Le marché américain des cartes sportives valait 4,7 milliards de dollars en 2019 selon les données trouvées sur divers sites économiques spécialisés. D’ici 2027, ces mêmes experts prévoient une hausse de 58 milliards de dollars tellement la circulation et la distribution de cartes s’intensifient.

Le Québec est lui aussi en train de participer à la croissance du marché, notamment par l’entremise des cartes de hockey. D’ailleurs, plusieurs amateurs ont commencé à s’y intéresser pendant la pandémie, au moment où l’industrie connaissait une expansion extraordinaire.

Pour tenter de comprendre la folie entourant ce qui demeure des photos d’athlètes sur des morceaux de carton, La Presse a réuni trois collectionneurs. Alex Ruest, Greg Lanctôt et Antoine Carrier sont tous de véritables mordus, à différentes échelles.

Le premier est représentant des ventes et collectionne les cartes de hockey durant ses temps libres. Le deuxième est animateur et réalisateur radio et se consacre aux cartes de hockey à temps partiel par l’entremise, notamment, de son émission balado Show de cartes. Le troisième travaille dans l’industrie à temps plein avec sa société CF31, qui déballe, collectionne et vend des cartes de hockey sur différentes plateformes. Ses abonnés se comptent par dizaines de milliers sur les réseaux sociaux.

Alex Ruest, Greg Lanctôt et Antoine Carrier ont deux choses en commun : ils ont démarré leur carrière de collectionneur sans aucune intention et ils sont relativement nouveaux dans l’industrie.

Le plus expérimenté est Antoine Carrier, qui a commencé en 2020.

En fait, l’histoire de la majorité des collectionneurs est la même. En entrant dans un magasin spécialisé avec un ami et en achetant une boîte d’une valeur plus ou moins considérable, ils sont tombés par hasard sur une carte ayant de la valeur. Et comme un chercheur trouvant une pépite dans une mine, ils se sont mis à creuser davantage.

« Mon ami m’a dit qu’on allait acheter des cartes, se souvient Alex Ruest. J’ai ouvert huit paquets chez Stakk à Saint-Eustache. Et j’ai trouvé une carte Canvas de Cale Makar et une Jack Hughes Young Guns. Mon chum a sacré ! J’ai dit : “Quoi ?” Et il a dit que c’était une c****e de bonne carte ! »

Chaque collectionneur se souvient de sa première trouvaille. Pour Antoine Carrier, c’était Elias Pettersson. Pour Greg Lanctôt, c’était Serena Williams.

Gros profits

Aujourd’hui, ces connaisseurs aguerris peuvent se vanter de générer des dizaines de milliers de dollars de profits annuellement grâce aux cartes de hockey.

Et les entendre échanger entre eux sur les nouveautés, les tendances et leurs meilleurs coups est une forme de poésie. Pour un néophyte, c’est à la fois intrigant, impressionnant et un peu déroutant.

Néanmoins, les trois attestent que tout le monde peut plonger dans le marché des cartes sportives, car n’importe qui peut y trouver son compte, sans nécessairement être un grand connaisseur ou l’héritier d’un monarque européen.

[Mais] tu devrais t’informer avant d’acheter une carte. C’est la base. Trouver un magasin dans lequel tu peux avoir confiance. Aller vers des sports et des athlètes que tu connais et en lesquels tu crois.

Greg Lanctôt

Le marché est en plein essor et il faut être prudent. C’est possible de se faire un beau paquet de fric en ouvrant et en échangeant des cartes, un peu comme avec un portefeuille d’actions, mais il faut toutefois demeurer prudent, avertit Greg Lanctôt.

« C’est sûr qu’au début, sortir 1500 $ pour une carte, c’est difficile, parce que tu te mets à penser et que c’est l’équivalent d’un voyage ou d’un abonnement à un club de golf. »

Mais comme le répète Alex Ruest, « tout le monde a commencé avec rien ». Dorénavant, moins de quatre ans après avoir investi temps et argent, ces trois passionnés sont devenus des références.

À différentes échelles

Comme en finance, le langage propre au monde des cartes de hockey est très spécifique et surtout niché.

La très grande majorité des cartes sont produites par l’entreprise Upper Deck. Puis, la société possédant la licence détient différentes collections. Le but de chaque collectionneur est de trouver la carte recrue d’un joueur, car c’est ce qui a le plus de valeur. Ensuite, l’objectif est d’avoir en sa possession la triade parfaite. Le podium. Les pierres de l’infini des cartes recrues, c’est-à-dire la Young Guns, la Future Watch et la The Cup. Trois cartes spéciales de trois collections différentes qui représentent le Saint-Graal du collectionneur.

IMAGE TIRÉE DU SITE DE CREASE COLLECTOR

Carte recrue de Connor McDavid

Pour la référence, une des 97 cartes neuves The Cup de Connor McDavid vaut actuellement près de 250 000 $, selon les experts rencontrés.

Ensuite, trois éléments prévalent pour augmenter la valeur d’une carte. La signature du joueur apposée sur la carte, un morceau de chandail porté par l’athlète en plein match inséré dans la carte et la rareté de l’objet. Par exemple, chaque carte The Cup est produite à seulement 99 exemplaires dans le monde.

Actuellement, l’une des cartes les plus attendues est la carte recrue de Connor Bedard détaillée à un seul exemplaire. Sa valeur est estimée à 3,5 millions de dollars américains sur le marché.

La trouver serait l’équivalent de gagner à la loterie.