Les francophones choisis au premier rang au repêchage de la LNH ne sont pas légion.

Il y a eu le gardien Marc-André Fleury en 2003. Vincent Lecavalier en 1998. Alexandre Daigle cinq ans plus tôt. Pierre Turgeon en 1987. Mario Lemieux en 1984.

Sean Couturier, des Voltigeurs de Drummondville, pourrait être le prochain. C'est ce que prédisent un nombre grandissant d'observateurs, qui le comparent à Eric Staal.

Le défi demeurera pour lui de ne pas se laisser distraire par l'engouement qu'il suscitera partout où il passera à l'hiver. La direction des Voltigeurs, comme l'entourage du jeune homme, le comprend bien.

«Il est déjà très médiatisé, admet le directeur général de l'équipe, Dominic Ricard. Il ne joue pas encore et malgré tout, il est très sollicité. On lui demande de venir signer des autographes dans un magasin, TSN veut l'interviewer, RDS, ce n'est pas toujours grand-chose, mais c'est continuel. On a décidé d'envoyer toutes les demandes médiatiques à son agent Gilles Lupien. À moins que ça ne soit des demandes liées à son quotidien de joueur des Voltigeurs. Sean n'est pas du genre à se laisser déconcentrer par ce type d'attention, mais on veut quand même lui permettre de vivre son trip junior. Il est déjà comme ça, il aime être avec les gars et jouer au hockey. On ne veut pas que ça change. C'est à nous de le protéger pour qu'il vive ce qu'il a à vivre.»

Ricard et ses hommes commencent à avoir de l'expérience en la matière. Derick Brassard a été repêché au sixième rang en 2006, Guillaume Latendresse en deuxième ronde par le Canadien en 2005 (on prédisait qu'il allait être choisi plus tôt) et Dimitry Kulikov a constitué le premier choix des Panthers de la Floride en 2009.

«On a appris à gérer les distractions, répond Ricard. Dans le cas de Sean, on vient d'embaucher une firme de communications qui va nous aider, Sean et nous, à gérer les différents dossiers. Il y a quelques années, Guillaume Latendresse s'est retrouvé avec des photos torse nu dans un magazine et nous n'étions pas au courant du tout. Les photos avaient été prises dans le vestiaire. On avait perdu le contrôle. On veut aussi que Sean soit bien outillé pour répondre de la bonne façon aux journalistes. De nos jours, les gars ont tous un téléphone cellulaire ou ils sont sur Facebook, ils sont beaucoup plus faciles à joindre, il faut être mieux préparé aux nombreuses demandes.»

En quoi Sean Couturier, dont le père, Sylvain, a joué pour l'organisation des Kings de Los Angeles et occupe actuellement le poste de directeur général du Titan de l'Acadie-Bathurst, est-il si attrayant pour les clubs de la LNH?

«Le talent est évident, dit Ricard. C'est un gars de 6'4 qui a de bonnes mains, un tir solide, qui est capable de passer la rondelle et qui est très fort physiquement, mais en plus, son intelligence et sa force de caractère lui permettent de dominer. Il excelle sous pression et c'est aussi un individu modèle à l'extérieur de la glace, concentré et très bon étudiant, très bien organisé.»

Sean Couturier, qui a remporté l'an dernier le championnat des compteurs de la LHJMQ à seulement 17 ans avec 96 points (autant que Nicolas Deschamps, mais avec deux buts de plus), se remet actuellement d'une mononucléose, mais il pourrait être prêt pour le début de la saison des Voltigeurs, vendredi.

«Il vient de passer une échographie de la rate qui confirme qu'il est presque totalement rétabli. Il s'entraîne sans contact depuis 10 jours et il a de l'énergie, mais il ne pourra recevoir de coups tant que sa rate n'aura pas complètement désenflé. La mononucléose provoque une enflure de la rate et il y a un danger lors des contacts parce qu'elle peut éclater. On verra s'il pourra jouer vendredi.»

Le DG des Voltigeurs affirme que Couturier n'a pas succombé à un excès de fatigue provoqué par un horaire trop chargé. «Ce n'est pas ce que le médecin nous a dit. Il y a un joueur ou deux qui présentaient des symptômes lors du camp de l'équipe canadienne junior où se trouvait Sean il y a quelques semaines et il a pu être contaminé par la salive en buvant dans la même bouteille d'eau.»

À quel point Dominic Ricard souhaite-t-il voir son joueur repêché au premier rang? «Il va être repêché où il le mérite. Et Sean ne contrôle pas tout. Il y a d'autres bons joueurs. J'ai vu jouer le défenseur suédois Adam Larsson et lui aussi sera dominant. Qu'il soit repêché premier, deuxième ou troisième, il connaîtra une grande carrière. Pour notre équipe, c'est une expérience enrichissante. Le succès de nos anciens joueurs fait grandir une organisation.

« Daniel Doré a été le joueur des Voltigeurs repêché le plus tôt, au cinquième rang par les Nordiques en 1988. Derick Brassard a été choisi au sixième rang en 2006. Guy Boucher vient d'être nommé entraîneur du Lightning. C'est très valorisant.»