Comment aborder le nouvel entraîneur-chef de l'Armada de Blainville-Boisbriand, Jean-François Houle?

Se souvient-il de son interlocuteur, l'un des plus féroces critiques de son père Réjean, à l'époque où celui-ci occupait le poste de DG du Canadien?

Comment a-t-il vécu cette période houleuse au cours de laquelle on a accusé son paternel d'avoir fait reculer le Canadien de plusieurs années à la suite des échanges de Patrick Roy et Pierre Turgeon?

Réjean Houle a toujours encaissé les coups sans broncher, avec classe, sans manifester la moindre rancoeur, du moins publiquement. Son fils de 36 ans semble bâti du même moule. Il demeure fort sympathique, mais ça ne l'empêche pas de répondre avec franchise.

«Ç'a été difficile à vivre parce que ça touchait la famille, mais pas autant pour moi que pour ma soeur. Moi, je passais mes hivers aux États-Unis et on n'avait pas l'internet comme aujourd'hui...»

Jean-François Houle, qui a passé son enfance à côtoyer son père dans le vestiaire du Canadien à l'époque où ce dernier jouait, à s'amuser avec les enfants de Guy Lafleur et d'Yvon Lambert, à se faire enrubanner par Chris Nilan avant d'aboutir dans une poubelle, semble se distinguer de son père sous plusieurs aspects.

Le physique d'abord. Le fils n'est pas très grand, mais trapu, bâti comme un petit taureau. Il est sympathique, mais sérieux. Et, surprenant, il traîne un petit accent anglophone même si son français est impeccable.

On a accusé l'ancien président du Canadien, Ronald Corey, d'avoir embauché trois hommes sans expérience, Houle, Mario Tremblay et Yvan Cournoyer, pour assurer les destinées du Tricolore.

Le reproche ne pourra être fait au président de l'Armada, Joël Bouchard. Jean-François Houle a gagné ses galons un à un.

Après une saison dans le Midget AAA avec les Lions du Lac-Saint-Louis, ce jeune attaquant a opté pour la NCAA, même s'il a été repêché par les Tigres de Victoriaville.

«J'avais besoin d'être bien entouré sur le plan académique et je devais améliorer ma compréhension de l'anglais.»

Après quatre ans à Clarkson, où il était capitaine, il a entamé sa carrière chez les professionnels.

Repêché en quatrième ronde par le Canadien en 1993 par l'équipe de recruteurs de Serge Savard, Houle a tenté sa chance pendant quelques années au camp du Tricolore mais après un an dans la Ligue américaine et quatre dans la Ligue de la Côte est, il a réalisé que son rêve de jouer dans la LNH ne se matérialiserait pas.

«Je ne suis pas fou, je savais que je n'avais pas le niveau de Saku Koivu. Mais j'avais un diplôme en finances et des contacts à Clarkson.»

Il est devenu entraîneur-adjoint là-bas pendant sept ans.

«C'était logique parce que c'était un bon leader, un joueur aimé de tous et un grand travaillant, mentionne son ancien coéquipier Philippe Lecavalier, frère de Vincent, aujourd'hui agent de joueurs. Il était exemplaire. Il n'était pas déloyal, mais il frappait dur. Il n'était pas gros, mais son synchronisme était bon. C'était un joueur très intelligent.»

Il y a deux ans et demi, il a eu vent d'un changement derrière le banc des MAINEiacs de Lewiston, la seule équipe américaine de la LHJMQ. Il a offert ses services et obtenu le poste.

«C'était une équipe de dernière place qui a perdu 17 matchs de suite. Nous étions jeunes et ce ne fut pas évident. Mais ces jeunes ont progressé l'année suivante.»

Au printemps, les MAINEiacs ont surpris en séries éliminatoires. Ils ont éliminé le Junior de Montréal, pourtant largement favori. Joel Bouchard, qui était derrière le banc du Junior, a pris des notes.

«On a joué de façon robuste contre eux, dit Houle. On travaillait fort, on complétait nos mises en échec et on y croyait même si on ne les avait pas battus en saison régulière.»

L'équipe de Lewiston a été dissoute à la fin de la saison puis, quelques mois plus tard, l'entraîneur-chef du Junior, Pascal Vincent, a obtenu le poste d'adjoint chez les Jets de Winnipeg, dans la LNH.

La chimie s'est opéré lors des rencontres de Bouchard et Houle.

«Je suis un bon communicateur, à l'écoute de mes joueurs. Je n'avais pas le talent d'autres, mais je travaillais fort, c'est ce que j'essaie d'inculquer à mes joueurs. Il faut aussi être curieux et ouvert. Je cherche toujours à m'améliorer. Si on pense qu'on sait tout, on va être dans le pétrin. Quand je me suis assis avec Joël, on voulait tous les deux apprendre l'un de l'autre.»

Ses objectifs avec l'Armada, un club en reconstruction cette année? «On va avoir une meilleure équipe que ce que les gens pensent. Mais surtout, c'est plus important pour moi de former de bons êtres humains que des joueurs pour la LNH. J'espère que les joueurs retiendront des leçons de vie ici avec moi.»

Jean-François Houle dit s'inspirer de plusieurs entraîneurs, dont Jacques Lemaire, mais aussi de son père, dont il garde de précieux conseils.

«Je suis très proche de lui, on se parle souvent. Il m'a appris à persévérer. Et il faut savoir que les hauts ne sont pas si hauts et les bas pas si bas. Je me suis toujours fait dire aussi de ne pas lire les journaux... même quand ça va bien!»