Dernier joueur du Canadien récipiendaire du trophée Hart, José Théodore a quitté Montréal par la porte d'en-arrière. Contre toute attente, après des années d'ennuis sur la glace et dans sa vie personnelle, le revoici à 33 ans au sommet de la Ligue nationale avec une séquence de 19 matchs sans défaite en temps rÉglementaire. Histoire d'un gardien qui revient de loin.

Dans un passé pas si lointain, José Théodore a remporté les trophées Hart et Vézina, en plus d'être nommé quatre fois le joueur de l'année chez le Canadien. Des exploits éclipsés par sa sortie de Montréal, en mars 2006, après une baisse de régime sur la patinoire et des ennuis hors glace impliquant des membres de sa famille.

 

Au Colorado, le gardien québécois a connu des moments difficiles qui ont permis à ses nombreux détracteurs de ternir ses exploits passés, de clamer haut et fort qu'il était fini et de prétendre qu'il n'a jamais mérité les millions et la gloire récoltés à Montréal.

Alors que tous croyaient ses jours de gloire relégués aux livres d'histoire, revoilà José Théodore au sommet de sa profession. Demain, il tentera de prolonger à 20 sa série de matchs sans défaite en temps réglementaire. Depuis le 1er janvier, sa fiche est la meilleure de la LNH: 18 victoires, 3 défaites, dont 2 en prolongation.

Malgré ses succès, José Théodore s'est bien gardé de triompher, cette semaine, lorsque La Presse l'a joint.

«Je ne suis plus au centre de l'attention médiatique et c'est correct ainsi, confie-t-il. Les choses vont bien, c'est clair. Je suis en forme, je joue bien, j'ai la confiance de mon entraîneur, et surtout celle de mes coéquipiers. C'est bien évident que je suis content, mais en même temps, je sais aussi que je ne peux pas me satisfaire de ce nous avons accompli jusqu'ici. C'est une belle séquence, oui, mais c'est ce qui s'en vient qui sera le plus important. En plus je ne voudrais quand même pas m'attirer un mauvais sort en accordant une grande entrevue.»

 

Le grand retour

La saison de José Théodore a pris un tournant pour le mieux le 13 janvier. Appelé à relever Michal Neuvirth en Floride, il a blanchi les Panthers pour permettre aux Capitals de revenir de l'arrière et de l'emporter en prolongation. Cette performance a forcé la main à son entraîneur-chef Bruce Boudreau. Une confiance que Théodore honore à grands coups de victoires depuis.

Malgré cette formidable séquence, ses détracteurs continuent de clamer qu'il est facile de gagner à Washington. Les Capitals dominent la LNH avec une moyenne de 3,86 buts par match. N'empêche que depuis le 1er janvier, son pourcentage d'arrêts est le quatrième de la Ligue (voir le tableau). Et qu'à ses 19 derniers matchs, Théodore a fait face huit fois à des barrages de 35 tirs et plus.

«Je ne vais certainement pas commencer à me plaindre, lance-t-il. J'aimerais seulement qu'on soit honnête dans les analyses. Je joue avec une très bonne équipe, c'est vrai. Nous avons les éléments pour aller loin en séries. C'est vrai aussi. Mais je crois que mes statistiques démontrent que je fais ma part. Je n'ai jamais empêché personne de me critiquer. Mais il me semble que ce pourrait être fait de façon équitable.»

Grâce notamment à son travail, les Capitals amélioreront sous peu des marques d'équipe pour les points récoltés en une saison (108) et les victoires (50) avec un gardien que presque tous les observateurs avaient oublié.

«Est-ce que je reviens de si loin? J'ai connu des séquences plus ordinaires, c'est vrai. J'ai même connu une très mauvaise saison (2006-2007) au Colorado, où j'ai perdu le poste de numéro un à Peter Budaj, mais pour le reste, j'ai toujours assumé un rôle de numéro un. J'ai été joueur de l'année quatre ans de suite à Montréal. J'ai dû faire quelque chose pour mériter ça. J'ai gagné des rondes de séries à Montréal et au Colorado. Ce n'est pas comme si j'avais arrêté de jouer.»

Cela dit, José Théodore sait que le vrai test approche. Et que c'est une fois en séries qu'il sera jugé. En les attendant, ses détracteurs se font un malin plaisir à rappeler qu'il n'a jamais franchi la deuxième ronde en carrière. Une donnée à laquelle il faut toutefois ajouter un bémol.

En 2002 et 2004, le Canadien et Théodore ont éliminé les Bruins de Boston, qui avaient terminé aux premier et deuxième rangs de l'Association. Ils ont perdu deux fois en deuxième ronde, contre les Hurricanes, finalistes, et contre le Lightning, qui a gagné la Coupe Stanley.

En 2006 au Colorado, fraîchement revenu de la blessure à un pied subie pendant la saison à Montréal, Théodore et l'Avalanche ont éliminé Dallas même si les Stars étaient largement favoris... avant d'être éliminés en quatre matchs par les Ducks. Au printemps 2008, l'Avalanche a surpris le Minnesota en première ronde, avant d'être chassé en quatre matchs par Detroit, qui était en route vers une autre Coupe Stanley.

Cette année, José Théodore amorcera les séries à titre de favori et non de négligé. Une victoire en première ronde ne suffira pas. Il le sait très bien. Et il est prêt à faire face au défi.

Pas mal pour un gars qu'on disait fini...

DEPUIS LE 1ER JANVIER

VICTOIRES

JOSÉ THÉODORE CAPITALS 18

JONATHAN QUICK KINGS 18

SIX À ÉGALITÉ AVEC 17

POURCENTAGE DE VICTOIRES

JOSÉ THÉODORE CAPITALS 86%

BRIAN ELLIOTT SÉNATEURS 67%

JONATHAN QUICK KINGS 64%

ILYA BRYZGALOV COYOTES 63%

ROBERTO LUONGO CANUCKS 63%

POURCENTAGE D'ARRÊTS

TOMAS VOKOUN PANTHERS 93,5%

CRAIG ANDERSON AVALANCHE 92,6%

JAROSLAV HALAK CANADIEN 92,5%

JOSÉ THÉODORE CAPITALS 92,5%

RYAN MILLER SABRES S 92,4%