« C’est dur de te tromper quand tu fais quelque chose que tu aimes vraiment », lâche David Beaucage.

De Pascal Leclaire à Luc Robitaille, en passant par Manon Rhéaume, Marc Messier et Jean-Sébastien Giguère, plusieurs dizaines d’acteurs de l’univers du hockey sont passés par la balado Drette su’l tape de David Beaucage. Balado qui a célébré le 15 février son 200e épisode, devant public en plus.

Notre rencontre avec Beaucage se déroule dans la loge de l’Ausgang Plaza, une salle de spectacle située sur la Plaza Saint-Hubert, à Montréal. Dans deux heures, vers 20 h, l’humoriste de métier montera sur la scène devant près de 200 fidèles auditeurs venus assister à l’enregistrement du 200e épisode de Drette su’l tape. Alexandre Daigle, tout premier choix du repêchage de 1993, est l’invité pour l’occasion.

L’humoriste porte un chandail de l’Avalanche du Colorado identifié Peter Forsberg, son idole de jeunesse. Comme il a invité les membres du public à se présenter avec leur chandail de hockey préféré, l’allure de la salle est intéressante : un chandail de Chris Higgins par-ci, un autre de Pavel Bure par-là, un de Mario Lemieux ici…

« J’ai tout le temps des stickers sur moi pour en donner à du monde. J’écris des niaiseries. J’ai dit aux gens : “Si vous mettez un jersey ce soir, je vous donne un sticker.” »

Ce soir, donc, c’est une communauté qui se réunit après huit ans à écouter, dans l’auto ou à la maison, en voyage ou au chalet, une émission balado entièrement consacrée au hockey.

« Je dis tout le temps que je suis le contre-exemple de podcast, dit Beaucage. Quand tu sors de l’École nationale de l’humour, t’es supposé te faire connaître pour des affaires drôles, punchées, courtes. Moi, je fais des entrevues longues, pas punchées et de hockey. C’est complètement à contresens.

« En même temps, c’est une bonne chose dans le sens où je n’ai pas intellectualisé ça quand j’ai commencé. J’ai juste suivi mes passions. C’est dur de te tromper quand tu fais quelque chose que tu aimes vraiment. »

Les débuts

David Beaucage a toujours été animé de deux grandes passions : l’humour et le hockey. « Jim Carrey, Forsberg… Tout ça en parallèle », dit-il en mimant deux lignes avec ses mains.

Quand il est sorti de l’École nationale de l’humour, en 2013, les balados étaient déjà chose populaire. Les longues entrevues avec des humoristes étaient fréquentes, mais rien de ça n’existait dans le monde du hockey au Québec.

J’ai créé le podcast à partir de ce que moi je voulais entendre comme fan.

David Beaucage

À l’été 2016, Beaucage a discuté avec son ami Thomas Sychterz, un Québécois ayant gardé les buts de l’Université Princeton pendant quatre ans, de 2005 à 2009. Ce dernier a embarqué dans l’aventure avec lui, à titre de producteur.

« Tom connaissait Mike Condon ; il lui a succédé à Princeton. Quand tu commences, personne ne te connaît. J’étais encore moins connu de l’humour. Là, tu écris à des gens. Tu dis : “Allô, on a un podcast, viendrais-tu ?” [Les gens disent] : “T’es qui ? Pourquoi j’irais ?” »

Après quelques épisodes « pilotes », Beaucage a reçu son premier invité officiel : Pascal Leclaire. « Il m’avait googlé, avait vu mon numéro à En route vers mon premier gala et s’était dit : “Ah, c’est drôle ça, je vais venir à ton podcast.” »

À la recherche d’un studio, l’humoriste a opté pour son ancienne chambre d’enfant, dans la demeure de ses parents, à Rosemont. Les frères de sa bonne amie Katherine Levac, qui travaillent dans le milieu de la musique, l’ont aidé à se procurer le matériel nécessaire.

« Les invités arrivaient et étaient comme : “On est où là ?” Je disais : “Chez mes parents.” Ils répondaient : “OK, tu habites ici ?” Je répondais : “Non.” »

PHOTO FOURNIE PAR JUSTINE BOUCHER

David Beaucage, Alexandre Daigle et Charles Pellerin

Lors de la première saison, Beaucage a reçu Mike Condon – et son quatre pack de bières –, Gilles Lupien et Angelo Esposito, entre autres. Le tout dernier épisode de la saison a été celui qui, croit l’animateur, lui a donné une crédibilité auprès du public ; Chantal Machabée était l’invitée. « Il y a un avant et un après [cet épisode]. »

« C’était en février ou en mars, il y avait une énorme tempête de neige. J’avais dit à ma coordo : “[Chantal] va t’appeler et annuler, elle habite dans le Nord.” Et à un moment donné, j’ai catché qu’elle n’annulerait pas. […] Elle a été vraiment généreuse de son temps. »

Au fil des années et des saisons, des traditions sont nées. Comme l’épisode annuel du Championnat du monde junior avec Stéphane Leroux et Charles Pellerin, humoriste et bon ami de l’animateur.

Mission Forsberg

Aujourd’hui, Drette su’l tape compte environ 500 abonnés sur la plateforme Patreon. Ceux-ci paient de 3 à 9 $ par mois pour avoir accès à des exclusivités. Cet argent permet de « faire vivre le podcast ».

Évidemment, l’argent est loin d’être la motivation principale de l’humoriste, qui s’amuse comme un petit fou dans chacun de la vingtaine d’épisodes que dure une saison. Drette su’l tape lui a d’ailleurs permis de faire nombre de rencontres marquantes, dont celle de Forsberg.

C’était en 2018, lors de la deuxième saison de la balado. Beaucage et Sychterz ont lancé une campagne de sociofinancement intitulée Mission Forsberg.

« J’avais demandé aux gens si ça leur tentait qu’on fasse un épisode où on part à la recherche de Forsberg en Suède. Je me disais : “On va peut-être être huit à trouver ça cool.” Rapidement, les gens ont dit : “Oui, faites-le !” En deux semaines ou un mois, c’était réglé. Je pense qu’on avait amassé un petit peu plus de 4000 $. »

Quelques mois plus tard, les amis se rendaient en Suède afin de rencontrer Forsberg. « Il était super fin, on a fait une heure et quelque avec lui. Il avait raconté plein d’anecdotes sur Patrick Roy, on lui avait donné un hoodie de Drette su’l tape. »

En ce 15 février, il est l’heure d’aller rencontrer Alexandre Daigle qui, au cours des deux heures trente minutes que durera l’épisode, se confiera sur différents moments de son parcours, sur sa relation avec son père, avec son fils et avec ses anciens entraîneurs… Le tout devant un public très, très attentif.

« Es-tu fier ? demande-t-on simplement à Beaucage pour ultime question.

— Je suis très fier. »

Le 200e épisode de la balado Drette su’l tape sera disponible ce lundi en exclusivité sur la plateforme Patreon, puis offert au grand public le 4 mars.