(Boston) Claude Julien, Kent Hughes et Mark Recchi. Ce sont les noms que nous donne, après une longue réflexion, Patrice Bergeron quand on lui demande quelles ont été les trois personnes à l’avoir le plus aidé, sur le plan du hockey, au cours de sa carrière.

Retour dans le temps en 2002, année où Bergeron fait son entrée dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ). À l’époque, c’est Philippe Lecavalier qui s’occupait des joueurs juniors de l’agence MFive Sports – la fusion avec Quartexx Management n’a eu lieu qu’en 2016 –, alors que Kent Hughes était responsable des joueurs de la Ligue nationale.

Le plan, c’était que [Philippe] s’occupe de moi pour plus qu’un an, mais j’ai été repêché cette année-là et j’ai fait l’équipe à Boston à 18 ans. C’est là que Kent m’a comme pris en charge. Des fois, la vie fait bien les choses : lui vivait à Boston et j’ai été repêché à Boston. C’est comme ça qu’il y a eu un lien plus fort.

Patrice Bergeron

Hughes et sa femme, Deena, l’invitaient souvent à souper à la maison. À titre indicatif, Jack, le plus jeune du couple Hughes, est né en novembre 2003, l’année de la première saison de Bergeron dans la Ligue nationale. Ce même Jack évolue aujourd’hui pour les Terriers de l’Université de Boston…

« Je connais ses enfants, je les ai vus grandir. […] Chaque année, j’allais faire l’Action de grâce américaine avec eux. C’était comme un groupe de Canadiens qui faisait l’Action de grâce américaine. C’était une tradition. J’étais seul au début, après avec ma conjointe, après avec mes enfants. »

Le jeune Patrice a eu de l’aide de Kent Hughes pour magasiner sa première voiture. « Je m’en souviens encore. On allait sur la Route 1, qui est pleine de concessionnaires automobiles. On avait essayé plusieurs autos. Après, je suis retourné manger chez eux. Je jouais au mini-hockey avec Riley, leur plus vieux. Ça fait longtemps ! »

Une chance que Kent et Deena parlaient français et m’aidaient. Kent était là pour m’aider, je sentais qu’il avait mes meilleurs intérêts à cœur. Ça a fait du bien.

Patrice Bergeron

Après tout, Bergeron n’avait que 18 ans quand il a été « projeté » dans ce nouveau monde d’adultes. « La vie va vite, tu es comme projeté à sauter des étapes plus rapidement parce que tu es jeune dans un monde d’adultes qui t’en met beaucoup sur les épaules, qui a beaucoup de demandes. Il y a une certaine pression, si on veut. […] C’est beaucoup de choses à gérer en même temps, mais j’ai été chanceux d’avoir un bon cercle. »

PHOTO IVANOH DEMERS, ARCHIVES LA PRESSE

Patrice Bergeron en décembre 2003 contre Craig Rivet (52) et José Théodore (60) du Canadien, à sa première saison dans la Ligue nationale.

Il nomme également Martin Lapointe, aujourd’hui directeur du recrutement amateur du Canadien, qui l’a accueilli chez lui à sa première saison. « Ç’a été une grande influence pour moi, dit-il. […] Il a eu un gros impact sur moi. »

« Vas-y à fond »

Patrice Bergeron se souvient très bien du moment où la possibilité de devenir directeur général du Canadien s’est présentée à Kent Hughes, il y a deux ans.

« Au début de tout, il m’avait dit qu’il avait été approché pour la job. Je disais : ah, c’est cool. Il avait l’air de dire : hmm, je ne pense pas, je ne suis pas sûr que c’est pour moi pour l’instant. Mais je sentais que ça le travaillait. Il m’a appelé quelques jours avant l’annonce en me disant : j’ai pris la décision, je vais y aller. »

Bergeron l’a encouragé, lui a dit qu’il était heureux pour lui. Et c’était très sincère.

« Je n’ai jamais pensé deux fois au fait que je perdais mon agent, ce que je ferais », continue-t-il.

« C’était plus par rapport à lui. C’est un défi, alors je lui disais : vas-y à fond. C’est gros ! Lui et sa femme viennent de Montréal. C’est quand même une affaire qui n’arrive pas deux fois. Je pense qu’il l’a dit lui-même, que c’est un peu les Yankees de New York du hockey, dans le sens où c’est la grosse franchise qui a le plus d’histoire et remporté le plus de coupes. C’est quand même quelque chose d’en être nommé le directeur général. »

— A-t-il essayé de te convaincre de venir à Montréal ?

— Il n’a pas essayé de me convaincre du tout.

— Il n’a même pas fait de blagues ?

— Non, même pas !

Deux ans plus tard, Bergeron est toujours en contact avec Hughes, qui demeure un bon ami, même s’il est « très occupé ». Il suit d’ailleurs l’actualité québécoise et celle du hockey en général, donc du Canadien.

« Pour vrai, je pense que ça va super bien, laisse-t-il entendre. Ça semble être un bon feedback des gens pour l’instant. Un bon fit. »

Du même coup, Bergeron ajoute qu’il connait aussi assez bien Jeff Gorton, qui était assistant au directeur général quand il a commencé sa carrière avec les Bruins.

« J’ai beaucoup de respect pour Jeff aussi et pour le travail qu’il a accompli à Boston, mais aussi à New York et maintenant pour le Canadien. »

Quand on lui fait remarquer ses nombreux liens avec le Tricolore, Bergeron rit avec sincérité. « Ouais ! C’est vrai en plus ! », s’exclame-t-il. Et quand on lui fait part de la surprise générale que créerait une association avec le CH, il rit de nouveau. « Ce n’est pas dans les plans du tout ! »