La plupart des amateurs de hockey de la génération Ramdam ont collectionné les produits de base de McDonald’s et Tim Hortons. Or, le marché des cartes est maintenant beaucoup plus sérieux.

Cependant, tout le monde ou presque a le même antécédent. Un paquet de cartes de hockey accompagnant un joyeux festin ou le café de son père un matin de match. Encore de nos jours, ces chaînes de restauration rapide font la promotion des cartes à collectionner.

« De voir [Sidney] Crosby et [Nathan] MacKinnon à la télé et sur les panneaux d’autoroute qui ouvrent des cartes, ça donne le goût aux plus jeunes d’entrer là-dedans », soutient le collectionneur Greg Lanctôt.

Comme les collectionneurs, le marché a grandi. Et il est devenu mature. Pas comme celui du basketball, du baseball et du football aux États-Unis, mais on s’en rapproche.

« Il y a un engouement autour des performances. Ça me rassure que le marché soit maintenant basé sur ça, explique l’animateur de Show de cartes. [Quinton] Byfield ne montait pas depuis deux ans. Là, ses performances s’améliorent et sa valeur aussi. Au début de la saison, le marché pour Jack Hughes a explosé, parce qu’il était le premier compteur de la LNH. J’ai fait de l’argent avec une carte de Hughes. Je ne voulais pas la vendre, mais le marché est tellement devenu haut que je n’avais pas le choix. »

Essor pandémique

Comme bien des secteurs, la pandémie a été profitable pour l’industrie des cartes. Le ski de fond, le vélo et les jeux de société en sont des exemples. « Il y a beaucoup d’argent qui est sorti de nulle part pendant la pandémie, lance Antoine Carrier. Les gens avaient de l’argent, ils étaient pris chez eux, tout était fermé et ils se sont mis à investir dans les cartes de hockey. »

Aujourd’hui, « c’est un marché qui est plus axé sur l’investissement », ajoute-t-il.

D’ailleurs, l’arrivée d’influenceurs dans le monde des cartes pendant cette période, comme GaryVee aux États-Unis et Olivier Primeau au Québec, a certainement servi la cause de l’industrie.

Dans les grands congrès, des millions de dollars sont distribués, échangés et négociés au cours d’une journée. Comme des banquiers sur Wall Street lorsqu’une action bondit ou dégringole.

Un pari plus ou moins risqué

Il reste que la demande est si forte que le prix d’achat a aussi suivi une tendance à la hausse, rapportent les collectionneurs.

Il y aura toujours des paquets ou des boîtes de cartes à prix modique offertes, mais y mettre quelques dizaines de dollars revient à les envoyer aux ordures, car jamais une carte de ces collections de base n’aura une valeur supérieure à l’investissement initial.

Alors il faut creuser. Aller dans les magasins spécialisés ou des évènements sérieux et ne pas avoir peur d’y laisser une partie de sa paie pour espérer faire du profit à court, moyen et long terme.

Chaque fois que tu ouvres une boîte, c’est très risqué. Dès que tu commences à ouvrir une boîte, il n’y a plus rien de certain dans ton investissement. Tu peux quadrupler ton investissement, ou tout perdre. Et les chances sont beaucoup plus grandes que tu perdes.

Greg Lanctôt

Cependant, il y a toujours moyen de limiter ses pertes, tient à préciser Alex Ruest. « Quand tu ouvres des boîtes, elles sont souvent dispendieuses. Donc, acheter une boîte à 100 $ au lieu de payer une boîte à 1000 $, c’est moins risqué, mais tu peux obtenir une grosse carte quand même. Il y a plein d’options. Et si tu perds, tu limites tes pertes un peu. »

Pour Antoine Carrier, qui gagne sa vie avec les cartes de hockey, c’est presque mathématique. « La boîte est 1000 $. Dès que tu la payes, tu es -1000. Donc après, tu veux rentabiliser ton achat avec ce qu’il y a dans ta boîte. Mais parfois, tu peux avoir une boîte avec juste 200 $ de valeur. »

Pour le plaisir

Il faut être au centre d’une discussion entre trois passionnés pour comprendre que ce genre de paris, ou de risques, ne sont pas pris dans une intention purement pécuniaire.

La notion de plaisir est au centre de tous les achats faits par ces mordus.

Le plaisir de jaser, d’échanger et de débattre sur des cartes vaut pratiquement le prix d’une boîte à lui seul.

Antoine Carrier est un amoureux fou de Carey Price. Presque toute sa collection personnelle est axée autour de l’ancien gardien du Canadien de Montréal. C’est pourquoi il la conserve dans un coffre à sécurité maximale.

Il faut voir les yeux d’Alex Ruest lorsqu’il présente sa collection de Cale Makar à ses camarades alors qu’il la sort de sa boîte coussinée.

Ou encore l’étonnement dans le visage d’Alex Ruest et d’Antoine Carrier lorsque Greg Lanctôt présente une carte de Brandt Clarke, jeune défenseur des Kings de Los Angeles, et qu’il empile sept déclinaisons de la même carte sur la table de bois.

Pour eux, ce sont beaucoup plus que de simples bouts de carton.