Martin St-Louis gambadait tout bonnement, rue de la Montagne, en fin d’après-midi lundi, quand un type lui a envoyé la main. Ce qu’on appelle un petit lundi pour un homme qui s’adresse plus souvent aux médias qu’un premier ministre.

« Il avait une tuque, un chapeau, et je ne l’ai pas reconnu sur le coup. Donc je lui ai envoyé la main, mais ensuite, j’ai réalisé : câline, c’est coach Tourigny !, a raconté St-Louis, mardi matin, au terme de l’entraînement matinal du CH.

« Donc il a traversé et on a jasé. C’est comique, on a jasé de nos défis, on s’est consolé un peu. Ils n’ont pas gagné en quoi, 12 matchs ? Donc un de nous sera gagnant ce soir. »

La misère rend solidaire, et bien que ce soit une misère de riches, il reste que St-Louis et Tourigny ne rêvaient sans doute pas de diriger des équipes larguées de la course aux séries avec le tiers de la saison à disputer.

« Personne n’a pleuré, on ne s’est pas fait de câlin, a assuré St-Louis. On a parlé des défis qu’on affronte. C’était une bonne conversation. »

Même s’ils viennent du Québec et qu’ils ont un an d’écart, les deux bougres se connaissent très peu. Tourigny n’a jamais joué à un haut niveau et a appris le métier dans le hockey junior québécois, tandis que St-Louis s’est exilé aux États-Unis en 1993 pour passer par la NCAA, et s’est formé comme coach au hockey mineur au Connecticut.

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André Tourigny

« Je ne le connais pas beaucoup, honnêtement, a reconnu Tourigny. Je lui ai parlé pour la première fois au meeting des coachs à Chicago en septembre. Mais on s’est parlé un peu hier. Je sais que ses joueurs l’aiment beaucoup. Il fait une bonne job pour garder un climat sain dans l’équipe dans une situation pas facile. »

Au-delà des résultats

Il y a un monde de différence entre une reconstruction à Montréal et une reconstruction en Arizona. La série de 12 défaites des Coyotes occupe moins d’espace dans l’écosystème médiatique de l’Arizona que la présente séquence de 5 défaites du CH dans les médias québécois. Sauf que dans leur vestiaire, les deux hommes doivent trouver une façon de convaincre leurs joueurs qu’ils jouent mieux que ce qu’indique leur fiche récente.

St-Louis l’a fait en disant, lundi, que ses joueurs venaient de disputer « une de leurs meilleures séquences de cinq ou six matchs de la saison ». La citation a rebondi lors de la mêlée de presse de Tourigny, après l’entraînement des Coyotes.

« Essaies-tu de me faire peur ?, a-t-il blagué au scribe qui a rapporté les propos de St-Louis.

« Comme partisan, comme journaliste, vous regardez les victoires et les défaites, c’est normal. Mais pour les chances de marquer [en contre-attaque], en zone offensive, le nombre de chances accordées, c’est vrai qu’ils sont meilleurs. Leurs underlying numbers (statistiques sous-jacentes] sont meilleurs depuis 10 matchs. »

St-Louis mesure quant à lui la bonne tenue de son équipe par « notre équilibre sur la glace, notre temps passé en zone offensive, nos sorties de zone », a-t-il énuméré.

La débarque

Tourigny trouve lui aussi que son club joue mieux dernièrement, même si l’adversaire finit toujours le match avec plus de buts. Il rappelle toutefois, avec justesse, que son équipe vient de croiser de grosses pointures : Winnipeg, Toronto, Edmonton, le Colorado et la Caroline dans les cinq derniers matchs. Ce que nos collègues anglophones qualifieraient de rangée de meurtriers.

Les statistiques sont sans pitié pour les canidés au cours de cette séquence, notamment dans la colonne des buts accordés (4,67 par match). Des individus en souffrent. Avec une moyenne de 4,50 et une efficacité de ,879, Karel Vejmelka a été le « meilleur » gardien de l’équipe. Le défenseur Sean Durzi, dont l’éclosion s’est poursuivie en première moitié de saison, montre un différentiel de -15 dans les 12 derniers matchs, lui qui affichait un +14 avant cela.

« Quand on était à notre meilleur, dans la course, on était je pense 12e défensivement dans la ligue (ils étaient 13es avant leur séquence de défaites). C’était ça, notre pain et notre beurre. On a du talent, de la vitesse, mais il faut bien jouer défensivement, sinon, tu ne t’en sors pas », a martelé Tourigny.

Connor Ingram défendra le filet des Coyotes mardi soir.