Catherine Dubois a « douté ». Tous les jours.

Gravitant autour de l’équipe de Montréal de la Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF) avec deux contrats de dix jours cette saison – le maximum disponible –, elle se demandait bien ce qu’elle devait faire de plus pour obtenir sa chance de signer un contrat standard. La Québécoise a commencé à croire qu’elle ne l’aurait peut-être pas, sa chance, après tout.

Bzzzt. Avance rapide jusqu’à dimanche après-midi. Dubois a terminé la rencontre des Montréalaises face au Minnesota, une victoire de 2-1 devant une Place Bell remplie, au côté de Marie-Philip Poulin sur le premier trio.

Parce qu’elle l’a finalement signé, son contrat. La directrice générale, Danièle Sauvageau, l’a contactée la veille, après le retour de l’équipe de Toronto, pour lui annoncer la nouvelle.

J’ai immédiatement appelé mes parents. C’était un moment émotif. On a tous pleuré ensemble. Je viens d’une famille de travaillants. On n’a rien de facile dans la vie. Mais on réussit malgré tout.

Catherine Dubois

Quand elle parle d’un « moment émotif », on la croit. Elle aura la voix tremblotante pendant toute son allocution d’une dizaine de minutes devant la presse.

« C’est un rêve d’enfance, souligne-t-elle. Je suis vraiment contente et soulagée. C’était beaucoup de stress, de ne pas savoir où j’allais, ce qui se passait. »

Et au fil de la rencontre, non seulement elle était sur la patinoire devant famille et amis, mais en plus Kori Cheverie a fini par la jumeler avec Poulin et Claire Dalton sur la première vague. L’impact s’est fait sentir, « Pou » obtenant de bonnes chances en troisième période. Qu’a vu l’entraîneuse-chef chez Dubois pour lui offrir cette promotion ?

« Elle est juste très prévisible, dans le bon sens du terme, a-t-elle expliqué. On sait qu’elle joue avec férocité, qu’elle n’a pas peur, qu’elle va sortir la rondelle des coins. »

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Claire Dalton (42), Ann-Sophie Bettez (24) et Natalie Buchbinder (22)

Cheverie a jonglé avec tous ses trios, dimanche. Elle voulait « donner de l’espace à un peu tout le monde ».

« Dubois répond toujours présente. Elle n’a pas le temps d’y penser, parce que je prends ces décisions sans préavis. Elle doit donc juste se lancer sur la patinoire, mais elle a la personnalité pour ça. »

L’annonce du contrat de Dubois s’est faite conjointement avec celle indiquant que la défenseure Dominika Lásková avait été placée sur la liste des blessées à long terme.

« C’est triste de voir qu’une de nos joueuses ne pourra pas jouer pour un bout, a souligné Claire Dalton. Mais je pense que Dubs a prouvé qu’elle peut être une belle présence dans notre vestiaire et sur la glace. »

Une rencontre au sommet

Cette rencontre mettait aux prises deux équipes au sommet du classement général. Avec cette victoire, les Montréalaises sont parvenues à consolider leur deuxième position, réduisant l’écart à un seul point avec les Minnésotaines, justement. Claire Dalton et Sarah Lefort ont marqué pour les locales.

Montréal a pris les devants rapidement en première période, gracieuseté de Dalton en avantage numérique, sur un tir dévié à l’embouchure. Les 10 172 partisans de la Place Bell percolaient encore vers leurs sièges à ce moment.

Au moins, la plupart d’entre eux étaient bien assis lorsque le Minnesota a obtenu son premier tir, après 13 minutes de jeu. Quelques instants plus tard, malgré le lent départ des visiteuses, Kendall Coyne Schofield leur a permis de créer l’égalité en enfilant son 4e de la saison.

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Kendall Coyne Schofield (26) et la gardienne Elaine Chuli

Cette marque a tenu pendant une bonne partie d’une deuxième période bien disputée. Le Minnesota a même pris l’ascendant sur l’allure de la rencontre, mais la gardienne des Montréalaises, Elaine Chuli, a brillamment veillé au grain.

Chuli et Ann-Renée Desbiens forment un des bons tandems de gardiennes dans le circuit. Au grand plaisir de Cheverie.

« C’est bien, parce que je n’ai pas à m’en inquiéter, souligne la technicienne. Je n’en perds pas le sommeil. Mais je perds le sommeil sur d’autres aspects ! »

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L’entraîneuse-chef Kori Cheverie derrière le banc de l’équipe montréalaise

Comme l’avantage numérique, justement. Ç’a été le talon d’Achille de l’équipe jusqu’ici. La réussite de Dalton, en première, était la première fois en 25 occasions que Montréal marquait dans de telles circonstances.

Le deuxième but, il est survenu 15 secondes après la fin d’une punition des visiteuses. Sarah Lefort s’est emparée d’un retour à l’embouchure d’un filet complètement ouvert et a redonné les devants aux favorites de la foule.

En troisième, Montréal a défendu son avance avec confiance. La meilleure occasion est venue en infériorité numérique : Poulin s’est échappée, a pris un bon tir du revers… et la rondelle a heurté la barre transversale alors que l’on a senti la Place Bell prête à exploser.

Chuli s’est occupée du reste. Ses neuf arrêts seulement en troisième période ont permis à Montréal de conserver sa mince avance.

Et aux nombreux partisans de danser au rythme du Bal masqué de La Compagnie créole.