Il y a 17 ans dimanche, le défenseur du Canadien Craig Rivet passait aux Sharks de San Jose à deux jours de la date limite des transactions. Cet échange peut paraître lointain, mais il vaut son pesant d’or encore aujourd’hui. Il a rapporté en fin de compte ce centre numéro un dont les fans du CH rêvaient depuis des décennies…

Cette transaction illustre aussi parfaitement à quel point les vendeurs détiennent le gros bout du bâton à cette période de l’année et qu’il y aura toujours des directeurs généraux assez cupides pour mordre.

Rivet n’était pas le plus doué des défenseurs. Choix de troisième tour du Canadien en 1992, il est parvenu à maximiser son talent à force de travail, d’acharnement et de robustesse. Il a réussi à s’immiscer dans le top 3 défensif avec Andrei Markov et Sheldon Souray un peu par défaut. Grand copain de Saku Koivu, il faisait aussi partie du groupe de leaders de l’équipe.

Le Canadien allait rater les séries au printemps 2007 et Rivet était à quelques mois de son autonomie complète. Il connaissait en outre une saison désastreuse, au point d’avoir été rayé de la formation au cours de l’hiver par son entraîneur Guy Carbonneau.

Rivet avait connu un sommet en carrière la saison précédente avec 34 points, mais s’acheminait vers un rendement plus habituel de 24 points. Malgré tout, ce type de défenseur costaud et robuste faisait (et fait encore) saliver bien des directeurs généraux dont les clubs aspirent à la Coupe Stanley. Doug Wilson a donc craché un choix de premier tour en 2007 pour l’obtenir.

Les Sharks ont éliminé les Predators de Nashville au premier tour, mais perdu en six matchs aux mains des Red Wings au second. Rivet a néanmoins assez impressionné la direction des Sharks pour mériter une prolongation de contrat de quatre ans pour 14 millions, mais sera échangé aux Sabres pour deux choix de second tour un an plus tard.

Le Canadien a donc hérité du 22e choix au total des Sharks, en plus de son propre choix de premier tour au 12e rang. C’était l’année où les fans du Canadien rêvaient au Montréalais Angelo Esposito comme la génération suivante salivait à l’idée de voir le CH mettre la main sur Shane Wright.

Le choix de Ryan McDonagh, un défenseur en provenance d’une école secondaire pour une deuxième année consécutive, après David Fischer, n’a pas gagné de concours de popularité, surtout avec Esposito toujours disponible.

Les fans ont rêvé jusqu’au 20e rang. Les Penguins ont mis fin au suspense en repêchant ce centre des Remparts de Québec. Pour plusieurs, Max Pacioretty constituait un prix de consolation au 22e rang. Mais l’était-il vraiment ? L’organisation aurait-elle cédé à la pression populaire comme elle l’a fait deux ans plus tard avec Louis Leblanc ? Difficile à dire.

Max Pacioretty a mis quelques années à s’établir, il a même exigé lui-même une rétrogradation dans la Ligue américaine en début de carrière, mais au faîte de sa carrière, entre 2011 et 2017, il a marqué en moyenne 35 buts par saison. L’erreur aura été de le nommer capitaine.

Il a été échangé au moment opportun, à 29 ans, aux Golden Knights dans la phase de réinitialisation de Marc Bergevin en septembre 2018 pour un garçon repêché un an plus tôt par Vegas au 13e rang : Nick Suzuki.

Martin Lapointe avait avoué bien candidement il y a quelques années à Louis Jean, alors à TVA Sports, que Suzuki n’avait pas nécessairement été le premier choix du CH.

« Ce n’est pas lui qu’on demandait en premier », avait admis Lapointe, directeur du personnel à l’époque, sans dévoiler le nom du joueur convoité. « Les Golden Knights nous l’ont proposé (Suzuki) et Trevor Timmins nous a dit que ça marchait avec lui. »

Cody Glass, un grand joueur de centre repêché au sixième rang en 2007, et le défenseur gaucher offensif Erik Brannstrom, choisi au 15e rang cette même année, représentaient les deux autres candidats.

Lancer un nom au début des négociations et insister pour avoir Glass, par exemple, sont deux choses. Évidemment, Montréal a été chanceux de voir George McPhee lui proposer Suzuki.

Glass a été échangé en 2021 aux Predators de Nashville pour Nolan Patrick, contraint à l’inactivité depuis mars 2022 en raison de blessures. Après une saison prometteuse de 35 points en 72 matchs à Nashville l’an dernier, Glass, 24 ans, en a obtenu seulement six en 31 rencontres et il se promène du deuxième au quatrième trio, quand il n’est pas rayé de la formation.

Échangé aux Sénateurs pour Mark Stone en février 2019, Brannstrom n’est jamais devenu le défenseur offensif espéré. Il joue surtout un rôle de soutien depuis son arrivée à Ottawa.

Il faudra quand même remercier Craig Rivet. S’il n’avait pas maximisé son talent, et malgré tous les détours en cours de route, Nick Suzuki ne serait pas le premier compteur de l’équipe avec 55 points en 58 matchs aujourd’hui.

Le Canadien a aussi reçu un jeune défenseur, Josh Gorges, dans la transaction. Celui-ci a donné quelques bonnes saisons au CH, avant d’être échangé à Buffalo pour un choix de deuxième tour. Lequel est passé à Chicago dans la transaction pour obtenir Andrew Shaw. Les Hawks ont repêché Chad Krys avec ce choix de Buffalo.

* Merci Costa Rontzocos pour le rappel de cet « anniversaire » sur Twitter !

Du grand Patrick Kane !

PHOTO KAMIL KRZACZYNSKI, USA TODAY SPORTS VIA REUTERS CON

Patrick Kane

Patrick Kane a fait les choses en grand, à son retour à Chicago dimanche, en marquant le but gagnant en prolongation.

Kane, 35 ans, a désormais 28 points en 27 matchs. Il a raté le début de saison pour s’assurer que ses hanches étaient parfaitement remises d’une délicate intervention chirurgicale. Cette blessure a gâché sa courte aventure avec les Rangers de New York.

Désormais rétabli, Kane constitue un cadeau du ciel pour le DG Steve Yzerman puisqu’il a accepté un contrat d’un an pour 2,75 millions.

Les Red Wings accentuent à huit points leur avance sur les Devils du New Jersey, dernier club exclu des séries. Voyons s’ils seront assez solides pour surprendre aussi en séries.