« Je suis tout de suite allée la voir et j’ai dit : “Claire Bobby Dalton Orr !” »

Ces mots sont ceux de Marie-Philip Poulin, samedi soir, après la victoire convaincante de 6-3 de l’équipe montréalaise contre celle d’Ottawa. À son côté en point de presse d’après-match, la principale intéressée, Claire Dalton, a esquissé un sourire gêné.

La citation de Poulin qui coiffe cet article fait référence au premier des trois buts inscrits par Dalton, alors qu’une égalité de 1-1 persistait en fin de deuxième période. Après être entrée en zone offensive avec la rondelle, Dalton a contourné la défenseuse devant elle avant de couper au filet et de déjouer habilement la gardienne, Emerance Maschmeyer. La rondelle a traversé la ligne rouge alors que Dalton volait dans les airs, rappelant le flying goal de Bobby Orr en 1970. Ce but était aussi le premier de l’équipe montréalaise en désavantage numérique cette saison.

« C’était incroyable », de dire Poulin, qui a récolté trois mentions d’aide dans la victoire. « C’est un but qui va être dans les faits saillants, c’est sûr ! Il était vraiment important pour notre équipe. [Il nous a permis] d’aller dans la chambre, de nous parler, de nous regrouper et de vraiment avoir le dernier 20 minutes avec l’avance. C’était super important. »

Dalton a marqué une deuxième fois en milieu de troisième période pour creuser l’avance de Montréal à 4-2. Bien positionnée devant le filet, elle a habilement fait dévier un tir d’Erin Ambrose.

Nous avons toujours du temps libre pendant les pratiques, ce que j’apprécie, et [Brigitte] Laganière et [Catherine] Daoust me lancent toujours des rondelles. Je vais leur donner du crédit pour ça.

Claire Dalton

L’attaquante de 23 ans a ajouté un troisième but en fin de période, le cinquième de son équipe, en poussant la rondelle entre les jambières de Maschmeyer. Quelques chapeaux ont volé sur la patinoire.

En point de presse, Dalton ne se souvenait pas avoir déjà inscrit un tour du chapeau dans sa jeune carrière. « Je n’en ai jamais réussi à l’école, alors je pense que ce n’est jamais arrivé… »

« C’était fou. Je ne m’attendais pas à ça, je peux vous le dire. C’est génial de jouer avec Pou [Marie-Philip Poulin] et Stace [Laura Stacey], elles m’inspirent confiance. Kori aussi, avec tous les mots positifs après chaque présence. »

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Claire Dalton a marqué un but mémorable samedi.

« Ça ne peut pas être vrai »

Originaire d’Etobicoke, en Ontario, Claire Dalton a passé les cinq dernières saisons avec les Bulldogs de l’Université Yale, où elle a été capitaine à sa dernière saison. Elle a été un choix de 12tour de l’équipe montréalaise au repêchage. Avant le match de samedi, elle avait cumulé deux buts et une passe en 12 rencontres.

Mercredi dernier, l’entraîneuse-chef Kori Cheverie a décidé de la jumeler à Poulin et Stacey sur le premier trio. « J’étais avec ma cochambreuse quand j’ai reçu l’alignement et j’étais comme : ça ne peut pas être vrai. Mais ils n’ont jamais réglé ça [fixed it] », a lâché la jeune femme avec un sourire timide.

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Marie-Philip Poulin lutte pour se positionner devant le filet adverse.

Poulin, qui a eu plusieurs partenaires de trio différentes depuis le début de la saison, n’a pas ménagé ses compliments à l’endroit de sa coéquipière.

Je pense que c’est juste le commencement de quelque chose de gros ici à Montréal pour Claire Dalton.

Marie-Philip Poulin

« Pour être honnête, je suis tellement fière d’elle et tellement contente pour elle. C’est quelqu’un qui est venu direct de l’université. Elle a été repêchée ici et elle était prête. Elle a eu l’occasion d’être sur la première ligne et elle a tenté sa chance. Elle le mérite. Il n’y a pas beaucoup de joueuses qui pourraient contribuer comme elle l’a fait aujourd’hui. Ça prouve juste la confiance et le talent qu’elle a. »

60 minutes

De l’avis de Kori Cheverie, la formation montréalaise a disputé samedi sa meilleure performance sur 60 minutes depuis le début de la saison, malgré les tirs de 31-25 à l’avantage d’Ottawa.

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L’entraîneuse-chef de Montréal, Kori Cheverie

J’ai eu l’impression que c’était notre match le plus complet avec ce qu’on leur demande de faire.

Kori Cheverie

Voilà plusieurs semaines que l’entraîneuse-chef martèle l’importance de connaître un bon début de match. Ce fut mission accomplie cette fois. Attaquantes et défenseuses ont commencé la rencontre avec aplomb, intensité et rapidité. La deuxième période a été plus lente, mais Montréal est tout de même retourné au vestiaire avec une avance de 2-1.

Les choses se sont gâtées au troisième tiers. Chaque fois que les locales arrivaient à creuser leur avance, Ottawa marquait rapidement. Montréal a joué avec le feu en milieu de période, alors qu’il avait les devants 4-2 ; Daoust et Mariah Keopple ont été punies coup sur coup, offrant un cinq contre trois aux Ontariennes, qui ont marqué.

« C’est quelque chose qu’il faut ajuster, on doit être plus disciplinées », a indiqué Poulin à ce sujet.

« J’aimerais qu’on ait un instinct du tueur qui nous fait marquer un premier but, puis un deuxième, un troisième et un quatrième, a de son côté déclaré Cheverie. Je pense que nous allons finir par y arriver, mais nous devons avoir cette mentalité de ne jamais arrêter. »