Sur le coup, le commentaire a peut-être semblé anodin. Drôle, même. Ça s'est passé après la rencontre de jeudi soir face aux Panthers de la Floride. Jaroslav Halak venait de voler le match. Un autre. À la télé, Michael Cammalleri semblait de bien belle humeur. «On s'attend à ce qu'il soit parfait comme ça tous les soirs!» a-t-il blagué à propos de Halak.

J'ai trouvé ça comique, moi aussi. Du grand Cammalleri, toujours le sourire accroché au visage. C'est clair que c'était une blague, une boutade pour les caméras, mais je me suis quand même posé la question: et s'il y avait un soupçon de vérité derrière la blague?

On n'en sort pas, mesdames et messieurs. En fait, ce sont les chiffres qui le disent. Quand c'est Halak devant le filet, le CH gagne. Aussi simple que ça. Depuis le début de la saison, la fiche du gardien slovaque (12-6) est pas mal meilleure que celle du Sauveur (10-15-3), même si c'est le Sauveur qui obtient la majorité des départs.

Vous le savez sans doute, on chuchote que les gars du CH se forcent un peu plus quand c'est Halak devant le filet. J'ai un peu de misère avec ça. C'est la LNH, pas la ligue de garage du bureau. Ces gars-là sont des pros. Ils sont fiers (la plupart, en tout cas). Croyez-vous honnêtement qu'ils décident de leur niveau d'intensité selon le gardien derrière eux?

Sauf qu'il y a une nuance importante à apporter. Dans un vestiaire, la notion de respect, ça existe. Du respect, ça se gagne. Ça se mérite. C'est peut-être ce petit détail qui échappe à Carey Price.

Price n'a plus 18 ans. Il n'est plus une recrue. Il devrait savoir que chez les pros, il y a des choses qui ne se font pas. Lever les bras en l'air après un but pour blâmer un coéquipier, par exemple. Regarder un défenseur d'un air arrogant après avoir accordé un autre but. Péter des coches (et des bâtons) dans le vestiaire pour n'importe quoi.

Ce n'est rien de grave, tout ça. C'est juste qu'à la longue, ça finit par tomber sur les nerfs de tout le monde.

Un collègue m'a déjà raconté que l'an dernier, certains joueurs du CH avaient ironiquement surnommé Carey Price «Superstar». Ça vous donne une idée. Peut-être que ces joueurs trouvaient eux aussi que Price avait grimpé les échelons du vedettariat un peu trop vite, lui qui avait été choisi comme gardien partant au match des Étoiles sans trop le mériter, qui a fait la couverture du magazine de ESPN au même moment, on ne sait trop pourquoi.

Et n'oublions pas: cette saison, le jeune homme a été élu joueur du mois d'octobre chez le CH... après avoir récolté seulement deux victoires en sept départs!

Au fond, le problème avec Price, c'est qu'on lui a probablement remis les clefs du royaume un peu trop vite. Remarquez, ce n'est pas sa faute. Mais ce n'est pas non plus une raison pour se comporter en diva.

En attendant, le beau problème de Bob Gainey reste entier: on fait quoi avec Halak?

Je le répète, je pense que le Slovaque va être encore ici en avril. Dans ce dossier, la position de monsieur Bob est la bonne. Halak, il va le garder. À moins d'obtenir en retour un joueur qui peut aider le CH tout de suite. À moins de recevoir une offre qu'il ne peut refuser.

De toute façon, je vois mal comment le DG pourrait échanger celui qui est en train de sauver la saison de son club. Les Montréalais ont déjà incendié des voitures pour moins que ça...