P.K. Subban est habitué de déranger et d'être au centre des conversations. Normalement, cela le laisse indifférent. Mais alors qu'il jette un regard sur sa saison, il admet que certaines critiques encaissées durant la campagne ont fini par peser lourd.

«J'ai le dos large et en général, je ne laisse pas les commentaires me déranger, a confié le défenseur de 22 ans à La Presse. Mais je dois admettre qu'une fois ou deux cette saison, certaines choses m'ont atteint. C'est comme quand on va jouer au "paint ball". Plusieurs balles vous ratent mais parfois, il y en a qui vous pincent et vous tachent.

«Des choses ont été dites, non pas à propos de mon jeu sur la patinoire, mais à propos de ma personnalité, a précisé Subban. On a dit de moi que j'étais égoïste et que je ne jouais pas pour l'équipe. Ça m'a ébranlé. Je n'ai pas de problème avec le fait d'être critiqué pour mon jeu. Je ne suis pas parfait et c'est correct. Mais quand il est question de qui je suis en tant qu'individu, je trouve ça injuste.

«Suis-je vraiment égoïste? Je ne crois pas. Je veux que l'équipe gagne, je joue pour mes coéquipiers et je les défends quand je dois le faire. Pourquoi disent-ils que je suis égoïste?»



Une pause pour faire le vide


Des épisodes comme le supposé crachat au visage de Michael Del Zotto, des Rangers de New York, illustrent à son avis le portrait déformé que les médias dépeignent de lui.

«Je n'ai jamais craché sur personne ! clame-t-il. Je connais Del Zotto, c'est un ami et nous avons le même agent. Ce n'est pas comme s'il s'était présenté devant les micros pour dire que je lui avais craché dessus. Ce sont les médias qui ont fabriqué ça.

«Ce sont les mêmes gens des médias nationaux qui parlaient de ma guigne de la deuxième année après seulement dix matchs cette saison, même si je n'avais joué qu'un seul match préparatoire.

«Après 10 matchs, je n'avais pas marqué une tonne de points et je n'avais pas marqué de but dramatique. Mais la réalité, c'est que mon jeu d'ensemble est bien meilleur qu'il ne l'était l'an dernier.»

D'aucuns identifient le match du 20 janvier, au cours duquel il s'est fait savonner par l'entraîneur-adjoint Randy Ladouceur, comme le moment pivot de sa saison. Mais Subban, lui, identifie la pause du match des Étoiles comme un moment salutaire.

«Je suis retourné à la maison pendant quatre jours pour voir mes parents et voir jouer mes frères, et je me suis dit que j'allais rabattre le caquet de tous ces gens qui, au lieu de rapporter des faits, les construisent carrément.

«J'ai voulu mettre ces critiques derrière moi et me concentrer à être un meilleur joueur. Et pour y arriver, je me suis préoccupé de mes coéquipiers et de ce qu'ils avaient à dire.»

Quand il joue bien...

Subban a récolté neuf points au cours des neuf dernières rencontres et a joué plus de 28 minutes dans chacun des trois derniers matchs. Un regain de vie de l'avantage numérique - qui a récemment marqué sept buts en 17 occasions avant d'être réduit au silence pendant quatre matchs - a aidé à redorer son blason statistique.

«Si notre supériorité numérique avait produit parmi le premier tiers de la ligue cette saison, ç'aurait peut-être été la différence entre une saison d'une trentaine de points pour moi et une saison d'une cinquantaine, a-t-il observé.

«L'an dernier, nous comptions sur James Wisniewski sur l'attaque à cinq. Ce n'est rien contre Tomas Kaberle, qui a beaucoup d'expérience et qui a connu beaucoup de succès dans la ligue, mais il y avait cette chimie l'an dernier avec Wisniewski. Ça cliquait.»

Subban appréciait entre autres le fait que le Wiz soit droitier. Lorsqu'il ne tirait pas lui-même, ses passes à Subban facilitaient le lancer sur réception.

«Mais maintenant, de voir arriver un joueur étoile et un olympien comme Andrei Markov, on se moque qu'il soit gaucher ou droitier. On sait que la passe sera au bon endroit.»

On voit bien que Subban ne manque pas de confiance en lui. Son style frondeur continuera d'en agacer certains. Mais en autant qu'il s'applique à devenir meilleur, tout ira bien.

«Les critiques semblent s'être calmées à mesure que la saison a avancé, observe-t-il. Mon jeu doit y être pour quelque chose. Quand je joue bien, personne ne dit un mot...»