(Vancouver) Nous voici en pleine saison des votes pour le trophée Bill-Masterton. Les journalistes à l’écrit qui couvrent la LNH doivent actuellement voter afin d’élire un représentant par équipe, qui sera candidat pour le trophée qui récompense « les qualités de persévérance, d’esprit sportif et de dévouement pour son sport ».

On devine que Noah Juulsen recevra des votes lorsque les journalistes affectés à la couverture des Canucks tiendront leur scrutin.

L’ancien des choix de 1er tour du Canadien reviendra au jeu jeudi soir, contre son ancienne équipe, justement, après deux matchs passés dans les gradins. Il s’agira de son 51match de la saison, de loin un sommet personnel. D’où sa pertinence pour le Masterton.

Au camp d’entraînement, le défenseur a réussi ce qui aurait paru impossible il y a quatre ans : se tailler un poste dans la LNH. Au moment où la pandémie éclatait, de tenaces migraines, liées à deux rondelles au visage reçues dans un même match, le 19 novembre 2018, le tourmentaient. Ainsi, il a été limité à 13 matchs en 2019-2020, puis à 18 la saison suivante.

Ces années ont été difficiles moralement. « Je ne sentais plus que j’aimais le hockey », avait-il confié à La Presse il y a deux ans. « J’ai été blessé longtemps et c’était dur physiquement et mentalement », a-t-il ajouté après l’entraînement de jeudi, devant un groupe de journalistes.

Ce qui lui a permis de s’accrocher au lieu de tout abandonner ? « J’adore le hockey, et je ne savais vraiment quoi d’autre j’aurais fait. Mais c’est aussi le temps passé à l’aréna tous les jours, avec les gars. Ç’a joué pour beaucoup. Il y a très peu d’emplois qui consistent à venir t’amuser avec une gang de gars. »

Le voici dans un rôle de défenseur de profondeur. Il est parfois laissé de côté, et lorsqu’il joue, c’est au sein d’un troisième duo, à hauteur de 14 min 49 s par match. Mais il reste que pour la première fois de sa carrière professionnelle, à 26 ans, bientôt 27 ans, il est resté en permanence dans la LNH sans passer par la Ligue américaine.

Le 17 février dernier, il marquait même un premier but avec les Canucks, 1930 jours après son but précédent dans le circuit, inscrit dans l’uniforme du CH.

Évidemment, c’était une bonne sensation, ça faisait longtemps. Mais vous m’avez vu jouer, vous savez que mon style n’est pas offensif. J’étais content de marquer malgré tout.

Noah Juulsen à propos de son premier but avec les Canucks

Dans le vestiaire du Canadien, Michael Pezzetta sympathise avec son ancien coéquipier du Rocket.

« Je suis content de le voir percer et passer une année complète dans la LNH, estime l’ailier chevelu. On a participé à plusieurs camps ensemble, puis il a été cédé à Laval. C’était bizarre, il jouait et il commençait à avoir ces problèmes de vision et de tête. Il avait l’air correct, mais il ne l’était pas. Je suis content qu’il ait trouvé son rythme. C’est tellement un bon gars et quand il jouait à Laval, il avait la bonne attitude et il était positif. On se texte encore de temps en temps. Quand j’ai été rappelé, il m’a texté et quand il a gagné son poste au camp, je lui ai envoyé un mot sur Instagram. »

Des Canucks qui ont rebondi

Juulsen apporte de la profondeur à une équipe méconnaissable par rapport à la saison dernière. Ils sont présentement en voie d’obtenir 112 points, ce qui serait près d’une trentaine de plus que leur total de l’an passé (83).

« Rick Tocchet est arrivé la saison dernière, il nous a tenus imputables et a créé un standard, a énuméré l’attaquant Brock Boeser, déjà auteurs de sommets personnels avec 36 buts et 66 points cette saison. À la fin de l’année, il a parlé à tout le monde pour qu’on travaille fort. Deux semaines avant le début du camp, tout le monde était arrivé en ville et ça a établi le standard. »

Qui sait si un long parcours en séries ne sourira pas à Juulsen ? Avec quatre défenseurs qui deviennent joueurs autonomes à la fin de la saison, dont Tyler Myers et Nikita Zadorov, il pourrait y avoir du mouvement à la ligne bleue des Canucks cet été. Une bonne fin de saison aidera Juulsen à se positionner pour l’an prochain.