Les joueuses de la LPHF comprennent que leur nouveau statut de professionnelles vient aussi avec une nouvelle réalité, celle de pouvoir être échangées à tout moment. Ce n’est pas pour autant facile de s’y adapter…

La directrice générale de l’équipe montréalaise, Danièle Sauvageau, a conclu sa première transaction, lundi, date limite des échanges dans la Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF). Elle a acquis la défenseuse de l’équipe d’Ottawa Amanda Boulier, en retour de l’attaquante tchèque Tereza Vanisova.

De toute évidence, c’est la première fois que les joueuses doivent composer avec le départ d’une des leurs. Cet échange constitue, en quelque sorte, un rappel qu’elles peuvent être appelées à changer d’équipe, de ville et de coéquipières à tout moment.

« Ce n’est jamais le fun de perdre une coéquipière, quelqu’un qui était appréciée dans le vestiaire, mais ça fait partie de la business, maintenant. Nous devons nous attendre à ce qu’il y ait des échanges », a dit Catherine Daoust après l’entraînement de l’équipe à l’Auditorium de Verdun.

C’est sûr que moi, j’attendais que le deadline arrive assez rapidement. J’avais hâte de savoir s’il y aurait des [échanges]. J’espérais que ça ne serait pas moi parce que j’adore jouer pour Montréal. Avec l’annonce de Tereza, ça pogne un peu. […] C’est sûr que ç’a été difficile, mais on deale avec.

Catherine Daoust

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Catherine Daoust

Ann-Renée Desbiens, elle, était en plein déménagement lorsque la transaction a été annoncée. C’est son frère qui l’a appelée. Si elle s’est dite « très triste » de voir partir une coéquipière, sa voisine de vestiaire qui plus est, la gardienne de 29 ans a aussi rappelé les faits : « C’est la réalité dans laquelle nous vivons maintenant. Ça va juste arriver encore et encore. Il faut s’y habituer. »

Sauvageau a quant à elle parlé d’une décision « déchirante ». « Pour être capable d’aller chercher ce dont on avait besoin, il y avait un prix à payer », a-t-elle indiqué.

La directrice générale a rencontré Vanisova avant son départ, elle qui savait que « les joueuses étaient nerveuses ce week-end parce qu’elles savaient que ça pouvait arriver ». « Je tenais à [la rencontrer] en personne. Pour elle, c’était difficile de quitter Montréal. »

L’attrait de la maison

La situation n’est pas la même pour toutes les joueuses. Prenons Jillian Dempsey. En étant repêchée au 11tour par Montréal, l’attaquante de 33 ans a dû quitter, pour la toute première fois de sa carrière, la ville de Boston.

Mercredi matin, elle a clairement laissé sous-entendre qu’elle aurait aimé retourner à la maison, lundi. Quand le collègue Nicolas Landry, de RDS, lui a demandé si elle avait demandé à être échangée, Dempsey a répondu qu’elle « aime Boston ».

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Jillian Dempsey (14)

C’est ma maison, mais tout le monde est gentil avec moi depuis que je suis ici [à Montréal].

Jillian Dempsey

Quand elle a expliqué s’ennuyer de sa famille, des larmes sont brièvement apparues au coin de ses yeux. « Toute ma vie est là-bas. […] C’est encore un ajustement, pour être honnête. Mais c’est un travail, et tu dois faire ton travail. »

« Ce n’est pas une chose à laquelle nous sommes habituées, a dit la vétérane. Dans le passé, nous avions un plus grand mot à dire sur où nous allions aboutir. Cette année, c’est très inattendu. C’est un travail. J’essaie de me présenter à l’aréna tous les jours, de faire mon travail et de ne pas trop penser à ces choses-là, qui sont hors de mon contrôle. »

Au sujet du départ de Tereza Vanisova, Dempsey a avoué qu’il s’agissait d’un « choc ». « Ils ont rendu ça très clair que c’est un business, un travail. En tant que joueuse, tu n’as plus vraiment de choix ou de mot à dire, désormais. »

Après « Pou », voici « Bou »

Il y a « Pou », pour Marie-Philip Poulin, et il y a aussi maintenant « Bou », pour Amanda Boulier.

S’il y en a une qui peut parler de la nouvelle réalité des échanges, c’est bien Boulier, qui a vécu dans un « tourbillon » au cours des 72 dernières heures.

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Amanda Boulier (28)

« Toutes les fois que quelqu’un se fait échanger, c’est un peu une surprise », a laissé tomber la défenseuse après son premier entraînement avec sa nouvelle équipe. « J’ai reçu un appel du directeur général [d’Ottawa], il était très cordial. Évidemment, je comprends. C’est la nature du sport professionnel. »

Si elle a avoué ne pas connaître grand-chose au sujet de Montréal, l’Américaine de 33 ans a indiqué que « jusqu’à maintenant, tout le monde a pris soin » d’elle. « Tout le monde est tellement accueillant, gentil. J’ai reçu une tonne de messages hier de la part de l’équipe pour savoir si j’avais besoin d’aide pour m’installer. »

« Je suis très chanceuse parce que je n’ai pas eu à amener mon véhicule à l’autre bout du pays ou aller au Minnesota. C’étaient deux heures de route ce matin, alors cette partie-là était vraiment bien. »

Au sujet de Boulier, Danièle Sauvageau a parlé d’une défenseuse « qui joue bien dans sa zone » et « capable de jouer dans les espaces restreints ». « Amanda apporte aussi une certaine expérience. Je regarde le groupe de défenseuses que nous avons. On en a maintenant huit. On est capables physiquement et tactiquement de fermer [la porte à] l’adversaire. »

L’entraîneuse-chef Kori Cheverie semblait très emballée par sa première rencontre avec la défenseuse, après l’entraînement. « Nous avons déjà eu plusieurs bonnes conversations, et je ne l’ai seulement côtoyée que quelques heures, alors je pense qu’elle va bien s’intégrer ici. »

Questionnée à savoir si la taille de Boulier, à 5 pi 1 po, pouvait être un problème, Cheverie a été très claire : « non ».

Poulin au jour le jour, Bettez à long terme

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Marie-Philip Poulin

On ignore encore si Marie-Philip Poulin pourra jouer le match de dimanche. La capitaine, qui a raté les deux dernières rencontres, a patiné pendant une cinquantaine de minutes avant que l’équipe ne saute sur la patinoire, mercredi matin. « Elle est en super bonne progression, a dit Danièle Sauvageau. Elle était dans le gym avant d’aller sur la glace. Ça va super bien présentement, mais on continue à suivre ça de manière quotidienne. Je pense que vous avez vu comme moi que ça se passe bien. » Quant à Ann-Sophie Bettez, elle a été placée sur la liste des blessées à long terme, c’est-à-dire qu’elle ne reviendra pas avant au moins 21 jours.