(Pittsburgh) Les occasions de célébrer n’ont pas manqué, au cours des dernières semaines, chez les Penguins de Pittsburgh.

Il y a eu le 1000match de Lars Eller, puis celui de l’ex-Penguin Marc-André Fleury, aussi devenu le deuxième gardien de l’histoire de la ligue au chapitre des victoires. Plus récemment, on a consacré tout un week-end à Jaromir Jagr, dont on a célébré la carrière et retiré le numéro 68.

Le hic, c’est que ces moments d’exaltation ne se sont pas invités sur la glace. Dans le vestiaire, mercredi matin, l’ambiance n’était pas à la fête. Les visages étaient longs, les réponses courtes.

L’équipe a perdu cinq de ses six derniers matchs, dont celui de dimanche, contre les Kings de Los Angeles, sous les yeux de Jagr, de Mario Lemieux et de la plupart des plus grands joueurs de l’histoire de l’organisation.

« Celui-là, on voulait absolument le gagner, a avoué Kristopher Letang. On a joué un très bon match, mais on n’a pas été capables d’aller chercher le but qui allait leur faire mal. On a perdu deux points assez précieux. »

PHOTO CHARLES LECLAIRE, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Kristopher Letang

À la suite de cette défaite, qui a été suivie par un autre revers, en prolongation celui-là, contre les Islanders de New York mardi, les Penguins se retrouvent à huit points du dernier rang donnant accès aux séries éliminatoires. L’ancien club d’Alexei Morozov a certes des matchs en main, mais l’écart reste considérable, à plus forte raison avec trois clubs à devancer pour frapper à la porte du détail.

L’année dernière, les Penguins ont raté les séries pour la première fois depuis la première saison de Sidney Crosby, en 2005-2006. La perspective de les rater deux fois de suite est désormais bien réelle.

« Ce n’est pas facile à accepter, a poursuivi Letang. Quand [le directeur général] Kyle Dubas est arrivé l’été dernier et a fait de gros changements, il a essayé de nous donner une chance de nous reprendre, de nous racheter par rapport à l’an dernier. Il faut qu’on se mette à gagner, sinon on va les rater [les séries].

« Je ne dirais pas que c’est frustrant, a laissé tomber le défenseur de 36 ans. Je dirais que c’est décevant. »

Problèmes

Il est difficile de ne pas se gratter la tête d’incrédulité en comparant la formation des Penguins à sa position au classement.

Vu la présence de plusieurs hauts salariés, la profondeur en attaque et en défense s’en ressent forcément. On imaginerait tout de même qu’un club comprenant Sidney Crosby, Evgeni Malkin, Kristopher Letang et Erik Karlsson s’en serait mieux sorti.

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Sidney Crosby

L’avantage numérique a été le principal talon d’Achille de ce groupe. Car oui, ce sont bien les Penguins qui, en vertu d’un taux de succès famélique de 13,5 %, pointent au 30rang du circuit. Cela en dépit de la présence sur la glace de quatre futurs membres du Temple de la renommée.

Les autres explications sont plus abstraites. Car à cinq contre cinq, les statistiques font état d’une équipe qui manque certes de finition en attaque, mais qui devrait théoriquement être en bien meilleure posture. Où chercher, alors ?

« Une bonne équipe, ça commence avec de la chimie, et ç’a été un peu plus difficile en début de saison de bien jouer ensemble », a souligné le défenseur Pierre-Olivier Joseph.

Le gardien Tristan Jarry, qui connaît par ailleurs une bonne saison sur le plan individuel, a noté le manque de « constance » de son club. « Quand on joue bien, on est une des meilleures équipes de la ligue, mais on est incapables de montrer [ce visage] tous les soirs », a-t-il analysé, ciblant en outre des lacunes sur le plan de la structure et du positionnement.

Abondant dans le même sens, le défenseur Marcus Pettersson a ajouté que ses coéquipiers et lui avaient « échappé quelques matchs serrés qu’[ils] auraient dû gagner ».

Serré

Voilà probablement la conséquence la plus évidente des problèmes évoqués plus haut. Les Penguins ont été impliqués, jusqu’ici, dans 23 duels qui se sont soldés par une marge d’un but. Ils en sont sortis victorieux seulement sept fois. Leur taux de victoires de ,304, dans ces circonstances, est le pire de la LNH. À peine quelques buts en plus se seraient automatiquement convertis en points au classement.

« C’était le sujet de notre réunion d’avant-match contre les Islanders, a affirmé Pierre-Olivier Joseph. Un match comme celui-là, on ne voulait pas le laisser passer. Ce sont de petits détails qui vont nous faire mal à la fin de l’année. »

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Lars Eller et Pierre-Olivier Joseph

En point de presse, l’entraîneur-chef Mike Sullivan s’est étrangement braqué lorsqu’il a été interrogé sur les difficultés de son groupe à convertir les matchs serrés en victoires.

C’est facile de tirer des conclusions à partir d’une statistique, mais ça manque de contexte. On peut regarder combien de matchs on a perdus par un but, mais combien d’écarts de plusieurs buts avons-nous transformés en écarts d’un but parce que nous sommes revenus de l’arrière pour nous donner une chance de gagner ? Il faut regarder plusieurs statistiques pour tenter d’avoir la vraie histoire, ce qui se passe vraiment. Notre personnel d’entraîneurs possède ce contexte, que vous n’avez pas.

Mike Sullivan, entraîneur-chef des Penguins

Fort bien. Mais la vilaine position dans laquelle se retrouve cette équipe, elle, est bien réelle. Personne ne baisse toutefois les bras.

« Ça peut changer rapidement, a rappelé Marcus Pettersson. On doit simplifier les choses, ne pas penser au mois de mars. »

« On apprend de nos erreurs, a assuré Pierre-Olivier Joseph. Je suis persuadé qu’avec l’équipe qu’on a, avec tout ce talent-là, on va trouver le moyen d’aller chercher les points nécessaires. Je ne vois pas pourquoi la chance ne tomberait pas de notre côté. Les victoires s’en viennent, j’en suis sûr. »

On ne pourra reprocher au Québécois son manque d’enthousiasme et d’optimisme. Ça tombe bien, son équipe en a justement grand besoin.