L'un des plus importants acteurs de la croisade contre les coups à la tête, l'ancien hockeyeur Keith Primeau, est encouragé par l'ouverture d'esprit des dirigeants de la LNH et des 30 directeurs généraux.

Joint hier par La Presse, Primeau croit fermement qu'on adoptera une politique claire pour enrayer les coups à la tête, mais qu'il serait utopique de croire que les changements surviendront d'ici la fin de la saison. Un optimisme qui tranche avec son discours des dernières années.

 

«Même si les apparences laissent croire qu'ils ne sont pas préoccupés par la question, les dirigeants de la LNH sont très proactifs, je l'ai vraiment senti lorsque je me suis assis avec eux dans les bureaux de la Ligue nationale pour discuter de la question il y a quelques semaines», confie au bout du fil celui qui a dû mettre fin à sa carrière en raison de multiples commotions cérébrales, et qui souffre encore au quotidien de symptômes liés aux nombreux coups à la tête qu'il a reçus.

«Pour moi qui ai été obligé de prendre ma retraite en raison de commotions cérébrales, c'était une rencontre encourageante, poursuit-il. Ils savent qu'il doit y avoir des changements parce que c'est devenu un fardeau; c'est une partie dangereuse de notre sport et un nombre trop important de joueurs ratent des matchs à cause de tels coups à la tête. Le meeting des directeurs généraux qui a suivi a fait avancer davantage la cause.»

Primeau, qui a disputé 909 matchs dans la LNH, dont la majorité avec les Red Wings de Detroit et les Flyers de Philadelphie, a eu vent de la rumeur selon laquelle on tente de modifier les règlements dès cette année. Il préfère ne pas trop s'emballer. «Ça serait excitant et bienvenu, mais je ne crois pas qu'ils pourront bouger aussi rapidement parce qu'il leur faudrait trouver rapidement un consensus parmi 30 organisations. Ce n'est pas très plausible. Par contre, je suis convaincu qu'ils pourront instaurer une nouvelle réglementation à temps pour la prochaine saison. Et je suis convaincu que la définition du tolérable et de l'intolérable sera claire.»

En attendant, Primeau espère que l'on ne revoit pas de coups comme celui qu'a asséné Matt Cooke, des Penguins de Pittsburgh, à Marc Savard, des Bruins de Boston, il y a une dizaine de jours. «J'ai été surpris, très déçu et fâché par la décision de la LNH dans ce dossier. Je sais qu'ils ont voulu interpréter les règlements tels qu'ils sont actuellement, mais en faisant ça, ils laissent la porte ouverte à des coups semblables jusqu'à ce qu'on change les règlements.»

Même s'il est en croisade contre les coups violents à la tête qui peuvent provoquer des commotions cérébrales, Primeau estime qu'on devrait revenir à l'ancien règlement qui permettait aux redresseurs de torts de déclencher des combats sans subir de punition supplémentaire. Et ce, même si les bagarres comportent un risque important de commotion cérébrale.

«Je suis traditionnaliste. J'ai commencé à jouer au début des années 90 selon les vieux règlements et je savais que si je voulais jouer de façon robuste dans des amphithéâtres hostiles comme le Maple Leaf Gardens, le Chicago Stadium, le Forum de Montréal ou le Boston Garden, il y avait des chances qu'on me tienne responsable de mes actions sur la glace. Je n'ai plus ce sentiment aujourd'hui. Ç'a commencé avec les bâtons élevés, puis les coups à la tête. Il y a eu érosion du respect de l'adversaire depuis 15 ans. Le hockey est de moins en moins sécuritaire.

«Je sais qu'il y a un certain risque rattaché à notre métier et que les bagarres comportent un risque certain, poursuit-il. Mais j'acceptais les risques d'être blessé si je jetais les gants. Ce que je n'ai jamais accepté, c'est de recevoir un coup de coude, d'épaule ou de toute partie de l'anatomie sur ma tête alors que j'étais dans une position vulnérable. Il y a une différence.»