(Nashville) Depuis qu’il joue au hockey, Rafaël Harvey-Pinard évolue à l’aile. Ce n’est ni une qualité ni un défaut, simplement un état de fait.

Mardi matin, toutefois, à quelques heures du duel entre le Canadien et les Predators de Nashville, et alors qu’il se préparait à revenir au jeu après qu’une blessure l’eut privé de plus de trois semaines d’action, le personnel d’entraîneurs l’a averti qu’il serait employé au centre.

Colin White étant tombé au combat la veille à la suite d’un bête accident à l’entraînement, l’équipe ne comptait plus que sur trois centres naturels. Plutôt que de les utiliser en rotation sur le quatrième trio avec trois ailiers qui se partagent les deux autres postes, comme on a tenté de le faire plus tôt cette saison sans grand succès, on a convenu qu’il fallait que quelqu’un se sacrifie. C’est donc Harvey-Pinard qui a piloté l’unité complétée par Tanner Pearson et par Jesse Ylönen.

Bilan de l’expérience ? « Je pense que j’ai du travail à faire au cercle de mise en jeu ! s’est exclamé le Québécois en souriant après la rencontre de mardi. Je vais devoir pratiquer ça avec les autres centres… »

Avant la rencontre, il n’avait été mis à contribution que pour 13 mises en jeu dans la LNH.

Il en avait remporté 4, soit un taux de succès de 30,8 %. Dans les rangs juniors, il a gagné 45 de ses 106 duels (42,5 %) en saison et en séries éliminatoires. S’il devient un jour un spécialiste, on pourra conclure que, comme Corneille, il revient de loin.

Contre les Predators, ça n’a pas exactement été un succès : zéro en cinq. À un certain point, Pearson a pris la relève… à la demande de Harvey-Pinard. Ce dont ne s’est absolument pas formalisé son entraîneur. « Quand on parle des gars qui doivent être responsabilisés ou engagés, c’est ce qu’on veut, a dit St-Louis. Ils essaient de régler leurs problèmes ensemble. C’est parfait. »

Invité à expliquer pourquoi il avait arrêté son choix sur l’attaquant pour s’improviser joueur de centre, St-Louis a affirmé qu’il « n’y a rien qu’il ne peut pas faire sur la glace ».

« Sauf peut-être prendre les mises en jeu ? », a suggéré le représentant de La Presse à la blague.

« S’il se concentrait vraiment là-dessus, je te jure qu’il serait bon vite ! a rétorqué l’entraîneur en souriant. Il est comme un couteau suisse, il est capable de faire un peu de tout. La seule chose que j’espérais quand il était sur la glace, c’est qu’il n’y ait pas de dégagements refusés. Ça, il y en a eu un peu trop… »

Retour hâtif

Du reste, le jeune homme a dit ne pas avoir été trop déboussolé. « Même en n’étant pas au centre, ça arrive dans un match qu’on se retrouve à jouer en bas de territoire [défensif], a-t-il noté. Ce n’était pas si pire. C’est vraiment plus aux mises en jeu qu’il faudra faire des ajustements. »

Après avoir raté 10 matchs, il a assuré s’être senti en pleine forme, encore que la fatigue se soit installée en cours de route. « Ça va revenir, je ne suis pas inquiet. Plus je jouerai de matchs, mieux ça ira. »

Il s’est blessé le 10 février dernier après avoir percuté son coéquipier Joel Armia. L’équipe a alors affirmé qu’il était atteint au « bas du corps ». C’était la cheville, a-t-on appris.

PHOTO NICK WASS, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Rafaël Harvey-Pinard, le 6 février dernier

Fait rare à Montréal : le numéro 49 a déjoué les pronostics et devancé de quelques jours la date de son retour, que l’on n’attendait pas avant la semaine prochaine.

« Honnêtement, on est allés étape par étape, a-t-il assuré. Ç’a vraiment bien été. Tant mieux si ç’a été rapide, je suis juste content d’être de retour et de pouvoir jouer jusqu’à la fin de la saison. »

Avec 20 rencontres encore prévues au calendrier, Rafaël Harvey-Pinard souhaite surtout finir « sur une bonne note ».

« Ce serait bon pour la confiance, a-t-il estimé. On va y aller un match à la fois, il ne faut pas voir trop loin. Mais je vais tout donner. »

Comme d’habitude, finalement.