On nous l'avait décrit comme un joueur salaud et pourtant, Alexei Emelin n'a récolté que 24 minutes de punition depuis le début de la saison.

Emelin se bâtit une réputation de gros cogneur à sa première campagne dans la LNH et cela commence à en déranger plusieurs. On a pu le voir, mardi à Tampa Bay, alors qu'il a carrément fait sortir Ryan Malone de ses gonds.

Ce dernier s'était permis une mise en échec par derrière aux dépens d'Emelin derrière le filet du Canadien. Mais le défenseur de 25 ans lui a redonné la monnaie de sa pièce au centre de la patinoire avec une mise en échec qui lui a valu une punition pour obstruction.

Guy Boucher a déploré après le match que le coup «extrêmement dangereux» avait été donné dans l'angle mort de Malone. Un coup, bref, correspondant davantage aux échos que l'on recevait jadis de Russie à propos d'Emelin.

Mais Randy Cunneyworth, lui, a plutôt jugé mercredi qu'il s'agissait d'un «coup sans grand danger de blessure, contrairement au coup précédent qui venait par derrière le long de la bande».

«Alexei n'est pas un joueur salaud, c'est un joueur qui frappe dur, a mentionné l'entraîneur du Canadien. Quand tu te permets de frapper un joueur par derrière, tu dois t'attendre à ce qu'il y ait une réplique.»

Malone n'a guère apprécié la réplique, et encore moins le fait qu'il ait refusé son invitation à se battre. Or, Emelin évite les combats depuis qu'il s'est fait poser des plaques de titane près d'un oeil, en 2009.

Cela aussi commence à faire partie de sa réputation.

N'est-ce pas là une limite certaine de l'intimidation dont Emelin pourra faire preuve au cours de sa carrière? a-t-on demandé à Cunneyworth.

«Ça lui donne probablement un avantage parce qu'il a une bonne raison de ne pas se battre, a plutôt suggéré l'entraîneur du Canadien. S'il frappe à tous les soirs mais qu'il ne se bat pas, ça va irriter de plus en plus d'adversaires. Ça fait de lui une sorte d'agitateur. Il ne le conçoit probablement pas ainsi, car il joue seulement le style physique qu'il connaît, mais il n'est pas là pour se battre.»

Emelin n'est certes pas le seul défenseur de la ligue à distribuer les grosses mises en échec sans pour autant laisser tomber les gants. Mais en étant deuxième chez les défenseurs du circuit avec 196 mises en échec, disons qu'il attire l'attention.



Robustesse d'équipe


Selon Cunneyworth, d'autres joueurs peuvent faire la sale besogne à la place d'Emelin. Le nouveau venu Brad Staubitz qui, en plus de jeter les gants face à Pierre-Cédric Labrie, mardi, s'est d'ailleurs mêlé depuis le banc des joueurs à l'altercation opposant Emelin à Malone.

«Ça fait partie de mon rôle de protéger mes coéquipiers et l'occasion s'est présentée dès mon premier match, a souligné Staubitz.

Ryan White et Travis Moen (présentement blessé) n'hésiteront pas non plus à venir défendre leurs coéquipiers. Aucun des trois n'est un dur à cuire, mais force est de constater que l'équipe a pris une tangente plus robuste sous Randy Cunneyworth.

«Une équipe gagne en cohésion quand des joueurs viennent en soutien à certaines actions posées sur la patinoire, a dit l'entraîneur. Et l'autre équipe comprend que des joueurs de cette nature vont régler des comptes ou ne laisseront pas certaines situations se dérouler sans réplique.

«Dans ce temps-là, ça rend tout le monde un peu plus brave et un peu plus physique. Aucun joueur ne l'admettra ouvertement, mais moi je suis en droit de le dire: ça crée une robustesse d'équipe. Ça ne doit pas être l'apanage d'un ou deux joueurs. Cette attitude doit venir de tout le monde.»