Dire que la saison d’Anthony Duclair a pris un virage à 180 degrés relève de la litote.

Le 5 mars, il inscrivait deux buts et deux passes, mais comme il le faisait dans l’uniforme des Sharks de San José, sa soirée s’est quand même mal terminée. Les Sharks se sont inclinés 7-6 devant les Stars, dans ce qui était leur huitième défaite de suite.

Quatre jours plus tard, il s’offrait une récolte plus modeste : un but et une passe. Mais comme c’était avec un club digne de la LNH – le Lightning de Tampa Bay –, Duclair a eu droit à une fin de match heureuse, soit une victoire de 7-0. C’était le premier d’une série de cinq triomphes d’affilée.

Jeudi soir, Duclair était en action au Centre Bell, à l’occasion du duel Lightning-Canadien. Les Floridiens ont d’ailleurs signé leur 10victoire en 12 matchs depuis l’arrivée de Duclair à Tampa.

« C’est motivant. Tu arrives dans une organisation qui s’attend à gagner, qui veut gagner la Coupe chaque année, a noté Duclair, dans un point de presse en fin d’après-midi jeudi. C’est quand même facile d’être motivé chaque jour, à chaque entraînement. J’adore cet environnement. »

On peut comprendre Duclair d’être si pimpant. Échangé d’une équipe à l’autre depuis son arrivée dans la LNH, il avait enfin droit à un brin de stabilité chez les Panthers. La saison dernière était sa troisième en Floride, campagne qui s’est conclue tard en juin, en finale.

Sauf qu’au 1er juillet, les Panthers l’ont expédié dans le mouroir de la LNH, c’est-à-dire les Sharks. Cette équipe était attendue au plus bas cette saison et elle n’a pas déçu. Défaite à ses 11 premiers matchs de la saison, la voici au 32e et dernier rang du classement général.

« C’était quand même fou. Quand je me suis fait échanger à San José cet été, je savais quelle sorte de situation c’était. J’ai parlé à Mike Grier [le DG] et il m’a dit qu’ils m’ont amené pour aider les jeunes. Je pense que j’ai fait une bonne job de leader là-bas, assure Duclair. Ce sont des choses qui arrivent. Les équipes qui ont gagné ont vécu des années comme ça. Mais je suis un compétiteur, je veux me rendre en finale comme l’an passé. »

En bonne compagnie

Duclair a gagné à la loterie de la vie en se joignant à une équipe qui participera aux séries, mais il y a plus.

À mon premier match, je jouais avec [Anthony] Cirelli et [Steven] Stamkos. C’est pas pire. Ensuite, j’ai joué avec [Nikita] Kucherov et [Brayden] Point. C’est encore mieux. Il y a tellement de talent, de bons joueurs dans cette équipe, que peu importe où je joue, je serai correct. C’est très le fun depuis que je suis ici.

Anthony Duclair

Mercredi à Toronto, Duclair jouait encore avec Point et son ancien coéquipier des Remparts Kucherov. Il a obtenu une aide sur le but de Point, pour porter son total à 10 (5 buts, 5 passes) en 11 matchs. Il a toutefois été blanchi jeudi soir, à l’occasion de son 12e match avec le Lightning.

« J’ai eu un bon meeting avec Jon Cooper la veille du premier match, raconte le Québécois. Il m’a dit qu’ils me mettaient dans le top 6 en partant. Ils en avaient besoin depuis le début de la saison.

« Je n’avais aucune idée où j’allais être échangé et je ne pensais pas que Tampa serait une option, surtout après mes trois ans en Floride ! Mais avec mon chum [Matt] Dumba, un de mes meilleurs amis, on est arrivés et on s’est installés. Il y a beaucoup de bons gars dans ce vestiaire, beaucoup de bons vétérans. »

Martin St-Louis, qui connaît une chose ou deux sur le Lightning, ne tombe pas en bas de sa chaise en constatant les succès de Duclair.

« Je ne suis pas surpris que ce soit un bon fit. Il rentre dans une équipe qui joue beaucoup en possession de rondelle, je pense que c’est une des forces de Duclair, a analysé l’entraîneur-chef du Canadien, jeudi matin. Il a un bon tir, il joue avec d’excellents fabricants de jeux. C’est une grosse game collective, il arrive et il embarque. Ce n’est pas le premier joueur qui arrive à ce temps-là de l’année et qui fitte. Je ne dis pas que c’est facile, mais c’est un bon environnement pour des joueurs comme ça. »

Les acquisitions du Lightning des dernières années n’ont pas toutes connu le même succès à leur arrivée. Nick Paul, avec 14 points en 21 matchs en fin de saison 2021-2022, avait été un cas probant. « Ça prend un DG qui est capable de trouver les joueurs qui cadrent bien, a rappelé Cooper, en point de presse avant le match. Paul et Duke ont très bien cadré. »

Mais d’autres, comme Brandon Hagel (7 points en 22 matchs aussi en 2021-2022), Blake Coleman (une passe en neuf matchs en 2020) et Barclay Goodrow (deux passes en huit matchs en 2020) ont eu besoin d’une certaine période d’adaptation.

Sauf que Paul et Hagel ont terminé la saison en finale ; Coleman et Goodrow, avec la première de deux Coupes Stanley de suite. Au-delà des points, c’est surtout de cette façon que l’on mesurera l’impact des acquisitions de Duclair et de Dumba.