. Mais il faut se concentrer sur la journée qui est devant nous. Les autres affaires qui vont peut-être arriver, ça donne rien de s’en faire avec ça. C’est le futur, ça. Il faut se concentrer sur le présent. »

PHOTO GRAHAM HUGHES, LA PRESSE CANADIENNE

Aliaksei Protas a marqué en troisième période.

Avec tout ça et mine de rien, le Canadien ressemble de plus en plus au Canadien de la saison dernière, celui qui avait conclu la saison au 28e rang du classement général. Samedi soir, le club occupait le 26e rang de ce même classement.

On peut bien voir quelques signes de progrès, entre autres l’émergence possible d’un véritable premier trio — Nick Suzuki a réussi son 20e but de la saison samedi soir –, les résultats du club, pour l’heure, demeurent à peu près les mêmes.

Reste à voir si les joueurs seront encore les mêmes après le 8 mars, et puis d’ici là, peut-être que Jake Allen ferait mieux de mettre son portable en mode muet.

En hausse

Arber Xhekaj

PHOTO ERIC BOLTE, USA TODAY SPORTS VIA REUTERS CON

Arber Xhekaj

Un bon match dans l’ensemble et aussi un but, son deuxième de la saison, chronométré à 102,2 milles à l’heure selon Sportsnet.

En baisse

Jake Allen

Un très mauvais but pour partir la soirée, et ensuite, un nombre beaucoup trop élevé de mauvais rebonds.

Le chiffre

10

Nick Suzuki a marqué, ce qui signifie un dixième match de suite avec au moins un point.

Dans le détail

Une fierté et une déception pour Xhekaj

Arber Xhekaj a reçu un appel inattendu avant le match. C’était son père, Jack. Le 17 février 2008, le Kosovo déclarait son indépendance de la Serbie, et le paternel, un réfugié du Kosovo, tenait à rappeler l’importance de la date à son fils. « D’ordinaire, il ne m’appelle pas avant un match, il travaille toujours ; c’est la première fois qu’il fait ça ce week-end, a révélé Xhekaj, après le match. Il a dit : marque pour moi et pour le jour de l’indépendance du Kosovo. » Le match n’était vieux que de 5 min 4 s quand il a exaucé le vœu de son père, sur un puissant tir frappé, rendu possible par une rondelle gagnée par Alex Newhook en territoire défensif. Cela dit, le colosse défenseur s’en voulait après le match. Sur le troisième but des Capitals, il s’est fait prendre par le vétéran Max Pacioretty, qui l’a semé avant de rejoindre Sonny Milano devant le filet. « Je voulais juste ne pas être déporté vers la bande, mais mon bras est resté coincé derrière lui. C’est ce qui arrive quand je suis trop agressif », a déploré Xhekaj. Il termine donc la soirée avec un bilan neutre, ce qui représente néanmoins une amélioration après des soirées où il était dans le négatif.

Un point et des chances ratées

La séquence de Juraj Slafkovsky se poursuit. Avec une passe sur le but de Nick Suzuki, il a en effet prolongé à huit sa séquence de matchs avec au moins un point (6-6-12). Sauf que le grand ailier, généralement souriant et décontracté devant les médias, est apparu avec un air grave comme on le voit rarement. En fait, c’est comme s’il n’avait pas eu le temps de décolérer après une fin de match frustrante. Au son de la sirène finale, il a en effet claqué son bâton de toutes ses forces sur la bande ; quelques secondes plus tôt, il avait raté un tir dans un filet qui semblait désert, mais la rondelle a été bloquée. « [Dans la dernière minute], il a eu trois très bons tirs, il a atteint la cible les trois fois, a rappelé Martin St-Louis. Sur un des tirs, ça passe près de l’épaule et du bloqueur du gardien. Sur le troisième, John Carlson l’a bloqué. Je sais que le filet a l’air désert, mais il ne l’est pas s’il y a du monde devant. Mais je ne suis pas surpris qu’il soit émotif après le match. Il est affamé et veut faire la différence. » Slafkovsky a fini la soirée avec 12 tentatives de tir ; clairement, le jeunot hésitant à tirer est chose du passé.

Des minutes pour Edmundson

Joel Edmundson était de retour au Centre Bell pour la première fois depuis qu’il a été échangé aux Capitals. Le Canadien a souligné son passage après une pause publicitaire en le présentant à l’écran géant, ce qui lui a valu des applaudissements des spectateurs, mais pour citer un loustic sur la passerelle, l’ovation record réservée à Maurice Richard au Forum n’a pas été menacée. Normal pour un défenseur certes apprécié de ses coéquipiers, mais peu spectaculaire et trop souvent blessé ces dernières années. Edmundson est contraint à un rôle plus limité à Washington cette saison, mais samedi, il a dû se sentir comme lors de sa fameuse saison 2021, au cours de laquelle lui, Shea Weber, Jeff Petry et Ben Chiarot formaient le quatuor de confiance en défense. C’est que Martin Fehervary a quitté le match après seulement trois minutes, victime d’une blessure à une jambe. Les Capitals ont donc terminé le match à cinq défenseurs, et Edmundson a passé près de 22 minutes sur la patinoire, son deuxième total de la saison.

Guillaume Lefrançois, La Presse